Fredy Mathe, bonjour. Peu de gens me connaissent depuis dix-huit ans que nous avons commencé ce combat avec mon frère Jean Claude Béri à Lyon. Tout a commencé à Lyon avec la RESCO.
Pour accuser quelqu'un de complicité avec un système qu'il combat depuis dix-huit ans, il faut vraiment détenir des preuves solides. Proposer l'idée d'une transition après Sassou au lieu de se précipiter dans une nouvelle élection qui consacrera la poursuite du règne du PCT, n'est pas une collusion avec le régime des crocodiles de l'Alima. Ne vaut-il pas mieux faire comme les Burkinabés en prenant le temps d'une transition qui aurait pour mission de créer les conditions d'une élection présidentielle libre, transparente et plurielle ? C'est la voie choisie par le Burkina-Faso. Les Burkinabés auraient pu, après Blaise Compaoré, respecter la constitution en laissant le président du sénat, un proche de Compaoré, diriger le pays et organiser les élections dans le délai légal prévu par la loi. Ils ne l'ont pas fait. Compaoré parti, ils ont pris le temps de suspendre la constitution pour un nettoyage transitionnel.
Le départ d'un dictateur ou d'un chef d'Etat ne signifie pas la mort de son système qui tient souvent tous les rouages d'un pays : politiques, économiques, sociaux, culturels, médiatiques, etc. Denis Sassou Nguesso lui-même a pris cinq ans de transition pour nettoyer le système laissé par Pascal Lissouba : il fallait nettoyer l'armée, la police, la gendarmerie, la fonction publique, les ambassades, l'assemblée nationale, le sénat, les directions, etc, des personnalités laissées par l'ancien régime. Sassou a pris le temps au cours d'une transition flexible. Nous ne demandons que trois ans et nombreux partagent notre avis.
LA TRANSITION SE DEROULERA SANS SASSOU ET APRES SON MANDAT. Posez-vous cette question : Y aura-t-il des élections en 2016 ? POUR MA PART, JE FAIS MAINTENANT L'HYPOTHESE DE REPONDRE : NON. Organiser des élections en 2016 signifierait que Denis Sassou Nguesso accepte de respecter la Constitution du 20 janvier 2002. OR, IL VEUT L'ASSASSINER ! Par conséquent, cet homme n'a pas envie d'organiser des élections pour que quelqu'un d'autre prenne sa place. S'il réussit son putsch constitutionnel, il mettra en place une transition d'une autre nature, celle dont vous faites allusion certainement.
Tout le monde semble oublier que Denis Sassou Nguesso n'a pas pris le pouvoir démocratiquement mais par les armes et c'est ce qui compte - car le reste ne relève que de mécanismes subtils pour conserver le pouvoir. Il est donc nécessaire qu'après cette parenthèse dictatoriale, quand il aura fini son mandat, qu'on instaure une transition suspensive (de la constitution) - comme l'a fait le Burkina-Faso - pour mettre à plat le système afin que nous ayons un président légitime. Ce dernier aura vocation de par sa légitimité à poser la question de l'adaptation de la constitution du 20 janvier 2002 dont une bonne révision suffirait pour l'adapter. C'est notre point de vue partagé par de nombreuses personnalités.
IL FAUT JUSTE DISTINGUER LA TRANSITION AVEC SASSOU (CELLE QUE VEUT LE PCT POUR ATTENDRE QUE LA DROITE REPRENNE LE POUVOIR EN FRANCE) ET LA NOTRE QUI INSISTE SUR LA NON ORGANISATION DES ELECTIONS EN 2016 POUR EVITER DE PROLONGER ARBITRAIREMENT LE REGNE DU PCT. J'espère que je suis encore un peu pédagogue pour me faire comprendre clairement, mon cher, Fredy Mathe..