Réponse au Ministre Thierry Lézin-Moungalla : « Le Congo que j’aime ne vous ressemble pas »
En ces jours de lutte pour les libertés fondamentales au Congo, qui suscite beaucoup de tensions, les propos du Ministre TLM bafouant la liberté d’expression numérique peut paraître anecdotique. Qui plus est il est Ministre des Postes et télécommunications. Ce qui aurait logiquement fait de lui le « défenseur » de la presse numérique. Au regard des multiples tergiversations, ratés et la lenteur due principalement à son incohérence politique à l’implantation de la fibre optique dans notre pays, il est facilement compréhensible qu’il soit répulsif à l’importance de l’internet pour le développement. Doit-on rappeler à TLM que les conditions d'accès à internet sont catastrophiques et les coûts des communications restent élevés, pourtant plusieurs milliards y sont déjà engloutis et pour quel résultat ? Reste que la guerre sur internet est déjà déclarée envers tous ceux qui refusent d'accepter la pensée unique menée tambours battant par le clan sassou une sorte de propagande politique mensongère dont TLM s’illustre à travers ce pamphlet résonnant comme un exutoire.
Lorsqu’un ministre du NTIC de la république déclare :
«…. Je voudrais, en deuxième lieu, relever que les sages ne sont pas moins légitimes que les personnes qui animent ce débat sur internet.Devant sa machine, toute seule, une personne forme un pseudo collectif des Congolais contre le changement de la constitution. En quoi une personne pareille est-elle plus légitime que les sages ou les notables d’un département ? J’aimerais que l’on m’explique la notion de légitimité dans ce cadre. J’ai toujours dit que la constitution n’est pas une bible. Mon pasteur, lorsqu’on lui demande la nature de son ministère, répond simplement que nous appliquons la Bible sans rien ajouter sans rien retirer. Il est le livre de la révélation, qui doit être conservé intact. La constitution, par contre, a été conçue par des hommes dans un contexte politique, social et économique précis. Ce qui a été fait par les hommes à cette époque, commandé par une circonstance politique majeure, peut être changé par les mêmes hommes….. » TLM (1)
Ces propos sont d’une mauvaise foi hallucinante et déconcertante.
Serait-ce pas ce même personnage qui a usé de ce même moyen de communication pour s’exprimer il n'y a pas si longtemps que ça ? N’a-t-il pas usé du même procédé pour vendre ses services douteux au clan sassou ? Si certains ont déjà oublié sa fourberie et sa trahison du journal Mwinda en tout cas pas nous. Seulement, à ce moment là internet est un bon outil de communication. Faut-il croire que la fonction du ministre lui aurait fait basculer dans une amnésie intellectuelle grave. Quelle hérésie de la part d’un homme de son rang (pourtant pas con comme beaucoup de ses pairs) que de verser dans un discours comparatif insidieux, pervers et intellectuellement disgraciant.
Serait-il opportun de rapporter à Mr MOUNGALLA que la Constitution de la République du Congo du 20 janvier 2002 ; Titre II : Des droits et des libertés fondamentaux en son article 19 stipule : « Tout citoyen a le droit d'exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, l'écrit, l'image ou tout autremoyen de communication. La liberté de l'information et de la communication est garantie. La censure est prohibée. L’accès aux sources d'information est libre. Tout citoyen à droit à l’information et à la communication. Les activités relatives à ces domaines s'exercent dans le respect de la loi » Ne serait pas là une légitimité ? Par contre peut-il nous indiquer quel article constitutionnel autorise les sages ou notable d’interférer dans le débat constitutionnel ? Leur pouvoir n’étant que consultatif au niveau local (famille, village, district...) et non national leur donnent-t-ils le droit d’être plus légitime que le peuple qui a voté la constitution. Ou encore les sages et les notables se substitueraient-ils au peuple ?
Ce Ministre ignore t-il
- « qu’internet contribue à une meilleure information des citoyens et à une plus grande transparence de l’action publique, par exemple par la diffusion d’informations administratives par le Net, de données publiques, des programmes politiques des partis...
- favorise une interaction plus grande entre les gouvernants et les gouvernés. Les courriers électroniques permettent de faire connaître aux élus les attentes et les réactions de leurs administrés. On peut imaginer qu’Internet pourrait être un outil pour participer au processus législatif par les forums ouverts…
- favorise par certains aspects les actions collectives permettant à des individus isolés, mais partageant les mêmes idées, d’entrer en contact et de se mobiliser.
- Internet pourrait compléter la démocratie représentative en corrigeant ses insuffisances par une dimension plus participative, sans en altérer les fondements. On pourrait envisager des votes électroniques déjà testés dans certains pays. » (2)
C’est à se demander si c’est ce ministre qui assume réellement les fonctions du Ministre des NTIC ?
Cette manipulation en cours consistant à vouloir sanctifier quelques vieux sages savamment choisis parmi tant d’autres et décrédibiliser les internautes Congolais qui participent au débat politique, surtout lorsqu'on est Ministre des NTIC, c'est faire preuve "aveuglement conceptuel archaïque". Doit-on rappeler au Ministre que 70% de la population congolaise est composée de jeunes de 20 à 40 ? Et ce sont ces jeunes qui s’expriment à travers ces réseaux sociaux. Ne pas percevoir l’apport percutant de la jeunesse congolaise dans le développement de la communication à travers les nouveaux outils en vogue relève d’une ignorance indigne d’un ministre des NTIC. Ce n’est pas seulement une insulte envers ces jeunes mais cela va également au delà des partis et associations politiques modernes qui animent leurs débats en utilisant internet.
Votre attitude démontre que vous êtes intellectuellement malhonnête (ou du moins vous jouez bien votre jeu). Cette intolérance et surtout cette falsification ou caricature des faits et propos auxquels vous prétendez lutter sont la révélation d’un intégrisme intellectuel primaire sous couvert d’un débat constitutionnel.
Que valent MOUNGALLA, MABIALA, MUNARI, KOUMBA… et autres ministres du sud sans SASSOU ? Dans vos contrées vous n’êtes que des pantins qu’on acclame en votre présence mais dès lors que vous avez le dos tourné, les couteaux s’aiguisent …. Je vous laisse imaginer la suite. L’approche de la fin du mandat présidentiel de Sassou fait des sueurs froides à ces Lieutenants fanfarons qui ont vendu leur âme au diable. Ils ont un nouveau rôle à assumer, le camouflage de l’échec politique de Sassou Nguesso et la domination ethnique du clan au pouvoir.
Vous n’êtes qu’une partie intégrante du troupeau de moutons qu’on engraisse qui voudrait nous faire sombrer dans le ravin du politiquement correct. Adeptes du pillage et corruption, de la pensée unique valorisant les idées hégémoniques d’un clan, ces nouveaux aboyeurs érigés en justiciers s’arrêtent sur un mot, une phrase ou un article qu’ils voudraient faire censurer au nom de leur liberté qui consiste à ne pas tout dire… surtout pas la vérité! Ils sont le prolongement et les avaliseurs d’une Justice injuste et d’un Gouvernement qui ne gouverne plus depuis belle lurette. Ces nouveaux dénonciateurs maladifs et répugnants ne sont que des « profiteurs du système » qui n’amènent rien de constructif ou de positif au débat des hommes libres. Ils se complaisent à faire appliquer des lois scélérates votées par des Assemblées aux ordres de leur messie SASSOU qui croit diriger le Congo de mains de maître. Ils veulent nous empêcher d’écrire ou de s’exprimer, nous bâillonner dans notre liberté d’expression et la bafouer en laissant aboyer la meute de chiens de chasse.
Mais nous le savons tous que le pouvoir est source de jalousie, d’inégalités et de grincements de dents. Le pouvoir confère à celui qui le possède un ascendant sur les autres, quel que soit son statut social. Celui qui le possède en perd son esprit critique, sa lucidité et est toujours tenté d’en user et d’en abuser. Ce n’est pas étonnant que les chiens de chasse de sassou divaguent et bavent des inepties incohérentes.
Le pouvoir possède une gigantesque capacité de corruption/perturbation du bon sens et de la clairvoyance commune, surtout après un passage régulier dans les joutes fétichistes de Sassou. Il se faufile de manière contagieuse des propos abracadabrantesques pour faire de nous des experts de la manipulation, des agitateurs tribaux, des spécialistes de tourner en rond….
….
Mais ce qu’ils ignorent c’est que leur pouvoir ne pourra jamais sanctionner ou cloisonner notre liberté de penser. A force d’opprimer le peuple, il est sur le point d’exploser devant toutes leurs injustices qui donnent des droits à certains chiens de chasse en quête d’os à broyer en occultant ceux des autres. Après tout, on le dira jamais assez, le vrai pouvoir n’appartient qu’au peuple qui est assez confiant pour mettre ses propres bourreaux en place le moment venu et cela par les voies démocratiques.
En faisant fi d’ignorer que « la démocratie se moque des fausses hiérarchies politiciennes et se soucie de faire accéder à ses valeurs politiques l’ensemble des citoyens. Par son principe d’égalité politique, elle suppose et impose l’indépendance et la liberté de jugement de chaque citoyen. La démocratie invite chaque citoyen à revendiquer et à débattre en politique, c’est-à-dire sur tout ce qui concerne les affaires publiques du peuple des citoyens ou de la Nation. André TOLMERE
Ces délateurs, aboyeurs formatés de la pensée unique, ne l’oublions pas, participent à la destruction de notre Société. Ils voudraient nous voir rejoindre le troupeau destiné au saignement final programmé, tout en ignorant que les moutons, même bien nourris et choyés finissent souvent égorgés ou tombent du haut d’une falaise pour aller s’écraser comme des excréments, quelques mètres plus bas. Notre monde politique regorge des hommes qui se sont fait piéger par les sirènes d’un pouvoir dictatorial.
Certains se font passer pour de gentils moutons bien malléables, obéissants mais ils ne sont que des hordes de rats immondes qui croient briller dans l’ombre des égouts en se nourrissant des résidus des autres et en s’enfermant dans une conception illusionniste de la démocratie, par simple peur de la liberté de vivre au grand jour.
Ne dit-on pas que « quelle que soit la quantité de cendre que se couvre le cafard, il sera toujours le festin du coq » ? (Sagesse africaine).
Encensez Sassou comme vous voulez, le messie, le seul rempart, le génie, élevé au rang de véritable dieu sur terre, véritable petit juif tous les qualificatifs que vous voulez y passent mais vos cris d’orfraies céderont très vite la place au rutilant bal des vampires auquel s’adonnent tous les aboyeurs constitués en un harem sans foi ni âme, lancés aux trousses des dignes fils du Congo.
Jean-Claude BERI
http://adiac-congo.com/content/thierry-lezin-moungalla-la-constitution-nest-pas-une-bible-13061
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/enjeux/media-democratie/internet-bienfait-ou-danger-pour-democratie.html