L'Afrique est en ébullition politique. Telles des eaux souterraines qui cherchent désespérément un cheminement vers l'océan de la liberté, l'Afrique sous le carcan des dictatures cherche SA démocratie. Dans le sang et les larmes. Des autres. Dans la douleur. Des autres. Non, cette fille de la liberté n'est pas l'apanage de l'Occident - même si elle a du mal à s'accommoder de la pauvreté établie depuis les temps coloniaux en Afrique, pauvreté qui mine les coeurs et les esprits. Ailleurs, ils ont dû passer par la guillotine et la Bastille pour en arriver à la république et de la république à la démocratie.
Nous, au Congo, nous avons eu la république en présent deux ans avant l'indépendance. La république, un présent que nous ne parvenons pas à déployer parfaitement depuis cinquante-quatre ans - pour la faire voler comme en Occident. Idem pour la démocratie imposée à la Baule par François Mitterrand. La démocratie et la république, ça se mérite ! Il ne suffit pas de les décréter ou de les recevoir en présents ! Comme qui dirait : il faut gagner la république et la démocratie pour les mériter. Il en fut ainsi au départ en Occident. L'Afrique doit en payer le prix. L'arène où se déroulera la bataille ? LA RUE - même si l'Afrique a aussi ses "Bastilles" !
Il y a eu la révolution de Jasmin en Tunisie contre Ben Ali avec contagion en Egypte où l'armée a repris les affaires en main depuis un moment. Elle fut vite assimilée au monde arabe et à sa fougue. Certains spécialistes devisaient que la "révolution" ne traverseraient jamais les Tropiques pour déferler sur le riche golfe de Guinée. C'est plus du domaine du souhait que de la réalité historique que nul ne peut prévoir à l'avance. Les étincelles du feu du Tunisien immolé ont fini par atteindre le Burkina Faso et aujourd'hui le Togo. Nous sommes en Afrique de l'ouest. Si on descend d'un cran, on traverse les Tropiques pour se retrouver en Afrique centrale. Patience ! La bicyclette de l'histoire finira par atteindre les rives du fleuve Congo...
Peut-on peut parler de démocratie sans votes libres et transparents ? Non. Peut-on parler aussi de démocratie sans alternance ? Non plus ! IL FAUT SE BATTRE POUR REMPLIR LES CONDITIONS D'UNE VERITABLE ALTERNANCE DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE. SI LA DEMOCRATIE EST UN LUXE COMME L'AVAIT AFFIRME LE PRESIDENT JACQUES CHIRAC, ALORS L'ALTERNANCE RESSEMBLE A DE LA HAUTE COUTURE POLITIQUE QUI PRODUIT CE LUXE AVEC LES FILS DU VOTE TRANSPARENT...
Depuis hier, le Togo, au travers de deux manifestations, voit son peuple se diviser entre ceux qui soutiennent le maintien de la constitution actuelle - le camp au pouvoir et ceux qui veulent le changement - à savoir l'opposition lasse du long règne des Eyadéma à la tête du pays. Dans la nouvelle constitution togolaise que Denis Sassou Nguesso doit leur envier, il n'y a pas de limitation de mandat et l'élection se joue à un tour comme au Gabon. Aujourd'hui, l'opposition a compris que cela constitue un déni de démocratie car Faure Eyédema peut rester au pouvoir jusqu'à sa mort comme le fit son père avant lui - comme dans une monarchie républicaine à la sauce gombo.
La situation togolaise ne tient pas la ressemblance avec le Burkina Faso parce qu'au pays des hommes intègres l'alternance passait par le maintien de l'actuelle constitution tandis qu'au Togo dame alternance exige que la constitution soit modifiée. DONC LA QUESTION CENTRALE EST L'ALTERNANCE QUI SEMBLE PEU RESOLUE A EPOUSER L'HISTOIRE POLITIQUE AFRICAINE. Au Burkina, la domination des Mossis (50% de la population) et la détermination à l'alternance du fait du long règne de Blaise Compaoré a fait le lit de l'unanimité. Au Togo où nos regards se tournent, on ne fera pas l'impasse d'un affrontement populaire si l'absence de dialogue persiste. Encore une fois l'Afrique innove en démontrant sa capacité à résoudre le même problème (ici la dictature et son refus de l'alternance) par des voies différentes. Non, l'Afrique n'est pas que le continent de la démesure ; il est surtout le continent des impostures : imposture identitaire, imposture religieuse, imposture politique, imposture économique, bref, imposture historique et cela prendrait trop long à le démontrer.
Là où l'alternance politique est enchaînée, bâillonnée, piétinée, il y a DICTATURE. C'est même l'un des indicateurs sociologiques de la tyrannie politique avec le viol des libertés fondamentales, le détournement des deniers publics, la corruption, etc. Donc tout doit être fait pour se frayer un chemin vers l'alternance, gage de résultats politiques. Les dictateurs savent que jugés aux résultats, ils ne font pas le poids - donc ils refusent l'alternance en bidouillant les constitutions.
Même si l'Afrique gagnait la bataille de l'alternance, rien ne garantirait la transparence démocratique car on l'a vu en RDC, au Togo, que l'alternance peut se jouer au sein d'un même camp, d'une même ethnie ou d'une même famille. En Afrique, dès qu'on semble trouver un nouveau remède politique, surgit brusquement une nouvelle complication. Nous ne sommes pas sortis du piège tendu par les conservatismes dicatatoriaux et leurs complices internationaux qui veulent nous maintenir la tête sous l'eau. Au Burkina, l'armée s'est accrochée au pouvoir puisque le lieutenant colonel Isaac Zida est premier ministre et nous parions qu'il y aura d'autres militaires dans le nouveau gouvernement. Par contre, la Tunisie vient de connaître ses premières élections libres, transparentes - c'est-à-dire, démocratiques. C'est une guerre mentale comme je le disais à un de mes amis qui se moquait de moi. C'est en musclant les cerveaux de nos concitoyens et en libérant la parole de ceux-ci que la lave de la contestation réussira à se frayer un chemin vers l'océan de la liberté pour nager un jour en pleine démocratie. QUE LA FONDATION JACQUES CHIRAC AIT PRIME UNE BLOGUEUSE TUNISIENNE, TOUT UN SYMBOLE...