Lors de son arrestation, ses proches scandaient que Vital Kamerhe, le faiseur de rois, n'a jamais volé de sa vie. Pourtant, le catalogue de ses actes tels que révélés par les extraits de son jugement laisse pantois. Pendant que son arrestation immédiate est prononcée et que Vital Kamerhe croupit à la prison de Makala, Bunia s'agite. Des jeunes déversent des grosses pierres volcaniques sur la route en demandant sa libération. Le fan club ethnique de Vital Kamerhe est en ébullition.
Nous assistons au soutien ethnique, preuve que chez nous, l'ethnie reste au dessus de la nation et que l'identité ethnique demeure pour un homme politique le meilleur projet de société. On ne soutient pas Kamerhe parce qu'il est innocent mais à titre de soutien ethnique. Cette solidarité est l'indicateur majeur de la force ou de la faiblesse de la cohésion nationale en Afrique noire.
Le problème reste entier : comment faire de plusieurs ethnies, notamment des centaines comme en République Démocratique du Congo, une nation ? Cette question est centrale pour l'évolution vers la démocratie. Sans nier l'importance de l'ethnie, de nos origines, force est de reconnaître que ces différences sont un frein à l'avancée démocratique en Afrique noire. Chaque ethnie espère voir un frère ethnique accéder à un haut poste de décision - notamment celui de président de la république - pour bénéficier de privilèges de toutes sortes. Chez nous, les Mbochis l'appellent le phénomène social du "moro obosso", le fait d'avoir un homme devant sur lequel s'appuyer. Cette idéologie fait de nos républiques des républiques du privilège.
Il faut ici reconnaître que tant que nous n'aurons pas réussi à résoudre le problème ethnique, la démocratie demeurera un rêve lointain. Il s'agit de faire en sorte que l'identité républicaine et le sentiment républicain soient plus attractifs que leurs équivalents ethniques. Facile à dire qu'à faire en Afrique...
MBUTA NE NKOSSI ZA MAKANDA,
LION DE MAKANDA,
MWAN' MINDZUMB'