COMMENTAIRE : Mwangou est un fidèle lecteur de DNCB qui vit Congo. Ce qu'il m'a rapporté dans ce mail tient à la fois du fait et de l'hypothèse. En observateur privilégié sur le terrain, il peut nous rapporter des éléments factuels mais pour cimenter certains faits, des hypothèses sont nécessaires car les faits n'exposent pas toujours les intentions cachées qui les animent ou les objectifs poursuivis par les acteurs politiques. En effet, il y a bien une logique politique malsaine et malodorante derrière ce qui se trame au Pool...
Les rapports entre le monstre de l'Alima et le pasteur Ntumi sont complexes comme le sont les deux personnages. Comment expliquer le brusque passage de l'entente cordiale à l'inimitié absolue entre Sassou et Ntumi ? Qu'on n'oublie pas qu'il y a si peu Ntumi était ministre de Denis Sassou Nguesso. Avant le 4 avril 2016, tout allait bien jusqu'à ce que les choses dégénèrent. Tout ceci à cause d'un poste de police brûlé ? Sans qu'il n'y ait eu mort d'homme ?
Mwangou fait état d'un rumeur qu'il qualifie de non publique, certainement obtenue auprès de cercles très restreints aux deux protagonistes Sassou et Ntumi. Une chose est sûre, les deux camps négocient certainement une trêve que Sassou ne respectera pas. Il veut peut-être juste mettre Ntumi en confiance, le temps de l'arrêter ou de l'exécuter. En attendant, toute une région ou du moins une grande partie du Pool subit les affres de la destruction et de la terreur juste dans le but d'asseoir un prétexte politique : comme nous l'avons souligné, pour orienter les regards vers autre chose qu'un hold-up électoral, rien de mieux que de servir aux Congolais et à la communauté internationale une opération Mouébara bis. Sassou travaille sur un principe simple : la paix, c'est lui au pouvoir dûment accepté à tort et à travers. Autrement, c'est la violence, la guerre. Vous ne pouvez avoir la paix sans avoir fléchi les genoux devant l'autocrate absolu. Sassou ne veut pas seulement régner ; il veut surtout dominer en vous imposant l'acceptation de ... l'inacceptable !
Pourquoi Denis Sassou Nguesso désormais veut-il débarrasser le Pool du pasteur Ntumi - alors qu'il s'en accommodait depuis toutes ces années ? Frédéric Bintsamou alias pasteur Ntumi n'a-t-il pas été un ministre qui était payé - même s'il ne faisait pas son travail de ministre ? Comment un prétexte aussi mince qu'un commissariat brûlé par les miliciens de Sassou peut-il conduire un Etat-gangster à placer en projet essentiel de son gouvernement l'élimination d'un homme - au lieu de se préoccuper des vrais problèmes du pays ? Tout cela est bien curieux. Nous faisons à notre tour l'hypothèse que tant que le pouvoir de Denis Sassou Nguesso sera fragile, il n'y aura pas de paix totale dans le Pool.
En s'attaquant au pasteur Ntumi, Denis Sassou Nguesso poursuit manifestement plusieurs objectifs : il veut éteindre le seul foyer qui pourrait alimenter le feu d'une rébellion armée, il veut éliminer un homme charismatique, peut-être allié d'hier qui en sait trop et en même temps, il cherche à gagner du temps afin de consolider son pouvoir - en poussant les Congolais à ne s'intéresser qu'à une crise armée - alors que le Congo connaît en fait une véritable crise politique doublée d'une faillite économique.
Le pasteur Ntumi a toujours détenu des armes depuis près de vingt ans - sans que cela n'émeuve le moins du monde le régime du PCT. Qu'est-ce qui a donc changé pour que la situation tourne au bombardement massif d'une région ? Nous avons le droit de savoir, n'est-ce pas ?
La violence vient du nord, violence qui semble s'intéresser particulièrement au Pool où vivent des paysans qui ne demandent rien à personne. A tous ceux qui cassent des cacahuètes sur le dos du peuple, le Pool n'est pas un terrain de jeu.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU