Quand Denis Sassou Nguesso vous convoque à Oyo, là où se trouve le coeur de son pouvoir, là où vous vous sentirez sous le joug de ses fétiches et de ses mercenaires et en terre inconnue, ce n'est pas pour que vous le remerciez de vous avoir imposé son soi-disant oncle Aimé Emmanuel Yoka comme député. Non, c'est trop facile, ça. A lire le discours officiel, ceux qui sont présentés comme les sages de Mvindza sont allés au bord de l'Alima pour remercier le président et parce qu'ils croient qu'avec le ministre de l'injustice, ils auront des écoles, des routes, des hôpitaux, etc. Nous savons tous que cela n'est qu'un voeu pieux parce que Yoka n'y fera rien puisque c'est Sassou seul qui décide. D'abord parce que c'est son suppléant qui va siéger s'il est maintenu ministre après le remaniement qui se profile. Sassou a pratiquement installé tous ses ministres dans un fauteuil de député pour qu'au cas où ils perdraient leur fauteuil ministériel, il leur reste le mandat de député.
S'agissant de remerciements immérités, une simple lettre aurait fait l'affaire mais déplacer tous les sages d'un petit patelin sonne déjà comme un avertissement. Pourquoi donc le grand éléphant n'a pas invité les sages des autres circonscriptions - comme si seul ce coin du Pool en possédait ? Non, nous sommes à même de lire le fil conducteur, la trame du décor de théâtre dramatique qui s'est joué à Oyo, la ville de tous les vices et tous les fétiches, la ville de toutes les horreurs, Oyo, la corruptrice des âmes, Oyo, la ville blanche comme une tombe mais remplie d'ossements de morts au dedans car toutes les décisions de mort se prennent en présence des crocodiles au bord de l'Alima. Si Sassou vous y convie, c'est comme aller au devant de la mort...
La vérité est toute autre. Qu'il vous souvienne que maître Aimé Emmanuel Yoka, avocat du système et détenteur de la chaire de l'injustice dans son ministère, a été bousculé à Mvindza. C'est plus pour les menacer et les pousser à accepter ce coup de force qu'ils ont été priés de se rendre à Oyo. On peut imaginer Sassou leur dire :
"Attention, ne répétez plus ce qui s'est passé au premier tour des législatives ; je ne tolèrerai plus de désordre. Dites à Jean-Paul Matsima de se calmer sinon vous le regretterez."
Sassou aurait pu les recevoir à Brazzaville mais il y a trop de gens qui écoutent aux portes ; il vaut mieux que ça se déroule au bord de l'Alima sous la confidence des crocodiles. Cet ordre de se rendre à Oyo pour les "sages" de Mvindza indique qu'il s'agit bel et bien d'une élection truquée. Nous savons tous à la fin que Sassou a arrosé les fameux "sages" par des enveloppes bien garnies et en fait, c'est à ce seul titre qu'ils le remercient.
Apprenez à décrypter le fait politique dont le pendant diplomatique est le mensonge officiel où la tendance est toujours de vous faire croire le contraire de ce qui s'est réellement passé. Ne soyez pas dupes : sous ses aspects affables, Sassou est un arrogant qui se fiche du peuple et qui ne pense qu'à l'argent parce qu'il est cupide et sachez qu'il n'agit que pour SA GLOIRE PERSONNELLE - ce qui signifie qu'il a vécu la violence subie par Yoka à Mvinza comme une offense personnelle. En effet, n'est-ce pas lui qui a demandé à maître Yoka de se présenter à Mvinza ? Sassou est tout le contraire d'un démocrate, lui qui ne connaît et ne respecte que la force...
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