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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 22:31
Certainement sous l'impulsion de son président Nicolas Sarkozy qui souhaite récupérer les voix du Front National à la veille d'une élection, à croire la fille de Le Pen, Eric Besson a lancé un débat sur l'identité nationale, à savoir, ici, précisément l'identité nationale française - comme si les Français ne savaient pas ce qui fait qu'ils soient Français pour qu'ils prennent, comme ça, le temps de s'arrêter pour réfléchir sur ce qu'ils sont vraiment.
Notre propos, dans ce texte, est de montrer que dans toute société à haute teneur historique, l'identité nationale est le fruit d'une composition qui se recompose sans cesse sur la base d'un fond culturel. En effet, dans les sociétés traditionnelles africaines, par exemple, l'identité est assez stable car très peu d'éléments extérieurs viennent troubler la quiétude d'une culture qui reste enracinée dans des valeurs non assujetties à la compétition d'une autre.

Identifier, c'est définir un objet selon ses caractéristiques propres. L'identité rejette donc le recours à toute référence extérieure. Et c'est ici toute la difficulté pour ce qui est de l'identité nationale car nous allons voir que cette identité a fluctué tout le long de l'histoire jusqu'à composer un socle de base sur lequel se surajoutent de nouvelles valeurs. L'identité nationale serait donc cette partie d'elle-même qui ne vient pas d'un autre peuple mais ici, cette définition ne peut tenir car il est facile de démontrer que la culture française emprunte à la Grèce, à Rome et au judéo-christianisme. Le peuple lui-même est une composition. Histoire et grandeur obligent. Quant aux composantes démographiques, la France n'a pas arrêté à recevoir des flux d'immigrés qui ont fini par obtenir la nationalité française et tout ce magma humain se réclame de l'identité nationale - à moins dé finir des sous-identités françaises dans l'identité française.
A moins que le problème soit le suivant : on peut être Français sans posséder l'identité nationale française et cette identité signifierait qu'elle n'est pas la nationalité française. Alors, qu'est donc l'identité nationale ? Le sang ? Ô horreur, y aurait-il un sang pur national, typiquement français ? Ici, d'aucuns verraient des vieux spectres traverser le ciel français en criant : " de grâce, pas le sang ! Le sang français est un sang mêlé car son histoire est une ouverture qui n'arrête pas d'intégrer ceux qui ont décidé d'accepter les règles de la France".  Dans toutes les familles françaises, si on remonte au-delà de quatre ou cinq générations, on retrouve un ou deux ascendants étrangers. Le sol ? Est-ce le terroir qui serait le vecteur de  celle-ci ? Hélas, à l'heure actuelle, la population est citadine et chercher l'identité nationale dans l'odeur printanière des bois de France serait une erreur. Déjà que le territoire national a lui-même une histoire. La langue ? Non, la langue française ne saurait être à elle toute seule la composante essentielle de l'identité nationale française car les Belges qui parlent français autant que les Canadiens ou celui qui écrit ce texte, parlent français, certes avec des nuances mais bien la langue française qui elle-même aura évolué car la langue de Molière n'est pas celle de Nicolas Sarkozy car la langue elle-même s'est recomposée avec le temps en s'enrichissant des apports des langues avoisinantes. Ceux qui parlent la langue française ont certainement un facteur commun historique qui explique ce partage linguistique. On peut croire que la colonisation ou l'immigration pourrait suffire à expliquer cela. Certains diront le "génie français". Mais alors, quel est-il ? Ce génie est-il l'apanage des Français ou le retrouve-t-on également en Angleterre, en Russie, en Chine, au Japon, en Israël ?
C'est que l'identité nationale soulève plus de questions qu'elle n'en solutionne. L'identité nationale est une composition : un territoire, une ou des langues, des valeurs contenues dans une culture, des populations et une adhésion aux mêmes valeurs, tout ceci bien secoué par la cocotte-minute de l'histoire.
C'est donc que le problème doit être vu sous un autre angle. Et si le problème de l'identité se posait par rapport aux immigrés ? A ceux qui ne mangent pas du fromage, par exemple, ceux-là qui mangent du riz avec les mains, à ceux qui ne sont pas chrétiens, à ceux qui ne sont pas nés avec les valeurs de la nation française ? C'est ici croire qu'il existe un fond de valeurs identitaires que l'on ne peut acquérir si l'on vient de loin, si l'on n'est pas né dans le territoire. C'est que l'identité nationale peut apparaître ici comme la négation de l'intégration tant proclamée par les politiques. C'est croire que cette identité est fermée, totalement hermétique à tout apport extérieur. Seulement, voilà, les valeurs qui composent l'identité nationale sont en partie juridiques et ce droit évolue au contact de l'Europe qui vient prendre le dessus sur les identités nationales spécifiques.
A moins que cette identité nationale soit liée à la race qui pour certains contiendrait les germes d'un certain génie, d'une certaine âme, identité dont on aurait peur de perdre par le mélange avec les autres races. Ici, l'identité nationale, serait racisme, donc inavouable et personne ne souhaite réveiller de tels puissants démons qui risquent d'exploser la nation tout entière. Certes, lorsqu'on devient Français, on ne perd pas les fonds culturels ou identitaires antérieurs mais on les enrichit en les englobant dans la nouvelle identité nationale et il est certainement plusieurs façons mentales de porter l'identité nationale mais une seule façon de l'exprimer. Ex-primer car l'identité nationale s'exprime dans le cadre de la nation mais reste tout de même celui de l'individu qui fait qu'il y aura toujours autant de cuisines qui enrichiront la cuisine dite française qui elle-même s'épice au contact des autres cuisines.
Parler de l'identité nationale correspond à essayer de surfer sur la peur de la disparition d'un peuple en interdisant les mélanges et en balkanisant certaines catégories de la population française. Ceci peut paraître électoralement intéressant mais lorsqu'on est un président de la république dont les origines plongent autant dans la Hongrie que dans la France actuelle et que l'on représente bien cette identité nationale au sommet de l'Etat marié à une Italienne, il est à craindre que cette évocation ne soit une faute politique car au lieu de braquer les projecteurs sur ce qui rassemble, on les plaque sur ce qui fait les différences car en France même, les différences, il y en a et celles-ci se communautarisent. Nous nous contenterons du cas Corse comme illustration.
Cette identité nationale est comme un langage de la fermeture afin de la conserver intacte mais là encore, ayant ouvert les portes de l'Europe, il est impossible de prétendre la conserver par le biais de l'immigration zéro.
Et si l'identité nationale était une sorte de conscience collective, d'individu collectif qui grandit, change, tout en restant sur un socle précis qui permet qu'un pays soit reconnaissable par ses spécificités  par rapport aux autres ? En effet, l'identité procède de l'éducation et on peut au mieux parler d'une certaine éducation française. Or, tout ce qui procède de l'éducation n'est pas inné mais acquis. Aussi, au lieu de parler d'identité nationale, il vaut mieux de culture nationale, une culture qu'on pourrait transmettre par l'éducation, une éducation qui elle-même change avec l'histoire. Ce débat sur l'identité nationale est lancée mais nous constatons que les réflexions manquent et se font attendre. Il ne suffit pas d'exclure le foulard ou une certaine vestimentation car tout cela est contraire avec le principe de liberté tant chère à l'identité nationale française.
L'identité nationale est un processus collectif qui s'appuie sur un socle qui lui-même se recompose constamment pour se recentrer sur l'être collectif, un être qui change, un être qui est composite puisqu'alimenté par l'histoire. L'identité nationale serait donc comme une sorte de malaxeur subconscient de valeurs, de pratiques, de manières d'être pour qu'un être collectif soit possible.
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