Les faits sont clairs : selon Zéphirin Mboulou, le poste-frontière avancé à proximité de Miconji (Cabinda, province angolaise) détruit par l'armée angolaise se trouvait bien en territoire congolais. Et si l'on considère que madame Da Lomba, gouverneure du Cabinda, argue une destruction des bornes frontalières, c'est une façon de dire : "Euh, excusez-nous, cette partie nous appartient ; de toute façon, nous ne pouvez pas prouver le contraire puisqu'il n'y a plus de bornes car nous les avons volontairement détruites..."
Lorsque votre voisin vous pique une partie de votre territoire, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison et lorsque les deux parties ne veulent pas dire publiquement la nature de leur litige, il faut être fin observateur des événements pour décrypter ce qu'il en est. Nous n'arrêtons pas de vous parler de la crise que nous croyions juste frontalière entre l'Angola et le Congo mais vous allez vite comprendre que c'est plus qu'une affaire de " tu as vu la borne ? Non, je l'ai détruite !".
Certains ont voulu nous faire croire que la question de la détermination de la frontière entre le Congo et le Cabinda était une affaire classée car il y aurait eu signature d'accords. Nous avons émis des réserves car personne n'a vu les membres des deux gouvernements congolais et angolais signer un simple bout de torchon. La crise s'est soldée par la rénonciation du Congo face à la puissance de feu angolaise.
Quand vous apprenez de la Lettre du Continent, qu'à la mi-octobre 2013, Eduardo Dos Santos, président de l'Angola, a refusé de recevoir Zéphirin Mboulou et Pierre Oba, vous avez compris par les fonctions respectives des personnalités du gouvernement congolais que l'affaire est frontalière et minière car Mboulou incarne l'imbroglio frontalier (ministère de l'intérieur) et Pierre Oba le quiproquo minier (ministère des mines).
Une dernière chose : on ne construit pas une route bitumée dans la broussaille pour faire plaisir aux gorilles et aux phacochères ; il faut y trouver un intérêt économique et, si l'Angola voulait prolonger la route jusqu'à Dolisie, ce n'est pas par amour pour le Congo mais c'était une façon de compenser ce qu'ils vont nous piquer en minérais. Vous allez voir tout ceci en oeuvre dans peu de temps.
L'Angola en a marre de partager des ressources avec le Congo - notamment pétrolières en Haute-mer - qu'elle veut redessiner les frontières pour ne plus rien refiler à celui qui met tout dans ses propres poches sans se soucier de son peuple. Eduardo veut désormais la part de "l'éléphant". Au sens propre et non au figuré. L'homme fort de Luanda sait qu'il n'a rien à craindre de Denis Sassou Nguesso qu'il a porté au pouvoir sur les chars angolais et cela a un prix : une partie du territoire, c'est-à-dire une partie de nos richesses en guise de récompense, de dîme. Sassou ne se risquerait pas à un conflit que ses généraux ventripotents ne peuvent gagner - même s'il réformait dix mille fois la force publique comme il l'a décidé récemment en conseil des ministres. C'est un combat perdu d'avance comme si un éléphant voulait affronter un dinosaure qui l'a sorti de la boue pour le hisser sur la terre ferme - sans craindre de se noyer...