Si l'on demandait à Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères de la république française, pourquoi son pays nomme un nouvel ambassadeur au Congo, il vous répondra certainement qu'il s'agit d'une démarche normale, habituelle car un diplomate ne peut pas rester ad aeternam ambassadeur dans un même pays comme cela s'observe pour le cas de certains pays - notamment africains - pour ne pas nommer le nôtre. Il est évident, lorsque le gouvernement ne change pas, surtout en dictature, qu'il ne se ressent point le besoin de changer un ambassadeur : il est dans le secret des dieux, il le reste. Après tout, rien n'oblige un pays souverain à changer d'ambassadeur - sauf si ce dernier n'est plus en odeur de sainteté avec le pays hôte (cas de l'ambassadeur belge au Congo rappelé en Belgique pour avoir manqué de tact au cours d'une réunion où il dérapa en sortant de sa réserve - même s'il s'exprimait en flamand) ou s'il n'incarne plus la nouvelle politique diplomatique gouvernementale (cas du remplacement de Valette par Maillard)...
Jacques Maillard remplace Jean-François Valette nommé par Nicolas Sarkozy dans un contexte tendu entre la France et le Congo où des affaires comme celle des Biens Mal Acquis et celle des disparus du Beach entachent les relations bilatérales entre les deux pays. Le changement d'un ambassadeur sonne comme la notification à un pays d'une nouvelle politique bilatérale. C'est bien le cas ici car la politique de François Hollande vis-à-vis du régime de Brazzaville n'est pas celle de Nicolas Sarkozy, ami patenté des dictateurs africains.
Nous notons que François Hollande n'a pas du tout l'intention d'ôter le caillou que la France a mis dans la chaussure du grand nzokou. Le grand éléphant doit continuer à trimbaler sa démarche claudicante sur le sentier rocailleux de la justice française. La vraie justice ne lâche jamais son os tant que la moelle de la vérité n'a pas encore giclé...
Ce nouvel ambassadeur va certainement rester jusqu'en 2016 et incarnera la posture de la France face aux velléités du clan Sassou à modifier la constitution de janvier 2002. De Valette à Maillard, il n'y a pas juste un changement d'homme mais l'affirmation d'une nouvelle politique, d'une nouvelle posture française plus hostile face à une dictature qui laisse dépérir tout un peuple. Il est évident que cela ne plaira pas du tout aux crocodiles de l'Alima. Et si en signe de protestation, Sassou rappelait Henri Lopes ? On peut toujours rêver ! Lopes fait bien son travail. Il est dans la cour des ambassadeurs ; il y reste...