Je ne m'évertuerai pas ici à démontrer par l'image que nombre de ministres du gouvernement étaient à Sibiti - notamment Thierry Moungala, fils bienheureux de la contrée du fétiche efficace. Ce que l'on peut déduire après coup, c'est qu'ils y étaient pour soutenir le monologue-prétexte pour un putsch constitutionnel. Il n'y a qu'à entendre le ministre Okiémy pérorer à Télé foufou pour comprendre que la servitude volontaire confine toujours à la cécité et au mépris de sa propre raison. L'esclave doit penser comme le maître ; c'est là sa seule liberté - alors même que la constitution objecte la désobéissance civile en cas de situation inique. Or, la violation de la constitution est un cas qui relève de la HAUTE TRAHISON. A croire monsieur Tsalissan, La seule présence à un événement vaut assentiment, approbation puisque ce monsieur reproche à Claudine Munari et à Parfait Kolélas d'avoir assisté au dialogue alternatif organisé par l'opposition. Tsalissan montre bien que le monologue de Sibiti était au fond une initiative gouvernementale - alors qu'il se présentait comme une démarche ouverte où n'importe quelle force politique aurait pu y participer parce qu'il était initié par Sa Suprême Monstruosité prétendument au dessus des partis et de la mêlée.
En exigeant la démission dans deux semaines tapantes de Claudine Munari, ministre du commerce et celle de Guy Brice Parfait kolélas, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat, Elvis Okombi Tsalissan se permet de violer le pouvoir constitutionnel du chef de l'Etat puisque selon la constitution du 20 janvier 2002, les ministres n'ont à répondre qu'au devant de son "auguste" personne. Tsalissan se prend pour Sassou, peut-être avec la permission de Denis. C'est vrai que la démarche semble accuser l'enfant terrible d'Oyo qui ne prend jamais la peine de se salir lui-même, préférant que d'autres mains, d'autres bouches le fassent à sa place. La bouche de Tsalissan peut s'avérer digne, même s'il ne préside qu'un petit parti, à passer un ultimatum à deux ministres du gouvernement. Ce n'est qu'une hypothèse : en se gargarisant de son titre de président de l'UMP (Union pour un Mouvement Populaire), Tsalissan peut très bien faire du zèle. Après tout, c'est un peu le pouvoir de tout un clan, de toute une ethnie qui s'est battue pour porter son champion au sommet de l'Etat. Au diable, la LOI que l'on s'apprête même à assassiner, au diable les protocoles, au diable les bonnes manières : au pays du désordre triomphant, tout est possible. Personne ne respecte la loi - même pas celui qui a prêté serment de la protéger !
Comment un ministre peut-il bien faire son travail dans ces conditions si son degré de liberté est proche de zéro bafoué par tout proche de Sassou qui se croit obligé de se faire obéir ? Tsalissan peut dénoncer que les prix flambent, que le chômage est exponentiel mais ces ministres ont-ils quelque possibilité d'agir librement quand nous apprenons que monsieur Ikouébé, excédé par l'hégémonie des rejetons Sassou, aurait voulu démissionner ? Comment peut-on réformer l'Etat - alors même que Denis Sassou Nguesso l'a totalement privatisé ?
Que Denis Sassou Nguesso prenne ses responsabilités : nous savons que Guy Brice Parfait Kolélas ne démissionnera pas. Pour madame Munari, nous ignorons son état d'esprit mais il est possible qu'elle ne s'en aille pas d'elle-même. De toute façon, il va finir par se découvrir : la déclaration du référendum-coup d'Etat lui revient comme il lui reviendra dans deux semaines de soutenir ou de désavouer la démarche de Tsalissan. Nous sommes au pays de la honte périmée comme du poulet avarié que vend le ouest-Africain du coin - faute de système de conservation à la hauteur. On se surprend à ne plus être surpris !