De nombreux programmes politiques sont des alignements de propositions qui ne se tiennent pas, des énumérations du genre " les cent propositions d'un tel"- sans savoir si celles-ci visent la continuation de l'ordre établi défavorable au peuple ou non. De telles propositions, vu qu'elles n'entrent pas dans un schéma stratégique plus profond, ne modifient souvent pas la structure sociétale en profondeur, et, il est courant que celles-ci demeurent à l'état d'idées brutes dont la faisabilité apparaît comme difficile ou impossible.
Au niveau de l'UPIERAD, nous privilégions une stratégie d'ensemble dont l'objectif est la valeur ajoutée au bien-être collectif sur lequel se développera l'initiative individuelle. Notre politique se résume dans le fait de créer des richesses et de les redistribuer au profit des Congolais d'abord. Nous estimons qu'un programme ou un projet pour réussir doit :
1. définir les moyens de sa réalisation ; ce qui revient à affirmer la primauté de l'économie sur la politique car aucune politique ne tient ses objectifs si les moyens économiques ne la précèdent pas. En matière d’économie, le premier plan de l’UPIERAD sera l’électrification globale du Congo car nous savons que l’énergie est la base de tout bon développement. Cette électrification générale du pays se fera de façon concomitante à une construction d’infrastructures logistiques en bonne intelligence avec la préservation de l'environnement, élément indispensable pour le développement du tourisme.
Le bassin du Congo doit être protégé et nous comptons classer près de 40% de la superficie en zones protégées - en tenant compte des espaces vitaux des populations locales et leur croissance démographique. Nous arrêterons le massacre de nos forêts surexploitées depuis des siècles en promulgant une loi qui classera la faune et la flore parmi les ressources rares qui relèvent de la compétence exclusive de l'Etat et de la nation congolaise - avec la volonté d'associer des spécialistes qui oeuvreraient dans le but de leur préservation et non de leur destruction. Si le gaz si abondant au Congo devenait pour tous le moyen de cuisson des éléments, nous protègerions ipso facto nos forêts et un tel projet n'est pas impossible à mettre en oeuvre puisqu'un pays comme la Côte-d'Ivoire avec une population largement supérieure à la nôtre l'a fait.
Tous les hommes politiques qui sont à la base du développement de leur pays ont mis l'économie en avant sur la politique, cette dernière n'étant que la partie redistributive de la première : une politique ne fait que gérer, créer et au final distribuer les moyens produits par une économie. En France, De Gaulle et Pompidou l'ont compris mais aujourd'hui, on assiste à la destruction du tissu industriel français qui a fait le succès des trente (années) glorieuses et nous voyons progressivement la France perdre de sa superbe au fil des années, les coûts de production étant moins chers en Chine. C'est l'économie qui détermine et surdétermine la politique puisqu'elle donne aux acteurs politiques les moyens de mettre en exergue un logiciel social de redistribution collective. Tout bon algorithme commence par envisager les moyens qui vont servir à l'action, ainsi que tous les paramètres à transformer pour que le code ici social fonctionne.
Nous sommes pour une nationalisation et une exploitation publique des ressources économiques essentielles comme le pétrole, les minerais, le bois, la faune et la flore – pour doter l’Etat congolais de moyens financiers importants lui permettant d’engranger une politique sociale digne de ce nom. Ce modèle économique intègrerait trois paradigmes : le capitalisme d'Etat + le capitalisme privé dans une proportion moindre + une solidarité inspirée de notre culture solidaire atavique du kimuntu-bomoto qui ne laissait personne mourir de faim ou de soif (je signale que les modèles socialiste prônée par notre compatriote Tsaty et communiste n'existaient véritablement qu'en Afrique où un chasseur partageait l'ensemble de son gibier avec tout le village ; c'est en étudiant les sociétés dites primitives africaines que Marx a été inspiré d'imaginer le modèle communiste après transition par le socialisme). Les apports des capitaux étrangers doivent être étudiés avec beaucoup d'attention, l'exigence du transfert de technologie étant une des conditions contractuelles fondamentales. Dans ce domaine, notre modèle est la Chine : elle est exigeante dans ses rapports avec les firmes étrangères au point où elle est devenue l'usine du monde. La Chine produit ses propres avions, ses propres satellites, ses propres voitures, etc., alors qu'il y a quelques années, elle comptait encore parmi les pays en voie de développement ;
2. Evaluer, analyser l'environnement : les hommes dans leurs diversités, la structure globale du pays, la faune, la flore, le sol, le sous-sol, le patrimoine immatériel et l'articulation dans un microcosme plus large, dans le cas du Congo, on pourrait simplement considérer son imbrication au sein des pays de la CEMAC (Afrique Centrale) et exploiter le potentiel de pays carrefour du Congo. C'est dans une approche pointue de notre propre environnement que nous allons puiser les éléments qui constitueront le sous-bassement de notre économie et il s'agit de les contrôler, de les maîtriser au lieu de les laisser s'évaporer vers l'étranger. Ici, nous préconiserons un audit général des finances du Congo, avec réexamen de tous les contrats publics et passage au peigne fin des dépenses de l'Etat avec mission de les réduire. Nous dénoncerons toute collusion comme dans le cas des affaires du clan Sassou où les membres du clan au pouvoir sont encore ceux qui bénéficient des contrats de l'Etat ; ce genre de favoritisme est à proscrire par la loi de sorte que tout contrat attribué par un membre de l'Etat à un membre de sa famille sera considéré comme illicite avec des conséquences de haute trahison nationale pour son prescripteur. Il s'en suivra aussi un audit de toutes ressources susceptibles d'apporter des subsides dans les comptes de l'Etat. C'est en estimant les moyens et les ressources qu'il est possible d'envisager un plan économique performant.
Le développement du savoir et des technologies ne peuvent se faire qu'après ce travail important (produire des diplômés pour le plaisir de les produire sans avenir au bout est inconscient) : des domaines comme l'océan et les différents cours d'eau devraient faire l'occasion d'une université spéciale pour nous permettre de mieux tirer profit des ressources de l'océan, des fleuves et des rivières, y compris par la pisciculture, le domaine forestier devrait aussi avoir son package universitaire regroupant l'écologie, la biologie, la zoologie, l'agronomie, etc., l'énergie et les communications pourraient constituer un autre pôle afin d'exploiter l'hydro-électricité, l'énergie solaire, l'éolien. Nous sommes pour une orientation scolaire spécialisée dès le collège car cela ne sert à rien de former dans un modèle commun des élèves et étudiants qui au bout n'auront pas de travail ;
3. Analyser l'existant : infrastructures, superstructures, données quantitatives démographiques, histoire politique, en estimer les forces, les faiblesses, les manquements. Nous sommes pour une politique de décentralisation véritable : au niveau régional, chaque région doit jouir d’une grande partie de ses revenus – sauf ceux qui concernent les ressources stratégiques dont un certain pourcentage doit néanmoins être alloué au développement de l’espace qui engendre ces richesses ; ce qui n’est que justice. Si 15% des revenus du pétrole étaient alloués à la région du Kouilou, celle-ci aurait depuis longtemps réalisé le barrage de Sounda. Il est évident que ce pourcentage sera calculé en fonction des besoins réelles de la région dans une logique de décentralisation globale du pays et qui dit décentralisation dit moyens pour la réalisation d'une politique régionale spécifique - sous la vigilance de l'Etat tout de même pour éviter les dérives.
Tout travail de quelque nature que ce soit ne se fait pas ex nihilo mais s'appuie sur l'existant - même si dans le cas du Congo, les infrastructures manquent cruellement. La question des infrastructures doit être liée à son entretien ; ce qui nous ramène à la formation, au transfert de technologie nécessaire à l'entretien des routes, des centrales hydroélectriques, etc. Au niveau de la superstructure, nous avons déjà évoqué les faiblesses de la nation congolaise :
- une histoire passive issue de la colonisation qui se perpétue par des artifices juridiques modernes comme un Etat extraverti : l'Etat républicain n'est qu'un forme masquée de l'Etat colonial dont le but est le pillage des ressources nationales, privant les Congolais et le Congo des moyens qui permettraient d'asseoir une économie à la hauteur des richesses dont regorge le pays. Ici, la solution est toute indiquée : passer de l'histoire passive à l'histoire active en agissant seulement dans le sens de nos propres intérêts comme le font les autres vraies nations. Sur le plan économique, nous devons supprimer tout intermédiaire entre nos ressources stratégiques et le marché mondial. Juste pour constat, la France a installée des infrastructures dignes de ce nom dans des colonies où elle comptait s'installer ad aeternam comme en Algérie ; les colonies d'Afrique centrale n'ont bénéficié que de quelques infrastructures d'extraction et le reste n'était pas fait pour des millions d'habitants (eau, électricité, routes, écoles, universités, etc.) Il convient désormais de quantifier et de dynamiser les politiques au niveau des infrastructures pour tout entrevoir en perspective. L'emploi dans une logique de 25 ans, par exemple, entraînera de voir les infrastructures dans une même échelle, ainsi que l'industrialisation ou la formation, etc.
Affirmer que le pays est indépendant sans que les indicateurs de l'indépendance (indépendance économique, indépendance politique, indépendance monétaire, indépendance culturelle, indépendance militaire – même si nous n’avons pas de bases militaires françaises au Congo, etc.) soient perceptibles sur le terrain est une aberration. Un travailleur indépendant besogne pour ses propres intérêts et si le Congo ne se trouve pas économiquement, politiquement, socialement, culturellement dans une telle configuration, il est impossible de parler d'"indépendance". Rassembler une cohorte d'ethnies dans des villes ne suffit pas à en faire une nation - pas plus que de simples décrets qui entérinent la création d'une république. La nation congolaise est à construire et ici interviendra une vraie politique de justice sociale qui rendra nul le fait qu'un homme politique soit issu de telle ou telle ethnie comme cela se fait dans de vraies démocraties ;
- une nation qui est un assemblage d'ethnies forcées à cohabiter, à vivre ensemble par le colon, pour ses propres besoins coloniaux - sans que les symboles de l'unité multiethnique ne soient représentés dans une institution politique cardinale. Ici, nous avons déjà évoqué la solution dans un écrit antérieur : créer un Conseil Constitutionnel National Ethnique dans lequel toutes les chefferies ethniques seraient représentées pour incarner l'unité nationale. En matière de chefferies, la détermination des représentants est facile à faire si l'on s'en tient à l'ordre généalogique et aux logiques de parenté (collatérale ou descendante) qui les sous-tendent. Son fonctionnement serait un fonctionnement consensuel total et il aurait le commandement collectif de l'armée pour maîtriser la force militaire qui est à la fois élément de stabilité et de déstabilisation, etc. ;
- une éducation qui perpétue le modèle colonial sans qu'elle ne soit orientée dans la perspective de fournir au Congo les ingénieurs, les chercheurs, les économistes qui œuvreraient dans l'esprit spécifique de la réalité de leur propre environnement national. C'est bien d'étudier l'économie telle qu'elle est enseignée sur les bases capitalistes mais c'est mieux de former des économistes qui auront à cœur de sortir le pays des ornières de la domination des puissances occidentales, etc. Tout ce qui tient du modèle dominant capitaliste d'inspiration judéo-chrétienne est au service de la domination occidentale du monde laquelle se pérennise par le système bancaire tenu par les Juifs et leurs valets locaux. Il faut réinventer l'éducation pour réinventer l'économie et la politique.
Il s’agit de repérer les dispositions, les talents, les traits de génie chez l’enfant afin de l’orienter de façon adéquate vers un domaine où il excellerait à coup sûr. En France par exemple, la politique de l’orientation envoyait les meilleurs élèves dans l’armée, ensuite les moyens à polytechnique et à l’ENA, etc. En Chine, seuls les meilleurs étudiants sont inscrits dans des écoles d’ingénieurs, les autres viennent étudier en Europe. Pour l’exemple, la Chine sort de ses universités des millions d’ingénieurs. L’éducation doit être couplée avec une politique d’orientation efficace afin de ne pas gaspiller la ressource intellectuelle ;
4. Proposer le modèle politique qui soutiendrait le programme dont l'objectif est la modification en profondeur de la structure sociale - en vue de faire du Congo une démocratie spécifique jouissant de ses ressources dans une justice sociale qui ne laisserait aucun Congolais au bord de la route parce que les inputs seront mis en perspective, de façon dynamique parce que l'environnement change, parce que les populations s'accroissent et qu'il faille que les structures matérielles devancent cette évolution quantitative. Notre modèle politique est panafricaniste, anticolonialiste, tradi-républicain, autonomiste dans le sens de la création des Etats-Unis d'Afrique avec tout ce que cela suppose. Les détails de notre vision politique se trouve dans le préambule de création de l'UPIERAD. Nous estimons que les Etats africains doivent avoir les cartes en main pour qu'on puisse vraiment parler de "politique" - sinon c'est du "gouvernorat" pour des puissances étrangères et à ce niveau, une vraie politique est impossible dans la mesure où les ordres et les décisions viennent d'ailleurs ;
5. Envisager une nouvelle diplomatie qui est la conséquence d'une nouvelle économie, d'un nouvel environnement, d'une nouvelle politique constitutionnelle, d'une nouvelle société dont les bases ont été posées dans notre texte portant sur la tradi-république : « tradi » pour tradition comme un retour aux valeurs du passé, de notre kimuntu, et république pour associer le courant issu de l'histoire et de la modernité. Il suffit de regarder la structuration constitutionnelle de certains modes de gouvernance qui associent stabilité et dynamisme de façon originale : l'Angleterre et l'Espagne, pour ne citer que ces deux pays sont des monarchies républicaines qui associent le tréfonds de la royauté issue du passé et la république qui prône un changement pour recycler les courants et les idées politiques. Il y a des modèles originaux comme celui du Japon ou de la Chine qui sont autant de réussites économiques - apportant la preuve que lorsque l'économique est placé en avant-garde, il s'en suit aisément un développement économique qui peut s'ouvrir sur un développement social - à partir du moment où le système politique intègre les droits et les devoirs de tous dans un schéma sociétal global ;
6. Mettre en place une armée tradi-républicaine : chaque ethnie dans son fief pour en garder et pour en sécuriser les frontières, une loi interdisant d'entrer avec une tenue militaire ou une arme à la cité. En matière d'organisation de l'armée, on peut se référer à l'histoire de Rome par exemple pour constater que les Romains démobilisaient leur armée en temps de paix. Nous envisageons une armée pratique qui au lieu de se contenter de servir dans les casernes, construiraient les ponts, les bâtiments publics, les écoles, se cantonnerait dans sa forme armée aux frontières, une armée décentralisée.
7. Imaginer un système social performant : créer un revenu minimum familial pour permettre aux familles les plus démunis de vivre décemment, gratuité de soins aux trois millions de Congolais, gratuité de l'eau potable ou vendue à un prix dérisoire juste pour en amortir les frais d'exploitation, gratuité de l'école obligatoire jusqu'à 18 ans, mise en place des cantines scolaires dans les écoles primaires, les collèges, les lycées et les campus universitaires. Il faut savoir que la malnutrition empêche un bon développement des neurones et scientifiquement, il est prouvé que les dégâts sont irréversibles lorsqu'ils surviennent en bas âge. Si nous atteignons un certain degré de production alimentaire, nous n'aurons aucun mal à nourrir trois millions d'hommes.
Voici la trame dans laquelle s'assoit notre programme dont quelques éléments ont déjà été présentés dans différents textes. Nous ne pouvons vous donner plus de détails pour des questions de confidentialité mais vous trouverez les pépites de ce programme dans un certain nombre de textes fondateurs. Nous estimons qu'il n'existe pas un seul mode de gouvernance et que la démocratie imitative doit être dépassée comme si les Africains étaient incapables de concevoir par eux-mêmes un mode de gouvernance. Les Africains ne possédaient-ils pas des systèmes politiques originaux avant l'arrivée de l'homme blanc ?
Il y a une colonisation économique, une colonisation mentale, une colonisation politique et le travail politique consiste en s'en départir - par tous les moyens - sans en négliger les aspects qui renforcent nos propres convictions. Le développement d'une nation n'est pas lié à son mode de gouvernance mais à sa capacité à maîtriser ses atouts économiques : la Chine et le Japon, respectivement deuxième et troisième puissances économiques mondiales ne sont pas des démocraties mais rien n'empêche qu'un jour sur ce solide tissu économique se construise des démocraties originales.
8. Le financement. Nous estimons que nous pouvons quadrupler ou décupler le budget actuel du Congo pour l'amener entre 20.000 milliards de francs cfa et 40.000 milliards de francs cfa au moins, vu que 90% de notre économie est une économie souterraine. Nos mesures pour arriver à cette estimation sont simples et évidentes : l'appropriation et la gestion de la totalité de notre pétrole, de nos forêts, de nos minerais rares, le développement du tourisme, d'un capitalisme d'Etat à côté d'un capitalisme privé, l'exportation de notre énergie, le développement d'un vrai tissu industriel avec une agro-industrie performante.
9. L'indépendance monétaire : c'est au travers de la dépendance monétaire que se lit la poursuite de la colonisation française sur notre pays. Et à ce sujet, Kadhafi avait une vision panafricaniste car il envisageait de sortir les pays africains du carcan du franc cfa. L'objectif de la pleine maîtrise de notre économie est la sortie de la zone franc, d'une manière ou d'une autre...
10. Le dernier élément est en fait le premier : nous tablons sur une réforme globale de la justice congolaise car rien n'est possible si l'on ne passe pas par cette étape. Réforme de la Constitution, du droit civil, etc., tous ces changements se feront sans pour autant paraphraser le droit canon français. il s'agit pour nous d'envisager un système juridique original qui puiserait et dans nos traditions et dans les systèmes judiciaires existants en ne prenant que le meilleur de ceux-ci. La rigueur de la justice doit être sans faille si l’on veut éviter qu’un Hassan Mamad Hojeij vienne se moquer de nos magistrats en les traitant de corrompus parce que corruptibles. Tout magistrat doit être un homme intègre et une enquête de moralité doit être faite avant de l’installer dans le fauteuil de magistrat. Si l’institution judiciaire est solide, le reste suivra et nous ne pouvons faire du Congo une nation prospère que si le droit et la justice sont forts et reposent sur des bases intangibles.