COMMENTAIRE : Ce qui caractérisait le kémétiou ou Egyptien, c'était la recherche de la perfection dans la maat, l'équilibre cosmique incarné par le pharaon. Les Egyptiens se voyaient eux-mêmes comme les meilleurs des hommes. Quant aux Grecs, ils se prétendaient civilisés tandis que le reste de l'humanité représentait les barbares. Les Bantous n'ont pas souffert de la comparaison avec autrui pour se distinguer en tant qu'être humain : pour eux, l'homme idéal était celui qui vivait selon l'esprit du kimuntu, une sorte de repère absolu en deça duquel de trouvait le sauvage, le barbare, l'animalité et au-delà, le sage, l'homme inspiré des génies ou des dieux.
Lors de la Table Ronde du 1er novembre 2014, il nous a été proposé de traiter du thème : "L'esprit du kimuntu". Le document que je propose ici a juste été résumé lors de la Table Ronde. Il est entièrement publié pour que vous en preniez connaissance.
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L'ESPRIT DU KIMUNTU
( 1er NOVEMBRE 2014, LYON, TABLE RONDE, DAC/ Hôtel IBIS : CONVENTION POUR LA DYNAMIQUE DU RASSEMBLEMENT, LE RESPECT DE LA CONSTITUTION, DIALOGUE ET LA PAIX)
PAR LE LION DE MAKANDA MWAN' MINZUMB'
Allons droit au cœur du problème : Ce qui fait la grandeur, d'une culture, d'une société, d'un royaume voire d'un empire, d'une civilisation, c'est la valeur et la qualité des hommes qui en sont les composantes essentielles, les véhicules, des hommes en relation, pas des hommes vivant de façon égoïste mais de sorte à se rassembler pour former une chefferie, une tribu, une nation, un royaume, un empire ; ce qui suppose de solides facteurs de coexistence acceptés par tous. De même que l'on doit juger l'arbre à la qualité de son fruit, il faut apprécier la société à la qualité et à la valeur de ses hommes en relation. Il n'y a qu'à l'aune du comportement humain dans la société qu'il est possible d'apprécier la valeur et la qualité des mœurs, de l'intériorité des hommes rassemblés au sein d'une structure régie par des règles sociales admises par tous.
L'univers bantou qui nous a donné la vie a commencé à changer à partir de 1482-1483, quand Diego Cam ou Cao (le chien) découvrit l'estuaire du fleuve Congo – alors même que le grand royaume du Kongo s'était déjà subdivisé en plusieurs petits royaumes qui néanmoins reconnaissaient encore l'influence du Mani Kongo résidant à Mbanza Kongo. A son arrivée, il embarqua de force des autochtones pour les emmener au Portugal apprendre le portugais afin qu'ils servent plus tard d'interprètes - ce qu'ils firent un an plus tard.
Oserons-nous nous regarder en face et nous poser la question suivante : qui sommes-nous devenus depuis lors ? En effet, si l'Occident ne vint pas à nous voguant sur ses caravelles, notre destinée aurait certainement été bien différente. Nous sommes les héritiers des royaumes brisés de Loango, Kakongo, Tio ou Anzico (royaume téké du Makoko), Matamba (royaume des Yakas), Yombé, Benguela, Pongo (Gabon), etc, qui remontent pour certains au XII ième siècle, nous sommes tous les descendants de Mbonloundzou le roi Afourou qui se dressa face à Savorgnan de Brazza sur l'Alima, nous descendants de multiples chefferies composant la sphère bantoue. Que nous reste-t-il de ce ancien monde ou mieux de l'esprit de ce monde ? Des valeurs qui faisaient l'harmonie et la permanence des mondes anciens ? Avons-nous encore le souvenir de notre histoire, de ce qui a fait que lorsque Diego Cam surnommé Cao vint trouver des hommes qui vivaient paisiblement ? Pourquoi ces questions ? C'est parce que nous avons aussi été pliés au fer rouge de l'esclavage, de la colonisation, victimes d'une acculturation violente qui ne nous a plus laissé le soin de nous définir par nous-mêmes : nous versons désormais dans le mimétisme de la puissance coloniale – sans parvenir exactement au même résultat que la France depuis que nous sommes devenus prétendument indépendants.
Il n'y a pas eu rupture avec le système colonial mais continuité ; au contraire, nous avons rompu avec notre ancestralité comme Nzinga Mbemba connu sous le nom d'AFONSO 1er renonça à la religion de ses ancêtres en adoptant le christianisme des Portugais qui ne respectaient même pas les préceptes de l’évangile qu'ils prêchaient, les mêmes Portugais qui faillirent d'ailleurs l'assassiner dans une église parce qu'il s'opposait à l'esclavage. En fait, nous avions déjà en nous les racines du christianisme parce que cette religion prend racine en Afrique par l’Égypte qui initia Moïse dans les maisons de vie comme les savants grecs burent à la science de Kemet devenant plus tard la lumière de l'Occident.
Si nous vivions comme nos ancêtres, nos sociétés connaîtraient l'harmonie ou si la greffe coloniale avait pris, nous serions semblables aux Occidentaux avec une république, une démocratie et un mode de vie à l'occidental ; or il n'en est rien. Prisonniers d'une perturbation identitaire, nous ne pouvons ni revenir à notre passé, ni devenir ce à quoi nous aspirons : des citoyens, des républicains, des démocrates. Ce phénomène s'appelle acculturation hégémonique destructrice. L'Occident souffre d'un complexe de supériorité et n'accepte pas ce qui ne serait pas définie par sa civilisation et nous, nous souffrons d'un complexe d'infériorité pour avoir vomi notre propre culture, notre propre identité atavique sous le charme des produits manufacturés occidentaux. L'OCCIDENT est devenu la norme du monde par son « aryanité » ou « civilisation » envahissante et sait en imposer par la puissance du feu de ses canons si nécessaire ; il a même usé et abusé de la religion chrétienne comme instrument de domination : dominer par l'esprit pour dominer toujours. Les chaînes de l'esprit utilisées avec subtilité vous entravent à jamais...
Le travail que nous vous proposons veut juger l'arbre au fruit en regardant ce qui fait l'ADN des deux mondes entre lesquels nous sommes perdus, deux mondes qui cohabitent dans notre société congolaise au travers de la politique depuis cinquante-quatre ans. Avant de choisir, il faut comparer ce qui fait l'essence de l'Occident et ce qui caractérise l'Afrique profonde, le monde bantou, notre civilisation originelle.
Le savant Cheikh Anta Diop avait tiré la sonnette d'alarme sur le phénomène de l'acculturation en comparant les Africains à ces esclaves qui libres, ne savent plus où aller car habitués à penser selon les canons du maîtres au point où ils reviennent à l'endroit des fers. C'est plus grave nous concernant car nous étions chez nous, sur les terres de nos ancêtres : à l'indépendance, nous aurions pu choisir le modèle qui nous ressemblait le mieux au lieu d'imiter aveuglement l'Occident. Lorsque le crocodile entraîne une gazelle dans l'eau (son univers) ce n'est pas pour qu'elle nage comme lui mais c'est pour la noyer et la dévorer (un proverbe de mon cru).
Avant que nos colonisateurs ne nous définissent par la couleur de notre épiderme et ne nous disent que toute notre culture ne valait rien, notre arbre ancestral produisait des fruits appelés permanence, harmonie, générosité, partage, altruisme, prééminence du groupe sur l'individu, respect de la vie humaine élevée au piédestal de l'importance car l'homme valait pour nous plus que l'or et l'argent.
Cheikh Anta Diop a conclu à l'unité culturelle de l'Afrique noire en nous demandant de connaître notre passé pour entretenir le sentiment d'une continuité historique indispensable à la consolidation d'une nation multiethnique. Maurice Delafosse, administrateur colonial, africaniste et ethnologue français qui écrivit à propos des civilisations négro-africaines étudiées dans leur expression dénuée de toute influence étrangère, dégagea le trait dominant de la civilisation africaine :
« Tout, dans les institutions (africaines), semble fait en vue de la seule collectivité ; rien n'a été prévu dans l'intérêt de l'individu, pour les cas où cet intérêt ne se confond pas ostensiblement avec celui de la collectivité. De plus, aucune institution n'existe, que ce soit dans le domaine social ou dans le domaine politique, voire même en matière économique, qui ne repose sur un concept religieux ou qui n'ait la religion pour pierre angulaire. Ces peuples, dont on a parfois nié qu'ils eussent une religion, sont en réalité parmi les plus religieux de la terre. Les préoccupations d'ordre divin l'emportent chez eux, le plus souvent, sur les préoccupations d'ordre purement humain. (1925, page 11)»
Collectivisme, religiosité, voilà deux aspects que notre administrateur colonial a repéré chez les Africains, des signes d'une primauté du groupe sur l'individu qui empêche toute exploitation de l'homme par l'homme.
VOUS POUVEZ FAIRE LE CONSTAT QU'IL N'EXISTE AUCUNE HARMONIE LA OU L'INDIVIDU EST SUPERIEUR AU GROUPE : TOUT SYSTEME DE CETTE NATURE CONDUIT INELUCTABLEMENT A LA DICTATURE, A L'INJUSTICE, A L'EXPLOITATION DE L'HOMME PAR L'HOMME, A LA DESTRUCTION DE LA NATURE ET ABOUTIRA A LA FIN A LA PERTE DE L'HUMANITE.
Notre prétention n'est pas ici de considérer tout le continent africain mais de juste nous attarder sur la sphère bantoue dont nous faisons partie laquelle renvoyait déjà dans l'esprit de William Graham Lister RANDLES à une «civilisation» dans la mesure où les Bantous avaient maîtrisé le fer, la poterie et avaient commencé à s'implanter d''ouest en est jusqu'en sud de l'Afrique où on les retrouve (Zulus, Xhosas, etc) mêlés aux populations locales.
De toutes les recherches que nous avons faites, il ressort qu'il est possible d'établir l'esprit, c'est-à-dire, l'intériorité, le moteur psychique, la vision du monde, qui guidait la conduite sociale des anciens Bantous, conduite sociale qu'ils appelaient kimuntu en opposition à l'animalité, à la barbarie. Avant, il convient de saisir le sens du concept muntu. Pour cela, nous allons nous fier d'abord à ce que le révérend Placide Frans Tempels en dit dans son livre : « La philosophie bantoue ». Il résume ce qui caractérise le muntu en ces termes :
“ 1 - La vie, la vie intense, la vie pleine, la vie forte, la vie totale, l’intensité dans l’être ;
2 - la fécondité, la paternité et la maternité, une fécondité grande, intense, totale, non pas seulement physique ;
3 - l’union vitale avec les autres êtres ; l’isolement nous tue.”
C'est que le muntu est un être très pénétrant. Tempels parle de rencontrer l'autre jusqu'à l'âme ! Il en ressent une joie immense car il perçoit dans cette vision du muntu le véritable sens de l'être humain, son essence même. Et pour vous faire comprendre que le christianisme véritable se trouvait déjà chez les Africains, voici ce qu'il dit :
“ Ce fut une nouvelle joie pour nous deux de découvrir que nous nous ressemblions et que, de plus, nous commencions à nous “rencontrer” jusque dans l’âme. Et moi, qui croyais qu’après avoir découvert la personnalité bantoue j’aurais eu à redevenir le pasteur, le chef, le docteur, désormais maître d’une technique, d’un langage adapté pour “enseigner” le christianisme, je vis tout-à-coup que dans cette rencontre d’homme à homme, d’âme à âme, d’être à être, nous avions évolué d’une connaissance réciproque à une sympathie, et enfin à l’amour… et que précisément le christianisme venait de naître et avait déjà commencé ”.
Jean-Baptiste Labat va jusqu'à qualifier le christianisme qui prit forme à Mbanza kongo de « chétienté aussi pure » que l'on pouvait espérer dans un climat comme celui-là. Pourquoi ? Parce que les dispositions de l'esprit du kimuntu faisaient que les principes chrétiens prennent corps avec la chair du fait qu'il n'y avait pas chez les Bantous d'un côté l'homme et de l'autre les préceptes de la religion. Ces chrétiens parfaits furent pourtant traités en esclaves par les Portugais qui avaient fait de la religion un instrument de domination...
Le révérend Père Placide Frans Tempels n'avait même pas enseigné une ligne de son catholicisme ! Lorsque je vous dis que nos ancêtres étaient déjà chrétiens dans l'âme et que nous n'avions pas besoin d'une nouvelle religion, il est bon que les mots sortent de la bouche de ceux qui vinrent à nous en nous bernant parce que la spiritualité qu'ils nous proposaient, nous la possédions déjà, celle-là même que nous léguâmes au monde au travers de la fille cadette de l'Afrique noire : l'Egypte. En fait, pour eux, la religion n'était qu'un instrument de domination. Du christianisme, on passa à l'esclavage et à la colonisation à partir de 1885. Vous connaissez le reste de l'histoire.
Qu'est donc la philosophie bantoue prônée par Tempels ? Voici comment il est possible de la résumer :
D'après Tempels, la philosophie bantoue définit l'«être» comme une «force».
Il oppose en cela la vision occidentale de l'être, caractérisé par un ensemble d'attributs statiques, à la vision dynamique basée sur les forces. En effet un être peut être renforcé ou diminué par d'autres forces (d'autres êtres) qui l'influencent.
Pour Tempels, ce que les colonisateurs voyaient comme des croyances surnaturelles et magiques, se révèle selon la philosophie bantoue, comme une expression parfaitement naturelle et logique d'une vision de la vie basée sur les forces.
Cependant, qu'est-ce qui caractérise le muntu, cette force vitale qui se renforce dans l'autre, dans le clan et dans toute la société ? Un mot sous-tend ce que Placide Frans Tempels appelle la philosophie bantoue : le kimuntu avec des variables comme bomoto en lingala, tsimuntu, imuntu, imutu, imburu, ubuntu, entre autres concepts.
Le préfixe « Ki » désigne une qualité une nature tandis que l'article, le déterminant « Mu » indique juste le singulier. La racine ici est le « NTU » ou tête par analogie à pensée. Les Bantous sont donc les membres de l'espèce humaine qui définissent l'homme par son essence cognitive comme s'ils avaient depuis longtemps compris le « Je pense donc je suis » de Pascal.
S'il fallait définir le kimuntu nous dirons ce qui suit :
« Par kimuntu nous entendons la manière dont les Bantous se perçoivent dans l'idéal humain, celui qui les distingue de l'animalité et de la barbarie comme un point de repère qui dans le négatif concède à l'animalité et la folie et au delà à la sagesse et au divin. C'est la vision ontologique qui consiste à placer l'individu perçu comme une force vitale, la personne humaine au piédestal de l'importance bien plus que l'or et l'argent - un individu qui ne trouve sa justification qu'en tant que membre d'un tout social qui le transcende, le renforce, un homme qui ne saurait se définir sans une référence au groupe, au tout social - au risque de s'affaiblir en sa qualité de force ».
Il est évident que dans une telle vision de l'essence humaine, la préservation de toute vie devient la règle cardinale, tout le reste étant relégué au plan symbolique. Si l'Occident travaille sur une idéologie d'enrichissement matériel personnel qui apporterait ensuite à la société par ricochet, la société kimuntiste œuvre à la préservation de l'homme par le groupe c'est donc une option inverse : la richesse étant d'avoir de nombreux enfants ou étant entouré de nombreux membres de sa famille au sens lignager ou au sens clanique.
Nous voulons nous rassembler. Soit ! Sur quelle base ? Les mutations sociales nous imposent de tenir compte du changement global mondial. Cependant, ce changement extérieur nous impute-t-il de perdre toute notre âme ?
Allons-nous poursuivre les travers qui durent depuis cinquante-quatre ans ou tenterons-nous de choisir en connaissance de cause, de façon éclectique, le meilleur des deux mondes ? J'ai déjà émis la thèse que la solution des problèmes de l'Afrique se trouvait peut-être dans une sorte de synthèse que j'ai appelée : «LA TRADI-REPUBLIQUE» que je ne développerai pas ici, la problématique de cette table ronde étant la recherche des facteurs de rassemblement pertinents.
Aucun pays ne se développe sur la base d'une identité totalement extravertie : si par son côté industriel tout développement conduit à embrasser une certaine modernité scientifique et technologique – notamment sur le plan infrastructurel, rien ne nous oblige à partager l'esprit d'égoïsme, de destruction, de lucre, de division qui semble conduire la planète à sa perte, véhiculé par l'Occident comme seule voie possible de développement humain et sociétal. Sur le plan superstructurel, nous avons d'autres possibilités qui pourraient mieux nous correspondre et nous rassembler.
Afin de comprendre la civilisation occidentale et la civilisation bantoue (W.G.L. Randles, Luc De Heusch) basée sur le kimuntu, faute de temps, nous avons élaboré un tableau comparatif pour mieux dégager les facteurs qui constituent les deux mondes (il s'agit de l'Occident et de la sphère du kimuntu avant que l'acculturation ne sévisse ) :
CONCEPT | OCCIDENT | SPHERE DU KIMUNTU |
Société | État-cité au commencement selon Cheikh Anta Diop : société orientée sur l'exploitation de l'homme par l'homme, sur le travail salarié, sur la propriété privée. L'apparition d'un Etat central vient résoudre les querelles entre les États-cités. L'espace appartient à des Seigneurs. On passe des serfs aux ouvriers. La société est constituée des vivants d'abord. | État territorial (Cheikh Anta Diop) appartenant à tous. Société conçue comme une alliance de clans au travers de la pratique de la prohibition du mariage intra-clanique en plus de la prohibition de l'inceste. L'homme est libre de ses activités et s'il possède quelques biens, il se doit de partager avec les autres le surplus de son travail (chasse, pêche, cueillette, etc.). La société bantoue est constituée des morts, des vivants et de ceux qui vont naître dans un trait d'union permanent. |
Homme | Individu avec des attributs statiques, qui se définit et travaille d'abord pour son propre intérêt en participant de façon institutionnalisée à la bonne marche de la société, l’État prenant en charge les problèmes et les besoins de tous. Certes, il est fils ou fille d'une mère et d'un père mais à partir de dix-huit ans, il n'est plus tenu de faire partie de la cellule familiale. | L'individu conçu comme une force n'a pas de sens sans son lignage, son clan, sa société : le groupe dans lequel il est inséré passe avant sa personne. Le groupe participe collectivement à la survie et à l'éducation de l'individu qui n'a pas qu'une seule mère ou un seul père mais toute une lignée de mères qui s'étend par le clan de celle-ci et un clan paternel capable de pallier à la disparition du père. |
Religion | il y a d'un côté les principes religieux et de l'autre les enjeux individuels qui peuvent pousser l'individu à ne pas les respecter au nom de ses intérêts. La religion notamment chrétienne est utilisée comme un facteur de domination des peuples à conquérir. | L'homme et les principes religieux sont UN : les principes religieux sont des champs de force qui habitent l'homme en tant que forces spirituelles qui renforcent sa force vitale. Les objets rituels sont les véhicules des forces, des génies car la religion s'élève difficilement au niveau du Dieu suprême qu'on estime trop important. Forte propension mystico-religieuse. |
Loi | Écrite sous la férule de l'autorité suprême de l’État ou du roi. Ici, on tranche le litige mais on n'essaie pas du tout de réconcilier les parties ou de raccommoder la relation sociale déchirée par les tensions sociales. Le juge tranche entre individus en ne faisant pas cas de sentiments ou de la promiscuité voire de la relation de parenté entre individus. | Orale : tradition conservée par cœur au fil des générations ; recherche de solution en s'inspirant de la façon dont les anciens se comportaient face à la même situation d'où une certaine permanence mais si la situation est nouvelle, recherche collective de la solution. On juge les affaires toujours dans le sens de la conciliation, la préservation de la relation sociale étant privilégiée. |
Critère d'importance sociale | L'argent, l'or, les biens matériels. Les hommes dans une compétition de classes pour valoir plus que les autres au travers de biens matériels accumulés et de signes extérieurs de richesses distinctifs (maisons, biens, véhicules, etc.) | L'homme est le bien de prestige le plus important et non les biens matériels. On ne cherche pas à se distinguer les uns des autres mais plutôt à converger vers une uniformité sociale. La valeur d'un homme vient de toutes les vies humaines qui l'entourent |
Mode de production | Capitaliste : subordination de l'homme par l'homme : esclavage, travail salarié. Développement d'un outillage approprié pour mieux produire, surtout pour produire plus et générer plus de profit. | production d'autosuffisance, production partiellement collective : chasse, pêche. Pas d'exploitation du travail d'autrui mais règle implicite de partage du surplus à la communauté, d'où le faible niveau de thésaurisation. |
Dynamique sociale | Compétition sociale, guerres (Croisades de 1095-1200), coups d’État, compétition politique, esprit de domination économique et sociale. | Esprit grégaire, uniformité sociale, pas d'esprit de compétition ou de domination, la guerre étant plus défensive que conquérante. |
Base relationnelle | Famille restreinte, travail salarié, amitié, rapports intéressés, affairisme. | Le clan est la base relationnelle à partir de laquelle on définit son identité. |
Attitude sociale | Égoïsme, thésaurisation, propriété privée, compétition sociale, politique, économique, militaire. Il n'y a rien de gratuit, rien pour rien. | Esprit de partage, de générosité, esprit désintéressé, les biens matériels n'étant pas plus importants que l'être humain. On donne sans attendre quoi que ce soit en retour – juste pour renforcer et préserver l'être humain |
Attitude vis-à-vis de la nature | Exploitation effrénée des richesses en vue de thésaurisation ou pour générer un grand profit d'où la production industrielle. L'homme doit transformer la nature ; ce qui amène à sa destruction. La nature est remodelée à l'image de l'homme | Respect de la nature : on ne prélève que l'essentiel. Pour le bois de chauffe par exemple, on ne ramasse que le bois mort. L'homme vit en harmonie avec la nature qui se conçoit comme un ensemble de forces naturelles et surnaturelles. |
Régime politique | Royauté à l'époque de la rencontre, le souverain imposant impôts et taxes au peuple pour entretenir son armée, sa cour, ses courtisans, ses palais | Royauté au moins depuis le XII ième siècle. Des royaumes vassaux assez indépendants, le roi prélevant juste quelques produits du travail du peuple ; il possède ses propres champs entretenus par ses nombreuses épouses. |
Transmission culturelle | Scripturaire (écriture), éducationnelle (école, université) | Orale, initiatique, mythique, contes, proverbes |
Justice | Institutionnalisée ; ne traite que le délit, l'infraction, le crime, le litige | à tendance réconciliatrice : on traite le litige sans oublier de raccommoder la relation sociale perturbée, déchirée. |
Organisation sociale | Très hiérarchisée en classes sociales qui sont en lutte | Très faible organisation en classes sociales ; seule une noblesse existe |
Ceci dit, nous voilà assez informés pour enfin délibérer et choisir dans quel type de société nous voulons vivre car il faut bien connaître les valeurs qui vont présider à notre destinée.
L'argent résume la logique occidentale marchande, c'est-à-dire, la logique capitaliste, elle qui a créé ce que j'appelle "la misère établie" que l'on camoufle sous le vocable « chômage » – alors qu'au Congo ancien, personne n'était pauvre, le chômage n'existant pas, la nature et la société étant à la disposition de tous et de chacun. L'argent a rendu possible l'exploitation de l'homme par l'homme d'une autre manière : en obligeant l'homme à entrer dans la servitude par lui-même faute d'argent – (relation de subordination par le travail) alors qu'il (l'argent) ne devait constituer qu'un objet d'échange universel. Si la vie n'est plus possible sans l'argent, celui-ci devient l'élément distinctif des hommes et même de leur constitution en classes. La société capitalisme est une société du superflu où l'on produit mécaniquement des biens en surnombre – sans se demander si la société en a vraiment besoin et en quelles quantités, où l'on exploite aveuglément la nature - sans se soucier du devenir des choses, sans s'interroger sur ce qui est le plus important, ce qui est vraiment nécessaire – tout cela juste pour gagner de l'argent - et c'est ce modèle-là, cette folie-là, qui jette plus qu'elle ne consomme, qui détruit la planète pour l'enrichissement de quelques-uns que le monde suit ! Il est évident que ce modèle de développement conduira l'humanité à sa perte, les matières premières et les ressources naturelles s'épuisant rapidement dans un gâchis car 20% de l'humanité consomment 80% des ressources de la planète...
Les sociétés traditionnelles bantoues jusqu'aux royaumes Kongo, Kakongo, Loango, Pongo, Yombé, Benguela, Matamba, etc, brillaient par un fait : personne n'exploitait personne – même si les rois prélevaient en toute modération une partie du travail du peuple. Personne ne souffrait de la maladie de vouloir posséder plus que nécessaire - ce que les écologistes européens actuels découvrent à peine à partir de la notion de "facture énergétique"qu'il faut bien entendu étendre à toute forme d'énergie, y compris l'eau et la nourriture et pas seulement le pétrole, le gaz, et les autres énergies fossiles.
Il faudra un jour créer des écoles du kimuntu à l'image des écoles de la maat en Egypte, écoles qui enseigneront à nos enfants l'essence de la culture africaine originelle pour que l'Afrique se réconcilie avec-elle même : constatez combien il est difficile aux Africains de vivre selon des principes allogènes puisque même la fameuse démocratie ne nous réussit pas. Depuis 54 longues années pour ne parler que du Congo !
Pendant que l'histoire de l'Europe - avant la rencontre - avec l'Afrique est sans cesse ponctuée de guerres bien avant le Moyen-Age, seul l'esprit du kimuntu peut expliquer que l'Afrique ait connu une histoire si paisible loin des convoitises matérielles car lorsque vous avez placé la vie humaine au piédestal de l'importance, il ne vous viendra même pas à l'idée de guerroyer avec votre prochain pour lui prendre des vaches, ses champs ou quoi que ce soit de matériel. Hélas, il y a eu l'histoire, c'est-à-dire, la rencontre musclée des mondes qui a vu le triomphe du plus fort et non du plus sage : seul le violent avait prévu de créer une arme cracheuse de mort pour asservir son semblable. Nous ne pouvons pas refaire l'histoire, n'est-ce pas ? Alors, travaillons à la rendre plus digne.
Ce n'est pas par le commerce ou l'industrie que l'Afrique prospérait car il n'y avait pas de travail rémunéré ou l'exploitation de l'homme par l'homme : c'est par le système de relations suscitées par le kimuntu que l'Afrique prospérait démographiquement. L'Afrique ignorait l'accumulation et la thésaurisation qui aboutit en Europe au gaspillage de nourriture, par exemple. Je ne peux ici entrer dans toutes les nervures du kimuntu – faute de temps...
Hélas, le kimuntu n'est plus le principe structurant des sociétés bantoues dont les royaumes ont été complètement démembrés en 1885 lors de la Conférence de Berlin consacrant la perte de nos souverainetés sur les terres de nos ancêtres. Nous avons adopté consciemment ou inconsciemment la culture du conquérant, du colon sans totalement l'assimiler. Nous avons accepté de nous voir comme l'Occident voulait qu'on se définisse – en évacuant tout ce qui constituait notre véritable intériorité, notre vision du monde. Et surtout, nous avons accepté de prendre la place de dernier de la classe, de soumis, d'esclaves que l'on voulait qu'on occupe. Nous aurions pu réussir notre indépendance si les pères de l'indépendance avaient décidé de retourner aux arcanes de notre civilisation d'origine, à ce qui faisait notre essence bantoue, notre humanessence, c'est-à-dire, notre kimuntu.
Désormais, nous sommes des individus au sein d'une république, des êtres en compétition sociale les uns contre les autres au lieu de coopérer comme le faisaient nos ancêtres. Pourquoi ? Pour un accès individuel aux richesses mises en commun lors de la constitution de la république du chacun pour soi.
Nous avons abandonné les religions de nos ancêtres qui contenaient les préceptes prêchés par le christianisme à savoir : unité entre l'homme et la doctrine, crainte de Dieu, amour du prochain, respect et entretien de la vie, générosité, partage, compassion, esprit désintéressé, ne pas faire à autrui ce qu'on ne veut pas qu'il vous fasse, etc. En ce qui me concerne, je préfère une religion qui produit l'amour du prochain qu'un christianisme qui débouche sur la traite négrière et sur la colonisation. N'oubliez pas que l’église catholique sanctifia l'esclavage et posséda même des esclaves...
Nous avons abandonné notre identité qui était avant tout clanique, les clans étant liés entre eux par des alliances inviolables qui maillaient la société entière comme un tissu de solidarité totale.
Nous avions l'homme comme bien de prestige suprême au piédestal de l'importance ; nous versons désormais dans l'adoration du culte de l'argent, des choses matérielles qui n'avaient pour nos ancêtres qu'une valeur symbolique. Hélas, comme Eve qui succomba devant l'attrait de la pomme, notre civilisation a été séduite par des bibelots, des produits manufacturés venus d'ailleurs.
Notre mal est diagnostiqué : nous souffrons de ce que j'appelle le « le syndrome de Spartacus », tendance qu'a l'esclave ou le colonisé une fois libre ou libéré à vouloir à tout prix ressembler à son ancien maître.
Désormais la personnalité individuelle l'emporte sur la personnalité grégaire clanique, sociale qui émaillait la société qui n'était en fait qu'un ensemble de clans liés les uns aux autres par des liens culturels, historiques, matrimoniaux (les mariages au sein de son propre clan étant prohibés), spatiaux.
A l'indépendance, nous aurions pu construire une nation qui nous ressemble en nous rassemblant sur la base du kimuntu-bomoto-imburu-tsimuntu. Au lieu de cela, nous avons détourné nos traditions dans le seul but de la conservation du pouvoir en divisant ce qui était uni pour mieux régner.
Il faut comprendre ce qu'est le clan qui nous confère le statut de mushi ou mussi : c'est une structure pénétrant toutes les ethnies, tout les cultures, tout l'espace national : il y a des Makandas dans le Pool, au nord, à l'ouest, à l'est : il suffit pour cela d'épouser une femme du clan Makanda. Si je vais aujourd'hui au Gabon, les membres du clan Makanda me doivent une solidarité automatique. Il aurait suffi de créer notre nation à l'indépendance sur le modèle de la logique clanique.
Aujourd'hui, nous avons honte d'être nous-mêmes au nom d'une certaine modernité qui est violence physique (guerres), violence économique (compétition entre entreprises, entre nations), violence sociale et politique, destruction de la nature et de l'environnement voire de la planète tout entière.
Voilà cinquante-quatre ans que nous ne parvenons pas au développement que l'Occident nous avait promis. Nous n'avons jamais pris le soin de nous asseoir, de nous regarder en face pour discuter de la qualité du chemin que nous avons emprunté depuis l'indépendance. Loin de moi l'idée de nier les progrès réalisés grâce à notre remorquage à l'arrière-train de l'Occident mais nous pouvons faire en sorte que l'esprit qui régit la république ne soit plus celui de l'individualisme, du profit, du capitalisme mais celui du kimuntu-bomoto-imburu-tsimuntu. Si hier, le kimuntu rassemblait des hommes, des peuples qui vivaient en toute harmonie, nous avons le devoir de ressusciter notre essence, notre kimuntu pour résoudre à jamais nos problèmes.
Rassemblons-nous autour du principe qui faisait que nos ancêtres bantous se ressemblaient en organisation, en générosité, autour de l'homme, pierre d'angle universel d'un monde en paix avec lui-même. Voilà que même l'Europe se rassemble autour d'une identité passée. L'Asie fait la même chose. Nous n'avons pas le choix : il nous faut redevenir nous-mêmes faute de quoi nos nations sont vouées à disparaître ou à être asservies à nouveau si ce n'est déjà le cas. Le passé, notre passé, est la solution. Pas seulement pour nous : pour la terre entière. Si l'on ne reconditionne pas l'homme, ce monde subira le sort de l'Atlantide....
J'ai fait un rêve où nul ne souffrait au Congo du fait qu'il était né quelque part, dans quelque région, de quelque ethnie, de quelque condition.
J'ai fait un rêve où la soif de justice de tous les fils du Congo était étanchée parce que l'esprit du Kimuntu régnait sur toute la surface du Congo. Tous avaient les mêmes droits et les mêmes devoirs. Tous étaient solidaires les uns des autres comme au temps des ancêtres.
J'ai fait un rêve où les fils du Congo mangeaient les fruits de la terre du Congo en abondance, de sorte que personne ne souffrait de faim, comme au temps des ancêtres.
J'ai fait un rêve où les fils du Congo exploitaient eux-mêmes les ressources de leur nation parce que les "Fils du Savoir et de la Connaissance" étaient rentrés porter assistance au pays.
J'ai fait un rêve où les fils du Congo étaient fiers d'être Congolais parce qu'ils étaient redevenus eux-mêmes par la puissance du Kimuntu qui animaient nos ancêtres.
J'ai fait un rêve dans lequel les arbres redonnaient aux hommes les secrets de la médecine des anciens parce que les forêts étaient protégées comme des trésors nationaux.
J'ai fait un rêve dans lequel le reste des nations de la terre louait la sagesse du Congo et venait y prendre des cours de kimuntu comme on venait s'abreuver de sagesse en terre de Kemit (Egypte).
Pour que ce rêve se réalise et devienne prémonitoire, il faut :
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Que nous prenions conscience que nous sommes tous les fils d'une même civilisation bantoue avec le kimuntu-bomoto-imburu-Tsimuntu-imutu-ubuntu en héritage, un principe que nous devons réinstaller au centre de gravité de notre vision du monde ;
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que nous revenions aux valeurs de nos ancêtres au lieu de céder au complexe d'infériorité issu de l'acculturation occidentale (créer des centres d'étude de la culture du kimuntu : éthique, comportement, attitudes, pratiques solidaires, etc.) ;
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que nous estimions que toutes et tous, nous avons droit à la vie et à tout ce qui fait une existence décente ;
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que les ressources que nous avons mises en commun doivent profiter à tous les enfants du Congo ;
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qu'ensemble nous sommes le POUVOIR et qu'il nous est possible de barrer le chemin à tous ces dictateurs qui ne sont là que pour servir leurs propres intérêts, ceux de leur clan et ceux des puissances du monde ;
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Voir l'Europe se rassembler autour de son histoire, de sa culture et de sa civilisation doit nous inciter à revenir à ce qui nous constituait au lieu de ne voir dans les autres que des adversaires politiques parce que divisés parles Occidentaux ;
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que la parole donnée – notamment écrite sur les tables constitutionnelles ne soit jamais violée surtout lorsqu'on a prêté le serment de défendre ladite constitution ;
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qu'il nous faut défendre notre pays, nos intérêts contre l'appétit et la cupidité des puissances du monde qui veulent continuer à nous asservir au travers de nos propres frères ;
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revoir le sens de notre histoire et le tourner vers nous-mêmes : il s'agit de réhabiliter notre histoire, nos valeurs, notre culture et montrer qu'au-delà de nos différences par ailleurs minimes (subtilités linguistiques, quelques différences rituelles) , il y a plus de choses qui nous rassemblent ;
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faire du Congo un super clan : BISSI CONGO qui serait au-dessus de tous les clans en conservant les mêmes exigences ataviques : générosité, solidarité automatique entre Congolais, assistance automatique, aide à l'intégration à tout migrant congolais, bref, faire en sorte que les Congolais deviennent partout où ils se retrouvent une force de proposition, de création, d'initiatives (entreprises, dons) pour le Congo.
Nous avons en partage une terre, une histoire, une culture, une civilisation communes. Regardons vers notre passé car c'est lui qui nous dit que nous sommes tous issus d'un même ADN : celui des proto-Bantous. Nous avons obligation à défendre notre pays pour que les générations futures ne pâtissent pas de notre lâcheté. Nous pouvons prouver au monde que nous sommes la source de l'humanisme en revenant à nos fondamentaux. Si nous poursuivons dans ce que j'appelle le syndrome de Spartacus, la cupidité détruira le Congo.
Il faut que les Congolais parlent aux Congolais dans un esprit bienveillant parce que d'où que l'on provienne selon le hasard des naissances, nous partageons un destin commun. Il est temps que ce nous avons en commun nous rassemble et que les quelques différences des uns et des autres nous enrichissent.
Qu'on se souvienne de l'Egypte qui même conquise n'abandonna pas sa culture, son système politique, sa religion et imposa que les envahisseurs hyksos, romains ou grecs s'égyptianisent. Il a manqué à nos ancêtres et à nos pères d'assumer leur culture atavique ; nous devons revenir à la règle d'or du kimuntisme pour nous rassembler dans une société où l'égalité et la justice sociale ont un sens. Qu'il vous revienne à l'esprit ce peuple juif qui malgré l'esclavage, les déportations, les persécutions, ne renonça jamais à son identité. Aujourd'hui, il dirige le monde !
Nous avons par complexe d'infériorité abandonné notre culture, notre propre identité – alors que la culture occidentale est violence sociale, guerres, domination, asservissement d'autres peuples au nom d'une civilisation prétendument supérieure qui épuise les ressources de la planète, provoque le rétrécissement de la couche d'ozone et risque de conduire ce merveilleux monde au bord du précipice.
A l'instar de la maat, son équivalent en Egypte (Kemet pour les Kemetiou ou Mizraïm dans la Bible), le kimuntu fut un principe de permanence, de cohérence, de paix, de démocratie, de stabilité de toute la sphère culturelle bantoue. C'était le plus solide ciment social, le principe actif vertueux qui instillait une façon d'être, de sentir, d'agir respectueuse de la vie, de la nature, de l'homme et de la société dans l'égalité, la justice et la fraternité véritables. Nous souffrons pour avoir renoncé à cette dimension qui nous caractérisait au profit de l'individualisme et de la matérialité et de l'accumulation du superflu matériel. Le kimuntu est en soi un principe rassembleur à condition que chacun réveille le sien en son for intérieur pour que nous construisions ensemble un avenir et une société qui regardent le peuple congolais en face au lieu de lui tourner le dos. Les réponses à nos problèmes se trouvent dans notre glorieux passé que nous n'avons jamais pris la peine d'étudier pour nous en inspirer.