Le Général Jean François Ndenguet est peut-être l’officier qui aura été le plus longtemps chef de la police congolaise. Il est à la tête de cette institution depuis 1997. Mais la plupart des officiers ne l’apprécient pas car ils pensent que sa nomination ne s’était pas faite en fonction du mérite mais sur une base d’appartenance tribale, et aussi en récompense pour son rôle présumé dans le renversement – en 1997 – du deuxième président démocratiquement élu du Congo, le Professeur Pascal Lissouba.
Le premier président démocratiquement élu du Congo était le Révérend Père Fulbert Youlou. Même loyalistes inconditionnels du Président Denis Sassou Nguesso ont des doutes sur le rôle joué par le général Jean François Ndenguet pour le retour au pouvoir de leur héro en 1997. Ceux qui doutent de sa loyauté disent que tout ce que Ndenguet, était de prendre part, en 1999, au massacre du Beach, le massacre des réfugiés congolais rentrant d'exil de la RDC.
Le Général Jean François Ndenguet était un ancien responsable du service d'immigration et avait également travaillé à l'ambassade du Congo à Kinshasa. Quelle a été sa fonction à l'ambassade du Congo à Kinshasa ? Sur cette question, les détails sont encore très vagues.
C’est un homme affable qui aime prendre soigner son apparence comme si il était un mannequin. L'autre chose avec Jean François Ndenguet, c’est qu’il n'a pas de personnalité. Outre le fait de se prendre pour un modèle, il passe aussi son temps à essayer de ressembler au président Denis Sassou Nguesso. Mais derrière son sourire, son air charmant et ses sombres lunettes de soleil, le chef de la police congolaise est un homme violent qui, néanmoins, tient ses promesses, et il est ponctuel.
Style KGB
Il a un complexe d'infériorité caché qui s’affiche chaque fois qu'il rencontre des personnes instruites, peut-être parce qu'il est conscient d’avoir sous sa responsabilité des officiers plus instruits et mieux formés que lui-même.
Pour impressionner les personnes instruites qu’il rencontre, il aime agrémenter ou assaisonner ses conversations en citant des célèbres philosophes français. Il fonctionne comme un agent du KGB, ayant des indicateurs infiltrés disséminés un peu partout, écoutant les conversations de ses collègues ainsi que celles des journalistes. Il adore enregistrer des conversations téléphoniques. Il aime également élaborer des conspirations contre ses rivaux, il voit des menaces partout et il est très zélé. Il n'aime pas non plus les journalistes indépendants et la liberté de la presse. Il déteste les Occidentaux, surtout les Français et les Américains, il n’aime pas non plus les ONG ou les organisations des droits de l’homme.
Pour lui, chaque journaliste indépendant est un espion. En réalité, il a peur qu’un journaliste libre et indépendant puisse découvrir ses actions néfastes dans la ville et dans tout le pays. Dans chaque salle de rédaction, il a un ou deux journalistes qui lui rapportent directement tout ce qui est dit à propos de lui et de la police. Il espionne aussi tous les dirigeants politiques, qu'ils soient du parti au pouvoir ou de l'opposition.
Cependant, les personnes pour qui il a un grand intérêt sont les leaders de l'opposition dont les conversations téléphoniques sont constamment enregistrées. Il aime que n’importe qui ou n’importe quelle institution, au Congo, soit attaqué par la presse, ou fasse l’objet d'enquête médiatique, mais pas la police. Il est un manipulateur professionnel, il finance les mouvements syndicaux et il veut tout contrôler, juste pour montrer qu'il est indispensable.
Intimidation
Le 31 Janvier de cette année, il a demandé au colonel Bakala Mayinda, le responsable du service spécial de la police, de me contacter par téléphone pour un interrogatoire. Il était environ 14 heures et quand je suis arrivé au bureau du colonel, il m'a dit que je devrais cesser de critiquer la police. Mais M. Bakala était un officier aimable et professionnel ; il n'a jamais voulu exécuter, à la lettre, les ordres de son patron parce qu'il estimait qu’ils étaient sans fondement. Cela signifie simplement que tous les agents qui travaillent au sein de la police congolaise ne sont pas auteurs de violations des droits de l'homme.
Prenant part comme contributeur dans un programme matinal appelé « Ça Discute Le Matin », diffusé sur MNTV et animé par Gustelle Klaire, j’avais eu des propos élogieux concernant le colonel Gérard Yengo, l'auteur du livre sur l’influence négative des églises évangéliques au Congo ; et j’avais aussi complimenté le colonel Jean Aive Alakoua, ce qui n’était pas du goût de Jean François Ndenguet qui en était furieux.
Je ne savais pas que Jean François Ndenguet avait une aversion pour ces deux officiers. Quoi qu'il en soit, ce que j’avais dit ne justifiait pas sa colère, car je disais que ces colonels étaient d’excellents officiers qui étaient à la maison à ne rien faire. C’était vrai et ça l’est encore aujourd'hui.
Puis le même jour, un de mes collègues, dont je ne vais pas mentionner le nom, m’a appelé pour me dire que, le directeur du cabinet de Jean-François Ndenguet, le dénommé Oxance Langa, lui avait demandé de dire que: si je (Elie Smith) disparais, ce serait une bonne chose, en d'autres termes, Jean François Ndenguet voulait ma mort ou complotait mon assassinat. Je l'ai pris au sérieux, car il y a déjà eu deux journalistes congolais qui ont perdu leur vie dans des circonstances mystérieuses dans ce pays ; il s’agit de Bruno Ossebi, brûlé dans sa maison avec ses deux enfants, et le second c’est Joseph NGOUALA.
bourreau pour ses voisins
Jean François Ndenguet aime la popularité et s’est autosurnommé : Tigre. Il est violent, bat régulièrement sa femme, il aime la musique et les musiciens de la RDC. Alors qu'il n’est pas respecté par les autres officiers qui le considèrent comme un lâche, ses amis d'enfance le décrivent comme rusé, fier et violent.
A propos de la supposée lâcheté du général Jean François Ndenguet, un officier de police a déclaré, lors du procès du colonel Marcel Ntsourou, qu’il (Jean François Ndenguet) avait partiellement pris part au complot qui avait occasionné la chute du colonel Ntsourou, après les explosions survenues le 4 mars 2012, dans un dépôt de munitions au nord de Brazzaville. Jean François Ndenguet avait été convoqué par les juges afin qu’il aille donner son témoignage sur ce qu'il savait contre le colonel Marcel Nstourou. Au lieu d'aller témoigner devant le tribunal, il avait plutôt décidé d’aller se réfugier dans son village, demandant à un autre officier de police d’aller le représenter.
La personne ou l'agent de police qui m'a donné cette information pense que c’était un acte de lâcheté. Mais moi, je pense que ça ne l'était pas. Je pense qu’il s’était juste comporté comme le félin qu’il se dit être.
Ses espoirs, et c’est ce qu'il dit à qui veut l'entendre, c’est qu’il veut devenir soit le ministre de la sécurité intérieure, soit le ministre de l'Intérieur. Le Général Jean François Ndenguet, comme la plupart des officiers de l'armée et de la police congolaise, est un homme d'affaires qui utilise sa position pour extorquer des hommes d'affaires et des investisseurs.
Homme fier
C’est un homme très fier qui aime le m’as-tu-vu. Une fois, il m'avait emmené visiter son immense manoir en cours de construction dans le quartier populaire de Ouenzé, et il m'avait dit : « ça c’est 30 ans de travail acharné et j’attends ma retraite ». Et dans son style, toujours menaçant, il m’avait dit : « je t’expulserai de ce pays, si jamais, dans le cours de ton travail, tu touchais la police. » Et il avait ajoute : « je suis l'épine dorsale de ce régime. »
Tandis qu'il vit dans l'opulence, ses voisins, eux, sont dans une pauvreté abjecte et ils ont terriblement peur de lui parce qu'il les terrorise. Comme un vrai costaud qui tourmente ses voisins, il a parfois des petits instants de gentillesse et a ce moment, il ouvre sa porte pour organiser des fêtes pour les pauvres. Ils ne peuvent pas refuser parce qu'ils sont pauvres, et le refus de prendre part à ces fêtes signifierait que vous êtes contre lui. De temps en temps, il ferme les rues menant à sa maison avec pour prétexte, sa sécurité. Pour pouvoir se rendre à leur domicile, ses voisins sont contraints de parcourir de longues distances, mais personne n’ose se plaindre.
Le mépris pour les enfants
Le Général Jean François Ndenguet n'a aucun respect pour les politiciens, qu'ils soient du parti au pouvoir, le Parti Congolais du Travail (PCT) et ses sociétés affiliées ou de l'opposition. Les autres personnes qu'il ne respecte pas – ce qui est un paradoxe – sont les membres de la famille du président Denis Sassou Nguesso. Il a un mépris particulier pour les enfants du président, et il le dit haut et fort à qui veut l’entendre, déclarant que les enfants du président de la République sont des "bons-à-rien", et qu’il les mettra sur la bonne voie dès que leur père ne sera plus là. Quoi que cela veuille dire, il n’y a que Jean François Ndenguet qui puisse l’expliquer. Jean Dominique Okemba est la seule personne et membre de la famille du président pour qui il a une once de respect.
Son respect pour Jean Dominique est dû au fait que lui, Jean François Ndenguet, est ce qu'il est aujourd'hui grâce à M. Okemba, un neveu éloigné du Président de la République et le secrétaire général du Conseil national de sécurité. L'once d'égard que Jean François Ndenguet a pour Jean Dominique Okemba est actuellement en diminution, car il dit clame partout que c’est lui qui fait tout le travail pour Jean Dominique Okemba, en d'autres termes, il prétend que Jean Dominique Okemba est incompétent.
Il a ruiné la réputation de la police
Opportuniste comme un félin, il a néanmoins deux portraits géants dans son bureau. A sa droite retrouve celle de Jean Dominique Okemba, et à sa gauche celle du président Denis Sassou Nguesso. Raymond Mboulou Zépherin est le ministre de l'Intérieur et son patron de facto, mais Jean François Ndenguet ne le respecte pas. Il est celui qui prend les décisions et le ministre exécute. Jean François Ndenguet est devenu si puissant qu’il a créé une unité spéciale de la police au sein de la police nationale. Son unité de police spéciale a pour sigle GRB. Ils prennent leurs instructions directement de lui et non du ministère de l'Intérieur, et au poste de police de Ouenzé Madzandza, considéré comme son poste de police privé, là où se déroulent viols et exécutions sommaires, il a fait construire un bâtiment spécial pour abriter son unité ou milice privée.
Il a ruiné la réputation de la police à un tel point que n’importe quel résident du quartier Ouenzé Madzadza et des alentours vous dirait que tous les vols à main armée dans la ville et d'autres crimes violents tels que le viol sont organisés par Jean François Ndenguet.
Apparemment, sa nature espiègle serait connue du Président de la République.
Un proche du président m’avait dit un jour, qu’en plaisantant, le président avait déclaré que la raison pour laquelle il a permis à Ndenguet de rester si longtemps à la tête de la police était parce que, étant lui-même un criminel, Ndenguet sait comment combattre le crime et que, même les toxicomanes connaissent Ndenguet, car lui aussi est un consommateur de drogues.
Que le président ait juste été sarcastique ou non est une tout autre histoire. Mais la raison pour laquelle le président permet à une personne aussi corrosive d’être à la tête de la police, une personne qui ternit la réputation du pays et de la police, dépasse tout entendement.
Mais ce que le président n'a pas dit ou ne sait pas, c’est que chaque fois que le général Jean François Ndenguet est informé des plans tendant à le démettre de ses fonctions, en tant que chef de la police, il y a une augmentation de vague de criminalité dans le pays, surtout dans les villes de Brazzaville et Pointe Noire. Jean François Ndenguet fonctionne comme un pyromane et un pompier en même temps.
Ambitieux
Quand je travaillais au Congo, avant mon expulsion, deux policiers travaillant pour l'aile judiciaire de la police sont venus dans mon bureau et m'ont présenté un mémorandum détaillant le criminel modus operandi de Jean François Ndenguet. Ils ont écrit dans leur mémorandum que leur patron avait une équipe de policiers spécialisés dans les vols à main armée et des assassinats. Ils ont également dit que les personnes tuées par la police étaient transportées au nord de la ville de Brazzaville et jetées dans un fleuve appelé Lefini. Je ne sais pas si ce qui a été écrit dans le mémorandum était vrai ou pas. Mais je ne pense pas non plus que ces deux personnes viendraient jusque dans mon bureau juste pour monter un complot contre leur patron.
Quoi qu'il en soit, dans la ville de Brazzaville, tout le monde sait qu’il est celui qui met en scène la plupart des vols armés.
Le chef de la police congolaise est tellement obsédé par la popularité qu’il agit de manière populiste comme s'il était un politicien. Le 16 Septembre, six jours après le vol à main armée dans ma maison, je suis allé le voir dans son bureau sur son invitation. Il m'a dit que les Congolais ordinaires l’aiment et que seule l'élite corrompue le haïssait.
Dans sa quête de popularité, et aussi pour préparer le terrain pour sa carrière politique civile, il a essayé de diriger plusieurs clubs locaux de football. Bien que tribaliste, méprisant les Congolais du sud, en particulier ceux de la région du Pool, il voulait diriger une équipe de football mythique du sud de Brazzaville appelée Diable Noir FC, sans vergogne. Après avoir échoué dans sa tentative de diriger le Diable Noir FC, il a essayé de gérer deux équipes de football du nord de Brazzaville, à savoir, l'Etoile et Cara.
Le pire c’est que le général Jean-François a maintenant des ambitions présidentielles et pense qu’il succédera au président Denis Sassou Nguesso en 2016.
Par ELIE SMITH
Texte traduit par une lectrice de DAC PRESSE