A chaque mort, il y a comme un éclair de lucidité qui traverse ceux qui sont restés. Oui, la mort blanchit le mort mais elle illumine parfois les vivants qui perçoivent la réalité et l'avenir avec plus de clarté. Voici une vidéo recommandée par un ami qui m'a paru très instructive car les messages des amis de lutte du défunt Honorable Willy Matsanga en disent long sur leurs ressentiments et sur leurs appréhensions (voir les parties appropriées si nécessaire).
La mort de Willy Matsanga vient ponctuer celle de nombreux autres guerriers de haut vol comme "Chien Méchant". Les anciens combattants sortent les tenues pour honorer le combattant Matsanga et se demandent tout haut : " Demain, à qui le tour ? " Ils reconnaissent en même temps avoir fait le pouvoir actuel pour que juste quelques individus en profitent. Ils savent aussi que Matsanga mort, le pouvoir va essayer de récupérer l'arsenal qui pourrait avoir été caché par le défunt en sa qualité de chef de guerre. Ses frères de lutte avertissent que ceux qui trahiront auront le sort des traîtres : la mort car le pouvoir finira par les exécuter pour qu'ils se taisent à jamais.
Pour la petite histoire, après les événements de 1997, plusieurs combattants ayant participé à la victoire de Denis Sassou Nguesso avaient obtenu d'être envoyés en France en guise de récompense. Peut-être une façon habile d'éloigner les plus belliqueux. Vous avez lu dans un récent article que Denis Sassou Nguesso a fait revenir nombre d'entre eux. Vous imaginez facilement pourquoi...
Au-delà de ces préoccupations toutes politiques, il y a des craintes quant à de possibles mutilations pratiquées sur le corps du défunt à des fins fétichistes comme ce fut le cas pour Pierre Anga dont les parties génitales furent prélevées et bien d'autres. Le retour du corps de Willy Matsanga au Congo s'annonce donc explosif. De toute façon, le ndzokou n'a pas fini de nettoyer sa forêt : il y a encore des têtes qui doivent tomber avant 2016. Dans la forêt, il est connu que l'éléphant abat toujours plusieurs arbres lorsqu'il veut se frayer un passage...