Nous sommes tous des hommes. Ce qui nous différencie ce n'est pas tant nos richesses matérielles que nous laisserons ici bas à notre mort, c'est-à-dire, notre avoir, mais plutôt notre être et, notre être, qu'est-il sinon notre état de conscience, notre âme ? Nous vivons dans une réalité que nous prenons pour la seule essence ontologique mais en fait, notre monde est apparence et nous ne sommes pas cette chair que nous vénérons tant car elle passe mais nous, nous restons en tant qu'entité d'ordre spirituel faite à l'image de Dieu. Et comme Dieu n'est pas chair mais Esprit, notre véritable essence n'est donc pas charnelle mais spirituelle. Il existe donc bel et bien une naissance selon la chair et une autre selon l'esprit et nous n'héritons de nos parents que le côté charnel. L'entité que nous sommes en vérité a besoin d'un véhicule pour entrer dans cette dimension lourde qu'est la matière et ce véhicule est notre corps que l'on nous fait prendre à tort pour notre dimension essentielle d'être humain. La voiture n'est pas le chauffeur. Le chauffeur est plus que le véhicule puisque le véhicule est fait pour le conducteur et non l'inverse. Le corps est un moyen pour l'esprit et rien de plus. Et il peut plaire à l'Être Suprême de nous donner plusieurs vies selon la chair en permettant à l'esprit de se réincarner. Certes, il y a le fossé du souvenir et s'il existe, c'est qu'il doit y avoir une raison : Dieu nous donne la chance de ne plus vivre nos douleurs antérieures en nous permettant d'améliorer notre karma. Cependant, il arrive que certains se souviennent de leurs vies passées. Je vous donnerai un récit qui a ému l'Inde entière à l'époque de Gandhi.
Le décor est planté. Un peu trop vite pour certains. Peut-on vivre plusieurs fois ? La réincarnation existe-t-elle ? N'est-ce pas là une fantaisie orientale bien étrangère à la culture judéo-chrétienne qui domine le monde occidental ? Si l'on ne peut s'en souvenir, quel intérêt ? En vérité, tous les meurtriers reviennent subir la loi karmique et nous revenons tous pour cela.
Edgar Cayce, le prophète endormi, parlait de la réincarnation quand il prophétisait sur la vie de ceux qui venaient le consulter pour des pathologies inexpliquées par Exemple. Il était étonné d'écouter ses propre enregistrements du genre : "l'entité a vécu en Egypte au temps de..." Profondément chrétien, il fut choqué au départ et se demanda si la Bible évoquait ce phénomène. Il passa le Nouveau Testament au peigne fin pour en avoir le cœur net et réalisa que le nouveau Testament en faisait bien allusion à plusieurs endroits.
Le Christ parle-t-il de la réincarnation dans sa doctrine ? On peut commencer par l'épisode de Nicodème où ce dernier lui demande : " l'homme peut-il entrer dans le sein de sa mère et naître à nouveau ?" Christ s'étonna en disant : "Toi qui es maître en Israël ne connais donc pas ces choses-là ?" Ici, Christ évoque un autre point important de son enseignement qui est la naissance par l'initiation, la naissance par le feu de l'esprit et si on lit bien, on comprend que pour le Christ, il y a deux naissances, l'une selon la chair car il dit "ce qui est né de la chair est chair" et l'autre selon l'esprit. Et pour lui, l'esprit pouvait mourir puisqu'il a dit : "Laissez les morts (en esprit) enterrer leurs morts (en chair)". S'il y a deux morts, c'est qu'il y a forcément deux naissances. Cependant, trêve de digression, revenons au sujet. Il y a deux christianismes : l'un exotérique qu'il disséminait à travers des paraboles et l'autre ésotérique qu'il réservait à ses disciples comme la connaissance des démons. Il vous souviendra qu'il dit à ses disciples : "ce démon ne peut être chassé que par le jeûne".
Pour revenir à la réincarnation proprement dite, le Christ en fait-il allusion en plusieurs endroits du Nouveau Testament ? D'ailleurs, Paul parle de Jésus comme du "Second Adam" : l'un a plongé tous les hommes dans le péché, l'autre est venu sauver toute la création. Qui autre qu'Adam pouvait avoir la compassion nécessaire pour revenir sauver l'humanité. Le Créateur n'avait pas demandé à toutes les créatures de s'incliner devant lui ? Qu'il serait revenu dans le Christ ne serait que justice. Le Christ pouvait donc avoir la compassion qu'il avait parce qu'il se souvenait de tout et de sa chute en tant qu'Adam, père de l'humanité, lui qui parlait souvent du "COMMENCEMENT". Adam est fils de Dieu puisqu'il n'a ni père ni mère et l'Esprit du Christ a d'abord habité en lui mais ceci, vous n'êtes pas obligés de le croire. Votre état de conscience peut être si étroit qu'il vous rend inaccessibles certaines vérités.
Il est évident que Yeoshua n'a pas utilisé le mot "réincarnation" puisqu'il a été inventé plus tard mais il parle du phénomène qui consiste dans le retour d'une âme dans un corps, dans une entité humaine (et pourquoi pas non humaine). D'abord, l'histoire du Baptiste qu'il a désigné comme "l'Elie qui devait revenir". Si Elie revient en Jean le Baptiste, c'est que l'esprit et l'âme d'Elie viennent s'incarner à nouveau dans un autre corps et c'est bien une réincarnation si l'on croit le Christ. Il a aussi dit que certains de ses disciples ne mourront pas jusqu'à son retour ; ils sont pourtant tous morts et pour que cette parole du Christ ait un sens, il faut que certains de ses disciples se réincarnent jusqu'à son retour. Quant à Pierre, comment comprit-il cette phrase : "Qui tue par l'épée, meurt par l'épée ? " Nous voyons de nombreux criminels mourir dans leur lit et si le Christ a dit vrai, il n'y a pas d'autre hypothèse : il faut que les malfrats reviennent mourir comme ils ont tué. Pour illustration, Elie décapita les prêtres de Baal. Dans cette vie-là, cette entité monta au ciel sur un char de feu mais il fut à son tour décapité en tant que Jean le Baptiste. " Qui tue par décapitation, meurt décapité". Aussi grand prophète qu'il fut, Elie n'échappa pas à la loi karmique car revenu sous l'entité Jean le baptiste, il fut décapité comme il décapita les prêtres de Baal qui officiaient pour la reine Jeezabel.
Le Christ a enseigné la réincarnation à ses disciples et il fut un temps où l'église catholique enseignait la réincarnation avant d'interdire l'évangélisation de cet important aspect de la doctrine du Christ. D'ailleurs, qu'on se souvienne que Christ lui-même affirme avoir connu Abraham. Souvenez-vous de l'épisode biblique où les Juifs lui demandent : "Tu n'a pas cinquante ans et tu connais notre père Abraham ?" Il faillit être lapidé pour cela. C'est l'épisode où Abraham rencontre le Seigneur avant qu'il n'aille détruire Sodome et Gomorrhe. Il l'invita même à manger. C'est une incarnation christique et on peut en citer d'autres.
Il n'y a en fait qu'une seule religion : LA VERITE mais parfois, elle est tellement incroyable que l'on ne peut la croire. Dans un article précédent, je vous parlais de la vérité qui possédait la capacité de se dissimuler par elle-même. Il y a pourtant des expériences où les hommes furent obligés de reconnaître la réalité de la réincarnation. Voici l'histoire d'une femme hindoue, Shanti Devi tirée du livre "Enquête sur la réincarnation" publié sous la direction de Patrice Van Eersel, une histoire vraie qui se déroula à l'époque où le Mahatma Gandhi vivait encore dans les années 30 du siècle dernier :
"Pour six cent millions d'Hindous, la réincarnation est une évidence. Elle constitue l'un de leurs plus anciens principes religieux. Quelles qu'aient pu être leurs influences, les conquérants musulmans, puis chrétiens, eurent peu d'impact sur la croyance des Hindous dans les lois régissant le retour des âmes dans la matière. Régulièrement, il faut le dire, des phénomènes frappants de «souvenirs de vie antérieure» viennent dynamiser la croyance ancestrale. L'histoire par laquelle nous ouvrons ce numéro est de celles qui alimentent les plus grandes interrogations.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas parce que la culture indienne admet depuis fort longtemps l'idée de réincarnation que celle-ci est plus facile à intégrer en Inde qu'ailleurs. L'extraordinaire et très émouvante histoire de Shanti Devi nous montre à quel point, même là-bas, l'hypothèse d'un « retour d'incarnation » - que le dogme et les croyances en vigueur disent pourtant plausible et même normal - peut s'avérer
épineux dans la vie quotidienne, prenant les habitudes humaines trop abruptement à rebrousse-poil. Mais Ie cas de Shanti Devi était trop beau, trop fort, trop éclatant pour que les Indiens ne finissent par s'incliner et n'en fassent une figure d'école. Que le Mahatma Gandhi lui- même s'y soit intéressé - cela se passe dans les années trente - qu'il ait rencontré la fillette, qu'une commission d'enquête au-dessus de tout soupçon ait été nommée, que cette dernière ait rendu un rapport catégorique... tout cela rend l'exemple de Shanti Devi tout à fait remarquable et sans doute unique en son genre. Trente et quarante ans plus tard, quand ils entreprendront chacun une grande enquête sur les cas de réincarnation en Inde, le chercheur suédois Sture Lonnerstrand et le chercheur américain Ian Stevenson vont tout naturellement mettre le cas Shanti Devi en avant. Quant au cinéaste français François Villiers, engagé dans la même enquête un peu plus tard, c'est également à Shanti Devi - rebaptisée Manika - qu'il dédiera son film.
Venons-en donc aux faits.
L'histoire se déroule donc dans les années trente, au fond d'un quartier grouillant de New Delhi, ou vit la famille de Rang Bahadur Mathur. Avec son épouse, Prem Pyari, ce modeste fonctionnaire municipal élève courageusement trois enfants, dont la petite Shanti Devi. Une enfant modèle, gaie et studieuse, mais qui, depuis l'âge de quatre ans, tient régulièrement à ses parents des propos bien étranges. Elle raconte qu'en réalité sa maison est ailleurs, qu'elle vient de la ville de Muttra " Où est -ce donc ? " Demande la mère), où l'on mange d'autres plats, porte d'autres vêtements, célèbre le culte de Krishna de façon différente... et que là-bas elle est mariée !
Au début, tout le monde a bien ri. Ce petit bout de chou a une imagination incroyable - un jour, c'est sûr, elle sera conteuse ! Mais les mois et les années ont passé et les « délires » de Shanti Devi se sont aggravés. Non seulement elle répète maintenant qu'elle vient d'ailleurs, mais elle veut s'y rendre. Or, ses parents ont été obligés d'admettre devant la petite que la ville de Muttra existe bel et bien, à quelque 200 kilomètres de là (en réalité, c'est Mathura, mais les habitants du cru prononcent Muttra). Tout cela ne mène cependant nulle part. Les parents ont finalement opté pour la sévérité et ont décidé de ne montrer aucune complaisance vis-à-vis des « fantaisies » de leur fille, espérant qu'elle finirait par se calmer.
A six ans, la petite tente de fuir, à pied, vers Muttra dont elle s'est fait indiquer la direction par des marchands ambulants. Les parents sont de plus en plus inquiets. La mère supplie l'enfant de mettre fin à ses « inventions », menace de la punir, la cajole. Mais rien n'y fait.
Un jour, Shanti Devi a le malheur de confier son secret à sa meilleure camarade de classe. Elle lui dit qu'en réalité elle s'appelle Lugdi Devi, qu'elle est mariée, qu'elle a même un enfant - qu'hélas elle n'a jamais pu vraiment aimer, car, affirme-t-elle, elle est morte en retour de couche, dix jours à peine après la naissance du petit. Aussitôt,
la gentille camarade répète le secret à toute l'école. En quelques heures, Shanti Devi devient la risée d'une cour de récréation hilare. Quasiment en transe, elle s'enfuit, court droit devant elle, finit par échouer sur le seuil d'un temple dédié à Krishna, le dieu qu'elle n'a cessé de prier depuis sa plus tendre enfance. Là, une femme surgit, qui la console et lui fait raconter son histoire. L'enfant se confie. Et quand au bout de quelques heures le père, totalement paniqué, finit par retrouver sa fille, la femme lui conseille de prendre désormais au sérieux ce que lui dit Shanti Devi.
Rang Bahadur Mathur est impressionné. II connaît la femme qui lui parle : tout le pays la vénère comme une sainte. Sitôt
rentré chez lui, il s'entretient gravement avec son épouse : et si leur fille ne mentait pas ? Et si elle se souvenait réellement d'une existence antérieure ? Cette idée, la mère s'effondre : ne dit-on pas, dans le peuple, autour d'eux, que celui qui se souvient de ses incarnations passées doit mourir ? Quel malheur ! Shanti Devi, elle, est certes soulagée que ses parents ne la traitent plus de mythomane ou de folle. Mais sa tristesse ne diminue pas. Passé l'âge de huit ans, elle se mure, ne joue plus avec aucune amie, s'enferme des heures entières. C'est le directeur de l'école qui va débloquer la situation. Comme tout le monde dans son établissement, il a entendu la rumeur qui court sur « Shanti Devi la menteuse ». Pourtant, cette enfant lui paraît mûre et sage. Accompagné par le professeur principal de l'enfant, il finit par débarquer au domicile de Rang Bahadur Mathur. Celui-ci accepte avec un mélange de respect et de réticence que les deux lettrés s'entretiennent avec sa fille. Shanti Devi répond calmement aux questions. Oui, elle vient de Mathura. Oui, elle y a vécu et s'y est mariée à un commerçant aisé. Oui, elle pourrait le reconnaître, s'il vit toujours, retrouver la maison où ils vivaient ensemble...
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A mesure qu'elle parle, les adultes sont terriblement impressionnés par la détermination de l'enfant et par la précision et la maturité de son langage. Elle connaît par exemple toute la liturgie du mariage krishnalte, qu'elle dit avoir vécue dans le plus grand des bonheurs. Détail frappant : elle utilise sans cesse des mots du dialecte de la région de Mathura. Ainsi dit-elle jeth pour beau-frère, ou churey pour bracelet de cheville, mots inconnus dans sa famille et son quartier. A la fin, le directeur d'école lui demande comment s'appelle son « mari ». C'est une question à laquelle elle n'a jamais voulu répondre à quiconque, car, dit-elle, il faudrait d'abord qu'elle demande à son mari l'autorisation de le faire. Mais le directeur insiste et finalement, en se cachant le visage dans les mains, la petite murmure : « il s'appelle Kedar Nath ! »
La suite appartient, pourrait-on dire, à l'histoire. Les parents conjurent le directeur d'école de conserver toutes ces informations pour lui. Mais il n'en fait rien et cherche aussitôt à savoir s'il existe un Kedar Nath à Mathura. Il apprend que oui ! Aussitôt,
il lui écrit, révélant tout ce qu'il sait. La réaction se fait attendre pendant de longues semaines. Le directeur d'école n'y croit déjà plus, quand, soudain, l'homme répond : oui, il a perdu son épouse, il y a neuf ans, dix jours après la naissance de son enfant, oui, il voudrait passionnément
en savoir, davantage sur cette enfant qui dit se souvenir de lui ! A vrai dire, Kedar Nath ne vient pas le premier. Ses affaires le retiennent et il se méfie de ce qui pourrait bien s'avérer une arnaque. Il envoie donc un cousin de Delhi. Tout de suite, Shanti Devi le reconnaît. Folle de joie, elle lui fait la fête, lui pose mille questions. Elle lui dit aussi qu'il a grossi, s'enquiert de sa nouvelle situation, s'attriste de le savoir toujours célibataire. Dès les premiers mots, l'homme s'est mis à transpirer à grosses gouttes. Arrive avec la conviction qu'il allait démasquer une imposture, le voilà bouche bée. S'avise-t-il de vouloir forcer son interrogatoire qu'il tombe vite à genoux et supplie l'enfant de se taire, car elle commence à évoquer la façon précise dont il lui a fait la cour, un jour, dans le dos de son mari, au temps où elle s'appelait Lugdi Devi...
« Lugdi Devi était la femme la plus merveilleuse du monde, affirme le cousin, c'était une sainte femme ! » Le voilà persuadé que l'esprit de cette dernière est bien venu se réincarner dans cette enfant au regard transparent de sincérité. Avant de le laisser partir, Shanti Devi lui demande évidemment des nouvelles de son fils, Naunita La. « Il se porte bien, lui répond l'homme en la prenant dans ses bras, il est à peine plus grand que toi ! » Quand il apprend la nouvelle, Kedar Nath manque s'évanouir : son cousin confirme l'étrange nouvelle ! Dès qu'il le peut, le commerçant de Mathurri prend le train pour Delhi - on est le 13 novembre 1935. Trop impressionné et intrigué pour oser se présenter normalement chez les parents de l'étrange fillette, il se fait passer pour son propre frère. Peine perdue : à peine a-t-il décliné sa (fausse) identité que Shanti Devi le reconnaît : " Tu n'es pas mon jeth (beau-frère), tu es Kedar Nath, mon mari ! " Il se trouve que ce jour-là on donne une fête dans la famille de Shanti Devi. Bientôt, tous les convives ont compris qu'il se joue une scène d'une exceptionnelle gravité. Tout le monde tend l'oreille. Le dialogue entre l'homme et la petite fait frissonner l'assistance.
« Es-tu... es-tu Lugdi Devi ? » Balbutie Kedar Nath. La petite garde le silence et observe l'homme dont elle dit qu'il fut son mari. La porte s'ouvre alors, et on fait entrer un garçon de neuf ans. Shanti Devi le voit, court aussitôt vers lui et veut l'enlacer : « Mon fIls, mon petit! » L'enfant proteste. Il se dégage vivement. Shanti Devi retourne en pleurant auprès de Kedar Nath, se blottit dans ses bras, sous le regard ahuri de ses parents. Bouleversé, l'homme cherche à consoler la petite fille.
Elle lui demande alors :
« As-tu tenu la promesse que tu m'as faite juste avant que je meure ?
- Quelle promesse ?
- Que tu ne te remarierais jamais. »
Un murmure parcourt l'assistance. L'homme enfouit sa tête dans la chevelure de l'enfant et chuchote : «Je n'ai pas pu. J'étais un homme en pleine maturité, tu sais, c'était impossible. Pourtant, je ne voulais pas briser notre serment, je te le jure, Lugdi Devi. »
Aussitôt, elle lui demande de ne pas se justifier, affirme qu' elle lui pardonne, que son bonheur est déjà à son comble de les avoir retrouvés, lui et son fils. Ce dernier change d'attitude. II s'agenouille maintenant devant elle et ne se détourne plus quand elle l'enlace à nouveau. Les deux enfants sont bientôt en larmes dans les bras l'un de l'autre. Plus personne ne sait que dire ni que faire. Dans les jours qui suivent, Kedar Nath passe par plusieurs phases. Plusieurs fois, il n'y croit plus et repart à l'assaut de la certitude de l'enfant-femme. Mais chaque fois, avec mille détails (dont ceux que seul un couple peut partager dans l'intimité), celle-ci répond, sans la moindre faute. Finalement l'homme et son fils rentrent chez eux métamorphosés, convaincus que Shanti Devi est bien l'ex-femme du premier, ... : la réincarnation de Lugdi Devi.
L'histoire prend alors une autre tournure Bientôt, tout Delhi est au courant. La famille de Rang Bahadur Mathur ne se sent pas a l'aise. Ce sont des gens modestes, qui n'aiment pas se faire remarquer. Les parents de Shanti Devi ont surtout peur pour la santé mentale et émotionnelle de leur fille. Ces événements les dépassent trop. Quelle est l'attitude juste ? Personne ne peut le leur dire.
Un jour, un immense cortège arrive devant leur humble demeure. Un petit homme s'en dégage, vêtu d'un simple sari blanc. On se prosterne sur son passage et les mains se tendent vers ses pieds pour les toucher. Il embrasse les enfants - quelle que soit leur caste. Incroyable. C'est Gandhi ! En proie à une joie mêlée de crainte, le père de Shanti Devi tombe à genoux devant le Mahatma, qui ne tarde pas à lui dire la raison de sa visite : il veut aider Shanti Devi et sa famille à clarifier la situation, en envoyant l'enfant dans la ville dont elle se souvient. Le père tente de protester :
« Je crains, Mahatma, qu'une telle démarche ne compromette l'avenir de ma fille et qu'elle devienne malheureuse.. .
- Mais ne comprenez-vous donc pas, lui répond Gandhi, que telle est la volonté de Dieu ? Vous ne pouvez empêcher la fillette de suivre son destin. Vous ne pouvez vous opposer à la loi du karma, personne ne le peut. Tout est régi par le karma. Le karma, c'est la vie même ! Ayez toujours le nom de Dieu sur les lèvres et vous serez soulagé de vos peines. »
La petite intervient alors : «( Lugdi Devi avait toujours le nom de Dieu sur les lèvres ! Il l'accompagnait partout. Dieu était avec elle quand elle s'est réincarnée. Je m'en souviens bien.
- Je comprends, dit Gandhi en lui caressant les cheveux. J'espère en savoir plus quand tu seras à Muttra, mon enfant. Mes pensées bienveillantes t'accompagneront. Ce dont on a besoin, comprends-tu, c'est davantage de vérité. Ne t'éloigne jamais du chemin de vérité, quoi qu'il t'en coûte ! »
Avant de les quitter, le chef de la renaissance indienne prononce trois noms : Necki Ram Sharma, Tara Chand Mathur et Lala Deshbandu Gutpa. Ce sont d'importants personnages de l'Inde nouvelle. Une demi-douzaine d'autres se joindront bientôt à eux - avocats, journalistes, hommes d'affaires, connus dans l'Inde entière. Ensemble, ils seront bientôt quinze à accompagner l'enfant et ses parents dans le train de Mathura.
L'arrivée a Mathura
Le 15 novembre 1935, une foule considérable les attend à la gare de Mathura. A peine arrivée, l'enfant émerveille tout le monde. Car elle reconnaît absolument tous les membres de son « ex-famille ». Sur le quai, elle court droit vers un vieil homme - « Grand-père ! » - à qui elle demande des nouvelles de son basilic sacré. Et le vieil homme n'en revient pas : avant de mourir, Lugdi lui a en effet confié son basilic sacré !
En tête de l'impressionnant cortège, la « commission d' enquête » entoure la fillette, lui laissant décider librement du chemin à prendre. Elle n'hésite jamais. Dans cette ville où elle n'a en principe jamais mis les pieds, elle va droit vers «sa» maison, qu'elle se rappelle de couleur jaune. Quand ils y parviennent, la maison est blanche... mais les nouveaux occupants ne tardent pas à expliquer : ce sont eux qui ont repeint les vieux murs jaunes en blanc. Tout le monde confirme. Et ainsi de suite...
Pendant plusieurs jours, Shanti Devi va reconnaître des dizaines de lieux et de personnes, dont... ses parents de l'«ancienne vie», qui vivent encore ! Moment d'émotion extrême, tant du côté du couple âgé - qui tremble à l'idée que leur chère fille, décédée si jeune, est revenue sous la forme de cette gamine - que du côté des parents actuels, terrorisés par la crainte que leur enfant ne décide soudain de demeurer auprès de ses « vrais parents ». Shanti Devi elle-même souffre affreusement, déchirée comme jamais. Finalement, elle repartira à Delhi avec ses parents « normaux », non sans avoir promis à ceux de Muttra de revenir souvent les voir. Avec l'ex-mari, les choses pourraient virer au psychodrame. II s'est remarié et sa nouvelle épouse ne sait littéralement plus où se mettre. D'une façon générale, Shanti Devi constate que l'homme n'a tenu strictement aucune des promesses qu'il lui avait faites sur son lit de mort - pas même celle de donner au temple de Krishna, pour le salut de son âme, les cent cinquante roupies qu'elle avait patiemment mises de côté et dissimulées sous une lame de parquet, dans une cachette qu'elle était seule à connaître avec son mari, qui avoue avoir utilisé l'argent à d'autres fins. Chaque fois, Shanti Devi lui pardonne, grandissant toujours davantage dans l'estime de ceux qui l'écoutent. Impossible de tout raconter. Si elle vous intéresse, lisez l'histoire de Shanti Devi, en particulier dans la version rapportée par le journaliste suédois Sture Lonnerstrand.
Shanti Devi sera officiellement reconnue comme la réincarnation de Lugdi Devi par la « commission d'enquête » (qui multipliera les recoupements entre les faits et les dires de la fillette). Du coup, toute l'Inde parlera d'elle. Elle deviendra momentanément une sorte de star. Pourtant, jamais, ni elle ni sa famille n'essaieront d'en tirer une seule roupie de profit. Toute sa vie, Shanti Devi demeurera plus que modeste. Une sorte de religieuse. Tenant elle - sa promesse de mourante de ne plus jamais se remarier, elle restera célibataire. Elle poursuivra aussi des études de lettres, de philosophie et de yoga et deviendra une sainte femme ou plutôt (de son point de vue), elle approfondira le travail d'éveil de Lugdi Devi, elle-même continuatrice d'une quête ancienne de milliers de réincarnations.
A la fin des années cinquante, le journaliste suédois Sture Lonnerstrand lui rendra visite à Delhi et elle acceptera de faire avec lui le voyage jusqu'à Mathura, et lui présentera la plupart des personnages cités ci-dessus (seuls les « anciens parents» ne seront plus de ce monde) .
A lire :
Shanti Devi, l'enfant réincarné, Sture Lonnerstrand,
cd. Pocket.
20 cas suggérant Ie phénomène de réincarnation,
Ian Stevenson, cd. Sand, 1985.
An Inquiry into the Case of Shanti Devi, L. D. Gupta, N. R.
Sharma & T. C. Mathur, Internat. Aryan League, Delhi, 1936.
P.S. : Si vous avez compris toutes les complications et toutes les implications de la réincarnation sur le plan émotionnel, relationnel et social, vous n'aurez aucun mal à admettre que Dieu efface la mémoire passée pour nous éviter la douleur et les exceptions sont là pour nous certifier de l'existence de ce phénomène. La vie est plus complexe qu'on ne le croit et la VERITE, on nous la cache mais un jour, tout finira par apparaître à la lumière... Edgar Cayce a révélé que certains disciples du Christ s'étaient réincarnés aux Etats-Unis donnant ainsi tout son sens à cette phrase du Christ : "Certains d'entre-vous ne mourront pas jusqu'à mon retour..."