Le drame du 4 mars 2012 est du fait de l'homme : Sassou récolte le résultat de l'anarchie et de l'affairisme de l'armée, de ses mauvaises décisions puisqu'il refuse de sévir contre ses frères qui ont par exemple détourné 400 milliards de francs cfa au lieu de 300 milliards comme nous l'avons écrit, de l'incompétence de Jean Dominique Okemba qui n'assure vraiment pas sa sécurité comme il s'en est rendu compte puisqu'il a failli perdre son pouvoir dans une guerre de succession qui a commencé de son vivant même.
L'anarchie est d'abord le résultat de la peur car Sassou émiette le pouvoir de décision et parfois le répartit entre plusieurs organes ou structures pour qu'il y ait à la fin neutralisation. L'armée reçoit beaucoup d'argent pour qu'elle se complaise à la défense et la protection du pouvoir : on parle de 20 millions de francs cfa par mission pour les cadres militaires ; ce qui donne à certains des idées conduisant droit à l'affairisme. Or, on ne peut se consacrer à la fois aux affaires et à la défense du pouvoir ; il y a là une contradiction dialectique - comme le dirait Marien Ngouabi. Sassou lui -même a délaissé les affaires de l'Etat pour l'affairisme au profit de Jean Dominique Okemba qui avait le champ libre pour gérer le pays comme il le désirait. il en a profité pour écarter tous ses rivaux comme Pierre Oba qui le traite paraît-il d'"idiot".
Du temps de Marien Ngouabi, il était impensable qu'un militaire soit un homme d'affaires qui trafique avec l'armée même - ce n'est plus cas sous Sassou dit 2 ou 3 : TOUT EST PERMIS - ce qui a comme conséquence que les militaires ne s'occupent vraiment plus de la protection du pouvoir. En voulant tenir l'armée par l'argent, Denis Sassou Nguesso ne se rend pas compte qu'il affaiblit son propre pouvoir qui s'enfonce encore un peu plus avec les injustices et l'étouffement des ambitions. C'est peut-être ce qui explique le coup d'Etat.
Lorsque le désordre, le laxisme et l'injustice atteignent un certain degré, ils finissent par détruire le système qui les a créés. Nous voyons ce qui se passe au Mali, en Guinée-Bissau, etc.
En multipliant les pôles d'enquête pour résoudre l'énigme du 4 mars 2012, Sassou fout encore un peu plus d'anarchie comme s'il voulait volontairement fausser les résultats : Pierre Oba, le fidèle d'entre les fidèles, celui qui joua un grand rôle dans son retour au pouvoir par l'achat des armes à l'étranger, celui qui fut longtemps le second du régime, revient au premier plan mais sa haine de Jean Dominique Okemba risque de lui faire fausser son analyse de la situation et Okemba fera tout pour saboter son travail, lui qui lui a piqué sa place de numéro deux du régime.
Et comment expliquer que Sassou écarte Jean Dominique Okemba, le chef du Conseil National de Sécurité sans que ce dernier n'essaye de saboter ladite enquête, lui qui est toujours le conseiller spécial du président (d'ailleurs, nous nous demandons comment il exerce son rôle de conseiller spécial dans ce climat de suspicion) ? Il ne peut que se sentir soupçonné et quiconque à sa place ferait en sorte que l'enquête n'aboutisse pas - sinon cela accréditerait la thèse de son incompétence notoire. Sassou émet des réserves vis-à-vis d'Okemba, est-ce parce qu'il croit que sa femme serait une informatrice de Joseph Kabila du fait qu'elle soit de la RDC, qu'il le classe parmi les suspects ou parce qu'il l'a vraiment traité d'incompétent ? Dans ce que cas, pourquoi le garde-t-il à son poste ? Mystère... Okemba, le spécial sans spécialité a le pouvoir de brouiller l'enquête et cela Sassou le sait car ses pions sont partout...
Dans tout autre pays, une affaire aussi grave aurait provoqué un remaniement ministériel, des chambardements dans l'armée, dans la hiérarchie sécuritaire car comment laisser Jean Dominique Okemba à la tête de la sécurité d'Etat et l'écarter dans l'enquête officielle ? Et surtout, Tsourou, le numéro 2 est arrêté - on se demande comment tout ce petit monde peut continuer à travailler ensemble...
L'anarchie vient de Sassou lui-même qui a peur : le gouverneur est désormais chapeauté par Bouya et aujourd'hui, on parle de Pierre Oba qui jouerait le rôle de chef d'Etat-Major - tout ceci ne peut pas plaire à ceux qui doivent jouer ces rôles et qui se voient évincés tout en restant à leurs postes : des hommes menacés se montrent souvent peu coopératifs pour finir par devenir TRES DANGEREUX.
En fait, Sassou ne fonctionne que sur la base de la confiance instinctive tribalo-régionalo-consanguinitaire mais cela ne peut entraîner que le laxisme car la confiance instinctive exclut que l'on recrute les gens en fonction de leurs compétences et surtout qu'on les sanctionne ; c'est ce qui explique que certaines personnes sont promues sans en avoir les mérites...
Le fait que l'enquête dérape en arrêtant des innocents montre déjà qu'elle n'aboutira à rien et cela Sassou le sait car s'appesantir sur des innocents détourne des véritables comploteurs qui peuvent dormir tranquillement.
En gros, rien n'a vraiment changé après une affaire aussi grave, Sassou jouant la distraction et le pourrissement de la situation mais espérons que tout cela ne lui joue pas des tours car en trop badinant avec l'anarchie, elle finit par vous tomber dessus...