Nous venons de lire et relire l'éditorial de Denis Sassou Nguesso et de son griot blanc dans lequel ils se plaignent du fait que le président François Hollande n'ait pas daigné traverser le fleuve pour passer une petite journée à Brazzaville. Et le griot blanc le mieux payé de la planète d'étaler son argumentaire : sous la main de pigasse, Sassou commence par estimer que le séjour du président français ne peut être qu'imparfait puisque son programme n'inclut pas un séjour à Brazzaville.
Hollande est libre de ses mouvements et il est de très mauvais ton de lui forcer la main. L'homme a déjà eu du mal à aller s'encrasser avec la dictature kabilienne pour ne pas craindre d'aller noircir son image à côté du pire dicateur après Adlof Hilter. Hollande sait que ses fréquentations sont jugées, jaugées, soupesées et elles peuvent être très décriées. Il a déjà à souffrir de la présence de Denis Sassou Nguesso à Kinshasa et cela nous paraît une peine suffisante.
L'homme qui explose son peuple à coups d'armes de destruction massive pour ensuite accuser des innocents , il faut avoir bien du courage pour lui serrer la main et, surtout, d'aller chez lui, là où le maniement de l'assiette et de la cuillère roumaines le conteste avec le Champagne au venin de cobra.
Sassou à travers son nègre blanc d'ajouter que François Hollande sera le premier président français à ne pas visiter le Congo. Eh bien, vu qu'il souffre de mauvais sondages en métropole, il est bon d'être premier quelque part. Le fait de ne pas venir à Brazzaville est même un exemple que d'autres présidents devraient suivre car le fait d'être le seul qui ne visite pas la capitale la plus sale du monde ne signifie pas qu'il a tort de le faire puisque ce n'est pas une obligation : ce n'est pas comme si le pétrole allait échapper aux Français pour être exploité par les Chinois ou comme si le huan allait remplacer le franc cfa. Il n'y a pas d'os dans la soupe et surtout, il n'y a pas péril dans le business.
Visiter Gorée sans visiter Loango ? Mais Loango depuis quand Sarkozy ou Chirac s'y sont rendus ? Loango se meurt dévoré par l'océan et le sel sans que Denis Sassou Nguesso s'en soucie. Alors, de quoi parle-t-on ? Combien de fois Denis Sassou Nguesso, en quarante de règne s'est rendu à Loango ? Alors, monsieur Pigasse, il faut arrêter ton lobbying de pacotille- juste pour mériter tes pétrocfas mal acquis.
Quant à Savorgnan de Brazza, le fait que le corps supposé du colon repose à Brazzaville n'est pas une bonne chose mais une insulte à la liberté parce que glorification de la colonisation, de l'esclavage ! D'ailleurs, remettons les choses dans l'ordre : "c'est Sassou seul pour des raisons de fétichisme (nkini) qui voulut construire à coups de milliards un mausolée à son frère franc-maçon Savorgnan de Brazza. Le peuple congolais n'y est pour rien : ce n'est pas comme si les Congolais ont été consultés par referendum dans cette honteuse et humiliante affaire ! Savorgnan est le seul colon qui serait glorifié par ceux qu'il a opprimés, ceux dont il a volé les droits - alors même qu'il ne venait pas de la part de la France.
Quant au rôle que Brazzaville joua dans la libération de la France, il s'agit d'un autre Congo, pas celui de Sassou et ces deux Congos n'ont rien en commun ; Pigasse essaie de culpabiliser Hollande mais ça ne marche pas : Hollande peut très bien recevoir les quelques anciens combattants congolais qui restent en France ; ce n'est pas comme si Denis Sassou Nguesso y était pour quelque chose.
Oui, un homme politique est maître de son calendrier mais on ne lui force pas la main ; c'est mal poli, monsieur Jean-Paul Pigasse et d'un tel manque de tact. Qu'espérez-vous donc obtenir par une simple visite de François Hollande à Brazzaville ? La fin de l'affaire des Biens Mal Acquis ou des autres poursuites judiciaires qui comme autant d'épées de Damoclès, sont suspendues au-dessus du clan Sassou-Nguesso ? Ou peut-être espérez-vus lui faire boire une potion de sorcier pour qu'il obéisse aveuglément au dictateur de Brazzaville qui explose désormais ses propres frères à coups de bombes ?
Hollande peut contempler le fleuve Congo de Kinshasa et si De Gaulle était en vie, il est certain qu'il ne viendrait pas une seule seconde à Brazzaville car sa capitale d'antan était celle du Kimuntu et non celle de l'arbitraire, de l'ethnoracisme, de la violation des droits de l'homme et des libertés primaires.
Il est des fois où la tentation ressemble bizarrement à la traversée d'un fleuve. Bravo, François Hollande d'y avoir résisté car nous savions que vous enverrez un message aux deux Congos de la seule rive gauche : vous n'avez pas besoin de traverser puisque vous avez les oreilles de Denis Sassou Nguesso juste en face de vous. Le temps et l'histoire vous donneront raison car si vous avez eu par nécessité l'obligation de venir au sommet de la francophonie à Kinshasa, la langue française dans laquelle ont été rédigés les droits de l'homme ne vous aurait pas pardonné de venir à Brazzaville serrer la main d'un tyran, une main maculée du sang des innocents qui meurent chaque jour parce qu'elle les affame. MERCI, MONSIEUR LE PRESIDENT FRANCOIS HOLLANDE !