Nous avons reçu récemment une Française qui revenait du Congo et qui a bien voulu nous instruire des sujets dont les Congolais sont friands ces jours-ci, des sujets qui sont désormais étalés dans la presse locale pour certains. Voici les potins mondains qui circulent dans le pays.
Le tout premier sujet : la paralysie de la circulation quand monsieur Denis Sassou Nguesso se rend quelque part dans le pays. Son récent voyage a Pointe-Noire pour l'enterrement d'un membre de la famille de sa femme a bloqué la circulation pendant des heures - alors que monsieur Denis Sassou Nguesso dispose d'un hélicoptère pour se déplacer par les airs. Les véhicules qui l'accompagnent défraient la chronique : les Ponténégrins n'ont jamais vu de tels bolides qui viennent de Brazzaville par des avions cargos et, dès que les citadins de la capitale économique voient un tel monstre dans le ciel, ils ont peur, se souvenant du coup du récent crash d'un Antonov ayant causé la mort de citoyens innocents.
Pour quelques minutes de visite, plus de dix heures de paralysie d'une ville où la circulation est déjà un casse-tête ! Les travailleurs ont du mal à se rendre à leur lieu de travail et il faut souvent de nombreux détours pour atteindre un endroit comme l'aéroport. Heureusement que les taximens savent s'y prendre mais cette sécurité excessive indigne de plus en plus le pays. Ce sont les signes révélateurs de la peur, de la reconnaissance par Sassou lui-même d'un régime haï par le peuple, d'un système impopulaire : si Sassou n'avait rien à craindre parce que tant aimé de ses compatriotes, pourtant tant de précautions jusqu'à l'excès ?
La pléthore de militaires en armes qui l'accompagnent dérange les Congolais. Un tel exhibitionisme menaçant est déplacé : des chars, des hélicoptères, des mitraillettes lourdes, etc., on se croirait dans un pays en guerre - alors que soi-disant la paix règne ! Chaque militaire recevrait lors de tels déplacements, à ce qu'il paraît, 300.000 francs cfa par jour, soit environ 500 euros. Comme il a la bougeotte, ceux qui ne sont pas remplacés doivent rouler dans l'or !
L'autre potin que l'on retrouve désormais dans les journaux locaux concerne l'inimitié entre les clans Sassou&Nguesso et Bongo (Gabon) - à propos de l'héritage du défunt Ali Bongo (en tout cas, c'est la pomme de discorde, à ce que l'on dit). C'est le sujet courant évoqué dans les bars de la capitale. On se demande : "Pourquoi feu Omar Bongo ondimba, président du Gabon, n'a pas couché les enfants qu'il a eus avec Edith sur son testament ? Oubli - alors qu'il se savait très malade ? Les enfants à sa mort étaient grands : il a eu tout le temps pour remanier son testament ! Fait délibéré ?" C'est une situation bien louche autant qu'elle est triste, il faut le reconnaître. Un jour, nous apprendrons peut-être à ce propos des vertes et des pas mûres. Nous avons un bon petit réseau au Gabon que nous allons contacter...
A Oyo et à Brazzaville, on n'apprécie pas du tout et surtout, Ali Bongo n'honore même pas de sa présence les anniversaires de la mort d'Edith Bongo, la défunte femme de feu son père. Peut-être n'apprécie-t-il pas tout simplement que la première dame du Gabon soit enterrée ailleurs qu'au Gabon, auprès de son époux. Après tout, la mort ne ruine pas les liens du mariage...
Nous avons déjà évoqué dans de nombreux articles cette inimitié et elle se corse car il s'agit d'une affaire de gros sous, de nombreux biens accumulés pendant un long règne de quarante ans et la surprise vient aussi du fait que certains biens attribués à Edith ne lui appartiendraient pas comme un certain hôtel dans lequel elle n'était qu'une actionnaire. Les deux orphelins vivraient désormais aux Etats-Unis auprès de leur grand-mère Dira. De toutes les façons, héritage de leur père ou pas, leur avenir est assuré puisque papy est toujours au pouvoir. Nous pensons que le problème de l'héritage cache un problème plus profond concernant le décès même d'Omar Bongo... Après tout, si les petits-enfants de Sassou ne sont pas sur le testament, ce n'est tout de même pas la faute du gros pif d'Ali Bongo ! Il faut ajouter que les animosités ont commencé bien avant. S'il y a une leçon à retenir de cette histoire, c'est qu'il faut tout le temps mettre à jour son testament - surtout si l'on continue à faire des gosses. Si vous voyez ce que je veux dire.
Sassou est un voisin difficile pour Kabila (coup d'Etat manqué perpétré contre ce dernier selon l'enquête menée par Kinshasa et surtout, entretien d'une rébellion hostile au premier Rwandais du Congo que Sassou appelle le "cheval de Troie" de Kagamé), Ali Bongo à qui il a pourtant concédé la nationalité congolaise en lui refilant un acte de naissance afin qu'il se présente à l'élection présidentielle, Bozizé et compagnie. Il aimerait bien prendre le dessus sur les autres mais il se retrouve parfois en face de personnalités qui lui résistent. le jour comme la nuit. Apparemment, celui avec qui il garde de très bons rapports se nomme Idriss Déby, président du Tchad. Entre frères maçons de longue date, on s'apprécie. Et les Congolais d'ajouter qu'Ali Bongo ayant hérité de la position maçonnique de son père, serait devenu (conditionnel) le supérieur maçonnique de Sassou !
Autour d'une bière, les potins vont bon train jusqu'à ce qu'un autre avion cargo leur tombe sur la tête...