Journal d'actualités sur le Congo-Brazzaville administré par le LION DE MAKANDA (LDM) pour les démocrates patriotes du Congo-Brazzaville œuvrant pour le retour de la démocratie perdue en 1997. Nous nous battons par amour avec les mots comme armes et le Web comme fusil.
Cher madame, le Congo est un univers où règne le désordre sexuel comme le désordre politique et nos filles ne sont plus innocentes dès l'âge de treize ans pour certaines : trop de tentations, trop de misère, le sexe étant une monnaie en chair et en chair... Nous savons qu'il y a au Congo des malfrats sexuels, des nombrilistes dégingandés qui pensent avec l'entre-jambes, nous admettons aussi qu'il y a beaucoup de femmes congolaises victimes qui n'osent même pas porter plainte parce qu'elles ne croient pas en la justice de leur pays, une justice dont la balance penche un peu trop du côté des puissants, de la testostérone, plongeant les faibles et les pauvres femmes dans un désarroi terrible. J'ai déjà écrit à propos des jeune filles victimes de la libido des enseignants à tous les niveaux...
Notre système juridique national est une pâle copie du système judiciaire français : par paresse intellectuelle et conceptuelle, nous copions la pensée du colon et ses institutions mais même en copiant, nous copions mal et surtout, nous n'avons pas les hommes imbus de justice pour faire de cette machine capitale un outil de progrès social, l'institution judiciaire n'étant indépendante que selon une simple vue de l'esprit. Déjà qu'en France, Domonique de Villepin a dû se rendre compte que la justice n'était pas si indépendante que cela puisque le parquet a fait appel dans l'affaire qui l'oppose au président Nicolas Sarkozy. Or, le parquet d'une certaine façon, c'est l'Etat...
Dans ce texte, je viens dénoncer une carence judiciaire : le fait qu'il ne soit pas assez fait cas de la présomption de victime - surtout quand la victime est une femme dans une afaire de moeurs. Si on est présumé innocent, parce que sa culpabilité n'a pas encore été prouvée, de l'autre côté de la balance d'Athéna-Minerve, il faut la présomption de victime sinon, il y a un déséquilibre dans les principes de la justice. L'accusé a des droits ; l'accusation et l'accusateur aussi.
Dans les affaires de délinquance sexuelle ou de crimes sexuels, il est difficile de prouver parfois que l'on a été victime d'un viol, d'une tentative de viol, d'une agression sexuelle parce qu'il s'agira de la parole de l'accusé contre celle de l'accusateur ou de l'accusatrice, le crime s'étant produit dans le secret d'une chambre, d'une suite ou d'un lieu sordide. Il faut être un peu déboussolé des boyaux de la tête pour porter une accusation gratuite - dans la mesure où l'on sait que cela peut se retourner contre vous. En matière d'agression sexuelle, nous retrouvons le clivage homme/femme et l'homme est celui qu'on présume souvent innocent et de l'autre côté, la femme qui si elle n'est pas présumée victime, est bonnement soumise à une suspicion en règle. La présomption d'innocence est un favoritisme en faveur de l'accusé car l'accusateur doit prouver sa bonne de foi de victime.
Outre-Atlantique, on est présumé coupable et on doit prouver son innocence. Si la variale d'entré n'influe pas sur la variale de sortie, alors quelle importance d'être présumé innocent ou coupable ? Il y a donc forcément une corrélation entre la variable d'entrée et la variable de sortie - sinon, on ne se battrait pas pour être présumé innocent... S'il y a d'un côté un présumé innocent, de l'autre, nous avons un crime sans criminel sauf si on admet la présomption de victime. La justice est une affaire d'équilibre et le verdict renvoie souvent au fait de pencher un peu trop la balance d'un côté...
Nous en avons l'illustration avec deux affaires qui occupent les médias français : l'affaire DSK/NAFISSATOU et l'affaire TRON dans laquelle ce secrétaire d'Etat à la fonction publique a été accusé par deux femmes. Nous avons dit qu'en France, la justice semblait peu prendre en considération les propos féminins, eh bien, nous allons voir si dans l'affaire TRON, elle prendra au sérieux les accusations des deux anciennes employées de monsieur TRON. Si l'on croit la parole de l'accusé, en quoi vaut-elle plus que la parole de la présumée victime ? Il faut donc une présomption de victime pour un équilibre, pour que la justice puisse ne pas ajouter de la douleur à la douleur. En effet, la présomption d'innocence ne fait pas de vous un innocent de bout en bout de la procédure. Vous entrez innocent dans la moulinette de la justice, vous pouvez en sortir coupable et c'est là où il y a une autre caractéristique qui favorise les puissants : la défense avec de gros moyens. Nafissatou est pauvre, femme et Noire face à DSK, Blanc, immensément riche, bénéficiant d'importants soutiens dans le monde politique et le monde des affaires. Sa parole de femme de chambre vaudra-t-elle celle d'un homme qui pliait des Etats à la férule du FMI ?
Si la justice est imparfaite, que nous reste-t-il ? Si Nafissatou Diallo perd son procès, si les deux Françaises qui accusent TRON perdent également leur procès, cela nous confortera dans le fait que la parole de la femme aura toujours moindre valeur devant celle d'un homme car un crime reste un crime - quels que soient les arguments de la défense pour discréditer la partie adverse mais la justice est une question de preuves et les preuves d'une agression de type sexuel, ne sont pas faciles à apporter ; ce qui provoque souvent de l'hésitation chez les présumées victimes.
En matière de justice, nous nous rendons compte que parfois la vérité ne fait pas de son détenteur le victorieux. Tout se joue comme un jeu où l'accusé doit se défaire des noeuds de la vérité pour que la variable d'entrée (présumé innocent) donne comme variable de sortie : innocent tout court. La vérité qui ne saurait être prouvée n'a aucune valeur judiciaire.
Nous avons tous des pulsions mais il faut les contrôler, les tenir en laisse, les domestiquer, et tant que la justice fera peu cas de la présomption de victime, les pulsions libidineuses de tant de pervers sexuels ne pourront pas être tenues en laisse. C'est dans la tête qu'on bande d'abord. Faisons débander le cerveau des pervers. D'une manière ou d'une autre...