FRANCE/LIBERATION DES OTAGES : SARKOZY ECLIPSE LA CANDIDATURE D'AUBRY GRACE A GHESQUIERE ET TAPONIER
Stéphane Taponier et Hervé Guesquière, deux journalistes français, étaient otages des Talibans pendant plus de cinq cents jours en Afghanistan - un peu plus d'un an et demi. Avec un ami, nous discutions et étions tombés d'accord que leur libération serait une pièce importante de la campagne de Nicolas Sarkozy qui recevra une reconnaissance tacite ou explicite de la part de tous les Français par l'engouement déclenché lors de leur retour sur le sol gaulois. Comme dans toute prise d'otages, il y a toujours une rançon, le politique ne choisit pas la date du paiement qui détermine la libération par hasard ; il choisit au mieux le moment pour que cette donne renforce sa cote de popularité ou devienne purement et simplement un enjeu politique.
Il y a deux jours, c'est Martine Aubry qui faisait l'événement avec sa candidature aux primaires socialistes. Dans une période normale, la presse devrait encore épiloguer sur celle-ci jusqu'à ce que la pâte ne prenne plus mais la libération de Taponier et Guesquière jette comme une ombre sur ce moment important de la joute présidentielle. Coïncidence ou calcul politique en ce qui concerne le choix du moment de leur libération ? Intervenue trop tard, elle aurait pu éveiller des soupçons, les adversaires de Nicolas auraient pu dénoncer le boostage d'une campagne moribonde et, trop tard, elle n'aurait pas pesé de tout son poids politique pour emporter l'adhésion accumulée par un regain de fierté nationale. Tout ceci arrive pile plume poil au moment où Christine Lagarde prend la tête du FMI, une nomination qui sonne comme une victoire personnelle de Nicolas Sarkozy qui juste avant aura présenté les chantiers industriels de son grand emprunt pour relancer l'industrie en berne.
De tels événements éclipsent quelque peu la guerre en Lybie et le fait que Paris va fournir des armes "légères" aux insurgés lybiens qui veulent capitaliser définitivement leur victoire sur Kadhafi et nous savons que si Muammar tombe, Nicolas en récoltera les lauriers. Aidé par Alain Juppé aux affaires étrangères, Nicolas accentue sa posture internationale, une expérience qui fera cruellement défaut à Hollande ou à Aubry. Pour ceux qui en doutaient encore, nous affirmons : la campagne présidentielle en France a déjà commencé comme une guerre silencieuse qui n'assume pas sa nature. Et c'est là toute la finesse dans le jeu de Nicolas Sarkozy qui profite du remaniement occasionné par le départ de Christine Lagarde devenue femme la plus puissante de la planète pour serrer les boulons au centre, question d'étouffer Jean-Louis Borlo - tout en s'attirant la sympathie des gaullistes pour asphyxier De Villepin. Après avoir péché par le bouclier fiscal auquel il s'est repenti en le lâchant et donné 1000 euros aux salariés pour se rattraper d'avoir trop donné aux riches, Nicolas Sarkozy présente un nouveau visage : celui de la maturité et de la maîtrise des temps politiques.