Deux volontés qui veulent la même chose mais qui ne peuvent la partager vont essayer de discuter mais si la discussion échoue, on parle le langage de la force. Les mots sont des balles, les phrases, des fusils. Les discours, des soldats. Ca, c'est aujourd'hui. Hier, la force, c'était l'épée ou la lance des Spartiates. Et l'homme, réduit à sa volonté est verbe. En Côte-d'Ivoire, il y a eu élections pour la présidence de la république et deux gagnants. Ce n'était pas tenable. Ouattara a cédé à Soro en passant à l'attaque. On dénonce déjà des crimes contre l'humanité de la part des soldats pro-Ouattara aussi.
Le pouvoir ! La sensation ultime ! Le ressenti qui transforme en surhomme ! C'est le nectar de l'émotion et qui y a goûté a du mal à s'en passer. Demandez à Sassou ; il en sait quelque chose ! Par la force, tu es venu - par la force, tu partiras. Par la force tu te maintiens, par la force tu dégageras. Telle semble l'implacable loi de la politique en Afrique. Pourquoi ? Parce que la force ne respecte que la force. Quand les forces de l'esprit prennent le pas sur les forces de la chair, c'est que le paradis n'est pas loin... Nous mesurons aussi que les Africains sont encore trop proches de l'enfer.
Gbagbo est dans son rôle de résistant. Avec une poignée de fidèles, il tient le siège de son palais. Jusqu'à quand ? Ouattara doit se méfier de marcher sur des cadavres pour atteindre le saint-Graal. La Côte-d'Ivoire n'est pas le Congo et les rancunes ethniques peuvent survivre dans les coeurs et les esprits pendant très longtemps.
Il sera président par les urnes et par la force. Nous savons que ce n'est qu'une question de temps. L'alternance politique en Afrique n'est pas une partition facile à jouer avec des volontés guerrières qui refusent de s'effacer au nom des principes.
On aurait pu imaginer une corégence mais qui en voudra ? Le pouvoir comme la femme ne se partage pas. Gbagbo a joué dans la cour des puissances du monde en osant dire :"non". Il va être forcé à dire : "oui" - même s'il n'ouvre pas la bouche. Ainsi va l'Afrique, un peu d'attiéké, un peu de farine et beaucoup de litres de mensonge dans des grosses cocottes de force. Nous avons survécu à l'esclavage. Nous survivrons aux dictatures. Nous avons vaincu l'esclavage. Nous vaincrons la dictature. Mais il faudra qu'on nous aide aujourd'hui comme hier...