Laurent Gbagbo vient d'être arrêté. Par qui ? Nous ne le savons pas vraiment puisque l'on affirme que la force Licorne et l'ONUCI auraient participé aux opérations (même si ces deux forces affirment ne pas être entrées dans le palais présidentiel). Son représentant en France affirme que les forces françaises l'auraient arrêté et mis à la disposition des forces républicaines d'Alassane Ouattara.
La question est de savoir ce qu'il va advenir de Laurant Gbagbo. Amené à l'hôtel du Golf avec sa femme, il doit subir en ce moment des pressions pour reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara. L'arrestation aurait eu lieu cet après-midi. Il est évident que le rapport des forces ne penchait pas en sa faveur et que l'inévitable arrestation allait forcément se produire à partir du moment où la force Licorne et l'ONUCI avaient pris le parti de son adversaire.
Pendant qu'on décrit des scènes d'apocalypse à Abidjan où des corps calcinés jonchent les rues, que des pillages sont commis, la seule question qui se pose en ce moment, c'est comment Alassane Ouattara va régner sur la Côte-d'Ivoire dans un tel climat d'hostilité - notamment s'il envoie son prédécesseur à la cour pénale - alors que nous savons que les forces nouvelles de Ouattara ont massacré huit cents personnes à Doukoué, à l'ouest de la Côte-d'Ivoire. Selon monsieur Paillé (voir vidéo), un Français aurait été amputé des deux bras par les forces rebelles de Ouattara reconverties en forces républicaines comme une solution pour absoudre des criminels. Tout le sang qu'elles ont versé est forcément sur la tête de leur maître et commanditaire Alassane Ouattara désormais nanti de l'immunité présidentielle. La criminalité reste la criminalité et le Tribunal Pénal International ne devrait pas faire de distinction entre Ouattara et Gbagbo à ce propos.
Nous voulons que ce qui est pour moi la première opération du droit d'ingérence démocratique se déroule partout - sinon on risque de croire comme le dit Guy Labertit, ancien délégué à l'Afrique pour le parti socialiste, que "nous sommes dans une logique coloniale". La France ne peut plus invoquer le droit de non-ingérence pour ne pas installer Mba OBAME sur le fauteuil présidentiel au Gabon. Il va être difficile de ne plus soutenir la démocratie dans les autres pays africains à moins que l'on se moque impunément des Africains. Tous ceux qui auront le sentiment d'avoir gagné une élection ne pourront plus ne pas inviter les forces internationales à les installer sur le fauteuil présidentiel. Cette affaire sans précédent va forcément avoir des répercussions sur tout le continent.
Au Congo, nous attendons que l'armée française et les forces de l'ONU arrêtent monsieur Denis Sassou Nguesso si ce dernier modifie sa propre Constitution qui ne lui autorise plus de se présenter à la moindre élection présidentielle. Abu pia.