Regardons le contexte politique national et international pour voir s'il n'existe pas une opportunité pour que l'opposition se structure mieux, je parle de l'opposition intérieure, celle qui est représentée par le FPOC présidé par Mathias DZON, afin de barrer la route à ceux qui veulent confisquer le pouvoir au nord pour toujours. Je soutiens que le salut ne vient pas que de l'intérieur comme l'a prouvé le Général de Gaulle, j'affirme qu'il faut quil existe ne serait-ce qu'une embryon d'opposition interne qui au moment venu, doit faire la jonction avec l'opposition extérieure, elle-même dispersée, mal organisée, émiettée mais qui saura, je le crois, au moment opportun, se ressaisir pour former une plateforme commune. Nous y travaillons ardemment.
Mathias Dzon serait en résidence surveillée pour je ne sais quelle raison. Il faut tout même reconnaître le courage de quelques personnalités congolaises qui ont pris le parti de dénoncer - après avoir profité des largesses du pouvoir - le système inique qui brûle toutes les richesses nationales au profit d'un clan et cela sans vergogne.
Sur le plan national, les membres du Front savent pourtant que des réunions ont eu lieu à Owando pour envisager toutes les hypothèses possibles de l'après-Sassou. C'est un événement qui indexe la fragilité de la santé du gangster en chef. Le FPOC doit aussi examiner son comportement dans le sens où les événements prendraient de la vitesse. Elle doit préparer un plan de reconquête de la démocratie - éventuellement en soulevant le peuple et en le poussant dans la rue.
Il est aussi connu de tous que Sassou a l'intention de modifier la Constitution qui lui est devenue défavorable car il n'a pas droit à un troisième mandat et qu'à la fin du deuxième, il aura dépassé l'âge limite de 70 ans. Etre chef d'Etat sénile, Sassou l'envisage sûrement et nous savons tous qu'à 80 ans, un homme perd beaucoup de ses facultés intellectuelles et sensorielles ; ce qui fait que la relève s'opèrera de façon naturelle car celui qui sera à ses côtés aura eu le temps de maîtriser tous les rouages du pouvoir si ce n'est déjà fait. Déjà que présentement il ne fait que prendre l'avion pour représenter le Congo à l'étranger et s'occuper de ses vaches, de ses autruches et de tout son business autour d'Oyo...
Tout va mal et des épidémies jadis pratiquement éradiquées par la vaccination comme la poliomyélite reviennent à cause de l'insalubrité de l'eau et des mauvaises conditions d'hygiène amplifiées par une très forte pluviométrie mais nous ne voyons pas cette opposition essayer de mieux s'organiser pour dénoncer les conditions de vie des populations. Elle devrait être plus combattive, plus rassembleuse, plus harangueuse mais elle ne fait rien. Sassou a récupéré le RDD de Yhombi et le MCDDI de Kolélas. Il ne lui reste plus qu'à faire main basse sur l'UPADS - qu'il a par ailleurs divisée pour annihiler les plus grands partis politiques nationaux - condition nécessaire pour tenir les populations.
Plus intéressant est le plan international. Sassou n'a pas au beau fixe avec l'Angola qui ne l'a pas invité au 35 ième anniversaire de son indépendance et un certain nombre de conflits existent sur le Cabinda et sur certains gisements offshore en haute mer. Avec Kabila, les choses vont mal : Sassou est accusé de soutenir la rébellion des mutins de l'Equateur. Les choses ne se passent pas trop bien non plus avec Ali Bongo. Quant à Paul Biya, nous savons tous qu'il y a comme une lutte d'influence entre les deux chefs d'Etat.
Ayant gardé le meilleur pour la fin, nous savons que les relations entre la puissance qui a ramené Sassou au pouvoir et le pouvoir de Brazzaville sont secouées par l'affaire des Biens Mal Acquis. Les hommes d'affaires français craignent d'ailleurs des mesures de rétorsion. Mvouba et le PCT parlent de "riposte" et il semble bien que quelque chose soit cassée entre la puissance et son ex-colonie. Nous savons que la France est une puissance et qu'elle saura au moment opportun tirer son épingle du jeu, riposter à la riposte congolaise. Espérons simplement que cette fois-ci, la rupture promise soit au rendez-vous. Il n'est pas impossible d'envisager des rapports bilatéraux gagnants-gagnants avec une France plus encline à respecter les intérêts de ses ex-colonies. C'est ça ou la Chine qui occupe déjà le terrain.
Le contexte politique est donc favorable aux forces de l'opposition si elles savent lire les signes du temps et s'engouffrer dans les brèches. Imaginez que Denis Sassou Nguesso n'ait plus le soutien de la France et qu'il soit en mauvais termes avec son entourage géographique. Une opposition habile travaillerait à exploiter toutes ces failles pour contre-attaquer demain car lorsque les événements vont se précipiter, il faut être prêt parce que nous pensons que le nord va utiliser l'armée pour se maintenir au pouvoir et l'armée ne peut réussir son coup que si les forces politiques sont faibles.
Sassou veut modifier la Constitution pour choisir se maintenir au pouvoir jusqu'à la mort et pour choisir son successeur, le cas échéant. Et si cette option ne fonctionne pas parce que le peuple s'en mêle et sort dans les rues, Sassou conseille de tirer sur les foules, de mettre en place un régime militaire, une transition, pour ensuite organiser des élections truquées que son successeur désigné remportera bien sûr. Personne ne croit qu'on va laisser Obami Itou diriger le Congo après Sassou. Les chances que ça arrive sont si minces que les ambitions dans le clan Sassou sont si énormes.
L'opposition doit mieux s'organiser et vaincre ses pesanteurs intestines liées aux egos de ses personnalités, avoir une meilleure lecture de la situation, s'organiser en conséquence, exploiter les failles du système et bondir sur l'opportunité de rétablir la démocratie dès que la situation s'y prêtera. Le temps urge ! A l'heure où le pouvoir de Brazzaville est si affaibli, c'est le moment où l'opposition doit prendre des forces là où Sassou en perd. Nouer et préparer de nouvelles alliances, pourquoi pas ? L'histoire est comme une locomotive qui arrive toujours à l'heure et gare à vous si vous n'êtes pas là au moment où il s'arrête devant votre destin. Elle ne s'arrête qu'un dizième de seconde !