Le pouvoir de Brazzaville relance les procédures judiciaires contre les responsables du Front des Partis de l’Opposition Congolaise (FPOC)
Dans la semaine du 25 au 31 janvier 2010, trois responsables du Front des Partis de l’Opposition Congolaise, MM Clément MIERASSA, Guy Romain KINFOUSSIA, Ange Edouard POUNGUI ont été convoqués au Tribunal de grande instance de Brazzaville par le juge d’instruction le Capitaine de police ITOUA Priva Roméo dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par le pouvoir contre les responsables du F.P.O.C., en octobre 2009. Les mardi 26 et mercredi 27 janvier, deux d’entre eux, MM Clément MIERASSA et Guy Romain KINFOUSSIA, ont été entendus par le juge d’instruction, pour coups, blessures et détention et port illégal d’armes de guerre.
Fait curieux, les deux leaders de l’opposition ont comparu en qualité de témoins, alors qu’une décision du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Brazzaville, ESSAMY-NGATSE, datée du 21 août 2009, les avait interdits de sortie du territoire national et assignés à résidence à Brazzaville, pour participation à la marche de l’opposition le 15 juillet 2009. Comment, dans ces conditions, monsieur Clément MIERASSA peut-il comparaitre comme témoin dans une marche à laquelle il a participé ? Dans le cas de monsieur Guy Romain KINFOUSSIA, la situation est pour le moins surréaliste, car, l’intéressé n’a jamais participé à la marche du 15 juillet 2009. Il avait déjà été surréaliste que monsieur Mathias DZON ait comparu pour complicité de détention et de port illégal d’armes de guerre, alors que l’accusé principal n’a jamais été cité par le juge d’instruction.
Que cache la relance des procédures judiciaires contre l’opposition, alors que la marche incriminée s’est déroulée dans le cadre du processus électoral ouvert le 26 juin 2009 et clos le 14 août 2009 date de prestation du serment du candidat déclaré élu ? Tout contentieux né de ce processus aurait dû être soldé. Quel est l’objectif visé par le pouvoir à travers cette relance des procédures judiciaires ? La réponse à ces deux questions est claire: le pouvoir, irrité par le message de vœux à la Nation du F. P.O. C. et la dernière intervention de son président, Mathias DZON à Radio France Internationale (RFI), renoue avec sa stratégie visant à museler et à décapiter le F. P. O. C. pour avoir les mains libres de poursuivre sans entrave, la mise en œuvre de sa politique anti-démocratique, anti-sociale et anti-populaire.
Le but poursuivi par le pouvoir à travers ce nouveau motif, est de se fabriquer de faux témoins pour soutenir sa thèse mensongère selon laquelle, monsieur Mathias DZON entretiendrait une milice privée et aurait des armes de guerre, le tout, pour se donner le prétexte de l’arrêter et de faire voler en éclat la cohésion du Front.
Déjà, avant l’élection présidentielle de 2009, les services de renseignement du pouvoir avaient répandu la rumeur selon laquelle, monsieur Mathias DZON avait acheté deux hélicoptères qu’il aurait fait garder l’un, à Kinshasa chez le président KABILA, l’autre à Libreville chez le président BONGO. Il ne s’agissait bien sûr que de désinformation et d’intoxication de l’opinion publique. De même, au mois de mars 2008, deux militants de l’Union Patriotique pour le Renouveau National (UPRN), parti de monsieur Mathias DZON, avaient été arrêtés à Brazzaville par la sécurité présidentielle et interrogé pendant 5 heures de temps sur leur appartenance supposée à la milice de monsieur DZON. Dans la même période, trois militants de l’UPRN étaient interpellés à Gamboma par le service local de la Direction des renseignements militaires (DRM), eux aussi, pour les mêmes motifs. Par ailleurs, des missions héliportées et des missions terrestres avaient été effectuées dans le district de Gamboma dont monsieur DZON est originaire, pour rechercher les camps d’entrainement et les dépôts d’armes de la milice supposée de Mathias DZON. Toutes ces investigations avaient révélé que monsieur DZON n’avait, ni milice privée, ni armes de guerre. Ce que les Congolais savent et qu’il importe de rappeler, c’est que dans ce pays, il ya eu des milices privées : les Cobras de Denis SASSOU NGUESSO, les Ninjas de Bernard KOLELAS et du Pasteur Ntoumi, les Cocoyes, les Zoulous, les Mambas et les Aubévillois de Pascal LISSOUBA, les Requins de Jean-Pierre Thystère TCHYCAYA et les Faucons de Jacques Joachim Yombi Opango et autres écuries.
Ce que les Congolais savent également, c’est qu’aujourd’hui, c’est le président Denis Sassou Nguesso qui entretient une milice privée, basée à Tsambitso près d’Oyo, son village natal et à Kintélé et Loufoula dans la banlieue de Brazzaville. Ce que les Congolais savent encore, c’est que, c’est le président Denis Sassou Nguesso, qui depuis 2004, procède à des achats massifs d’armes de guerre. Le journal français le Canard enchainé l’a rapporté en 2008 dans un article intitulé « Achats importants d’armes de guerre par Sassou Nguesso ». L’hebdomadaire français écrivait à ce sujet :
(…) Le pouvoir de Brazzaville a fait une commande de sept (7) BM-21 Ural, quatre (4) RM85 de marque Tchèque, quatre (4) avions de chasse Sukhoi 47, deux (2) Mig-27, un (1) F-7 chinois, quatre (4) nouveaux hélicoptères de combat MI-24, trois (3) MI-23 et un hélicoptère WZ-10. En outre, une commande importante d’appareils de communication, des tenues militaires chinoises, une importante livraison d’armes de combat chinoises : des QBZ-95 et 97, des AK 47 et 74, ainsi que des Famas de l’armée française achetées en République Tchèque, ainsi qu’une cargaison des SAR-21 achetées à Singapour en juin 2007 par son fils et son conseiller Dominique OKEMBA, toutes ces armes seront acheminées au port de Pointe-Noire d’ici à la fin de l’année 2008. Ces importantes livraisons d’armes et d’appareils militaires seront livrés au Congo cette année 2008, des contrats ont été signés entre le pouvoir de M’pila et le gouvernement de Pékin, et en contrepartie, le pouvoir de M’pila livrera d’importantes cargaisons de pétrole à la Chine, les livraisons ont débuté depuis mars 2004 ».
Toutes ces armes ne sont pas gardées dans les camps militaires officiels, mais dans des caches connues uniquement du président Denis SASSOU NGUESSO, à l’insu du Haut commandement des forces armées congolaises (FAC).
Aujourd’hui, confronté à l’épreuve redoutable de la concrétisation des promesses sociales mielleuses qu’il a faites aux travailleurs au mois de janvier 2010, le pouvoir cherche à divertir l’opinion nationale et internationale à travers des procès fabriqués contre l’opposition. L’enquête ouverte par la gendarmerie nationale à la suite de la marche pacifique de l’opposition du 15 juillet 2009, a établi que le dossier était vide. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les mesures d’interdiction de sortie du territoire national et d’assignation à résidence à Brazzaville qui frappaient les leaders de l’opposition ont été levées depuis le 30 octobre 2009. La relance des procédures judiciaires contre les responsables de F. P.O. C. est une manœuvre politicienne qui s’inscrit dans le cadre du plan mis en place par le pouvoir pour museler et décapiter l’opposition congolaise.
Face à cette nouvelle provocation du pouvoir contre l’opposition,
Le Front des Partis de l’Opposition Congolaise rappelle qu’il est une opposition politique profondément attachée au libre exercice de la démocratie. Il se bat pour accéder au pouvoir par des voies démocratiques. Toutes les autres supputations ne sont que des machinations montées de toutes pièces par le pouvoir et rejetées par le peuple depuis la Conférence nationale souveraine de 1991. Le F. P.O. C. n’entretient aucune milice privée et ne détient aucune arme de guerre.
Le Front des Partis de l’Opposition Congolaise invite le peuple Congolais en général, les militants et sympathisants de l’opposition en particulier, à redoubler de vigilance, à se mobiliser et à resserrer leur rang pour faire échec au plan machiavélique du pouvoir d’arrêter et d’emprisonner les dirigeants du F. P.O. C.
Le Front des Partis de l’Opposition Congolaise appelle la communauté internationale à s’impliquer dans la résolution de la grave crise politique qui secoue actuellement le Congo, en obtenant du président de la République, la levée immédiate des procédures judiciaires contre les responsables du F. P.O.C et la convocation d’un vrai dialogue entre le pouvoir et l’opposition, pour décrisper le climat politique dans le pays et construire ensemble les conditions propices à une organisation consensuelle des élections législatives de 2012.
Le Front des Partis de l’Opposition Congolaise met en garde le pouvoir contre toute velléité de procéder de manière unilatérale au recensement administratif de la population pour se fabriquer un corps électoral à sa guise.
Fait à Brazzaville, le 28 janvier 2010
Le Collège des présidents