Journal d'actualités sur le Congo-Brazzaville administré par le LION DE MAKANDA (LDM) pour les démocrates patriotes du Congo-Brazzaville œuvrant pour le retour de la démocratie perdue en 1997. Nous nous battons par amour avec les mots comme armes et le Web comme fusil.
Dans les grandes démocraties, nul n'est ministre à vie et il est rare de voir des ministres qui ont une longévité de plus de cinq ans - notamment pour les premiers ministres. Certes, au Congo nous n'avons plus de premier ministre mais Isidore Mvouba reste le premier des ministres selon l'ordre protocolaire. En France, on voit tout de même un scénario qui se rapproche de situations congolaises avec des ministres qui traversent des gouvernements comme Alain Juppé. Cependant, il n'est pas ministre à vie ; il va, il vient ; son apparition est discontinue mais c'est une valeur sûre de son camp, la Droite républicaine française.
Certes, il ne s'agit pas de remanier le gouvernement pour le plaisir de le faire. Un membre de la famille de Sassou m'a dit que le grand éléphant est contre le changement de ministres quand on le lui suggère en disant : " Ce sont tous des Congolais ! Ils sont tous pareils ! Ils feront comme ceux qui sont là !"
Toutefois, si on ne remanie pas un gouvernement, le risque est de le voir ne plus faire d'efforts, ne plus essayer de se surpasser car il n'y a aucune émulation dans la mesure où les ministres savent que leur portefeuille n'est pas menacé par un concurrent qui aurait quelque chose à prouver. Du coup, les comportements se tassent, les habitudes s'installent, les mauvaises plus que les bonnes et le pays végète dans un statu quo qui reproduit la médiocrité.
Le Congo est le pays des "ministres à vie", des ministres indécrottables. Certes, certains changent de ministère comme Ossébi, Okombi mais ils sont toujours ministres. La palme revient à Pierre Moussa qui est ministre du plan sous tous les règnes de Sassou. Henri Djombo aussi brille par son inamovibilité au poste de gestionnaire plénipotentiaire des forêts - ce qui fait qu'il est riche comme Crésus. Pierre Moussa selon nos sources aurait investi des milliards dans un pays de l'Afrique de l'Ouest. Vous avez bien compris que son nom de Moussa indique un lien sanguin avec l'Afrique de l'Ouest. Si tous ces ministres travaillaient bien au point de mériter une telle longévité, cela se saurait car le pays irait mieux mais dans tous les domaines, les choses vont mal car nul n'est tenu à la haute perfomance car tous ont pour mandat d'agir pour des intérêts particuliers et non pour des intérêts généraux.
Le remaniement ministériel auquel nous avons assisté était en fait un ajustement : Sassou a décidé que l'on ne pouvait plus cumuler le fait d'être au comité central du PCT et le fait d'être ministre. Ce qui nous fait croire que les membres du comité central du PCT sont rémunérés par l'Etat comme à l'époque du parti unique.
La stabilité du gouverment conduit à la pérennité des pratiques associées aux antivaleurs, Sassou connaissant comment chaque ministre fonctionne. Il y a certes quelques nouveaux mais on constate l'existence d'une équipe stable répondant à des critères géopolitiques comme Isidore Mvouba, un ami personnel du chef de l'Etat qui incarne la présencé du Pool au gouvernement avec le fils Kolélas entre autres. Okombi pour les Tékés, Koussoud Mavoungou pour les Vilis en remplacement de Taty Loutard.
Ailleurs, on est ministre parce qu'on appartient à un camp qui a gagné des élections présidentielles et on est compétent. Au Congo, tous les ministres ne sont pas du PCT, le parti de monsieur Denis Sassou Nguesso. C'est par cooptation géopolitique et par influence des membres du clan Sassou&Nguesso que l'on devient ministre - les neveux ayant tous leurs propres partis.
Ce qui est valable pour les ministres à vie l'est aussi pour les députés, les sénateurs et même les ambassadeurs à vie. Il est rare de voir un ambassadeur qui le reste pendant plus de cinq ans. Six ans, c'est déjà un exploit mais treize ans, c'est un record. La classe politique congolaise, d'une manière générale, se sclérose - même si quelques jeunes font leur apparition comme le porte-parole du gouvernement en la personne de monsieur Okiémy.
Je suis inquiet pour mon pays qui continue à s'endetter (70 millions de dollars auprès de l'Inde alors que le baril est à 110 dollars avec pour conséquence des surliquidités de l'ordre de 3000 milliards de francs cfa pour la zone CEMAC), pour son environnement quand je vois que des multinationales projeter de remplacer nos savanes par des palmeraies pour la production du biocarburant qui ne sera même pas vendu au Congo. Une savane est un écosystème qui n'est pas moins important que la forêt car il y a une faune et une flore spécifiques qui s'y développent. C'est la conséquence d'un endettement qui ne s'explique pas depuis que le Congo a bénéficié d'une extraordinaire réduction d'endettement en étant admis au statut de PPTE (Pays Pauvre Très Endetté). Ces sociétés commencent par les savanes ; ensuite, elles empièteront sur des zones forestières. Les Chinois détiennent une très forte créance au Congo qui ne sera pas capable de rembourser cette dette sinon en cédant sur nos forêts et sur certaines de nos ressources...
Avec des ministres inamovibles, donc prévisibles, le capital international peut réussir à réintroduire la monoculture au Congo. Regardez les ravages des palmeraies sur la faune en Asie ! Et avec de telles attitudes, Denis Sassou Nguesso prétend protéger la faune et la flore. Le Congo est prévisible dans ses réactions face aux intérêts privés parce que c'est le statu quo, parce que rien ne change dans la structure politique. Ce qui change vraiment, c'est un pays qui se meurt parce qu'on l'assassine doucement. Tous ces ministres inamovibles détiennent des secrets incroyables et Sassou ne veut pas les laisser partir de peur qu'ils ne révèlent les turpitudes d'un gouvernement de complaisance qui sert les intérêts des étrangers en desservant ceux du Congo.