Le Congo est le pays des ministres inamovibles pour la plupart (Djombo, Yoka, Mvouba, Bouya, etc.) ; certains sont aux affaires depuis 1997 et bien au-delà sous Sassou I. Au rythme où ils détournent l'argent public, vous pouvez déduire l'étendue de leur enrichissement. Et ils sont aussi pour la grande majorité députés et hommes d'affaires. Nombreux possèdent des hôtels de luxe, des biens immobiliers en Europe et dans le monde. En somme, ils croulent sous des fortunes colossales mal acquises. Pourtant, ils en veulent toujours plus. Tant que l'on peut mettre des zéros devant un chiffre, pourquoi s'arrêter ? Le Congo compte un nombre indécent de milliardaires en francs cfa...
Ceux qui nous lisent fréquemment savent qu'il nous arrive d'être au courant d'informations avant que celles-ci ne deviennent officielles grâce au travail de notre réseau. Nous venons d'apprendre que les émoluments des ministres vont passer à dix millions de francs cfa (plus de 15000 euros) par mois en 2013 - faisant de ceux-ci des super privilégiés de la république, déjà qu'ils ont d'énormes avantages de toutes sortes. Pendant ce temps les salaires des médecins, des fonctionnaires, des enseignants stagnent et ne suivent pas l'inflation et le coût de la vie que le pouvoir ne parvient pas à maîtriser.
Le bugdet du Congo en 2013 sera de plus de 4000 milliards de francs cfa, l'un des plus importants de la CEMAC. Il est normal que les ministres réclament un peu plus : la logique est qu'ils soient tous polygames avec une ribambelle de rejetons. Leur train de vie avec frasques et désinvolture les amène à toujours plus d'excès.
Si les ministres vont percevoir 10 millions de francs cfa, on peut imaginer que monsieur Denis Sassou Nguesso n'est pas du reste : il en a sûrement profité pour réviser son salaire à la hausse, déjà qu'on ignore combien il coûte vraiment à la nation avec ses incessants voyages à l'étranger qui en font un vrai pigeon voyageur, sa boulimie d'acquisitions immobilières, son affairisme éhonté et le gaspillage de l'argent de la république en dons de toutes sortes - parfois à des pays comme la Chine qui n'en ont pas besoin comme ce milliard de francs cfa pour la reconstruction d'une école chinoise au moment où nos écoliers sont assis par terre dans les salles de classe insalubres.
Par ailleurs, nous ignorons tout du budget de la présidence de la république - juste le budget des Grands Travaux rattaché à celle-ci (300 milliards de francs cfa).
Augmenter les salaires des ministres n'est pas une urgence ; ils vivent déjà trop bien pour un rendement médiocre à quelques exceptions près. Il y a des catégories socioprofessionnelles qui ont besoin d'être motivés pour qu'ils se sentent récompensés à la hauteur des services qu'ils rendent à la nation au quotidien : je pense aux médecins, aux professeurs, enseignants, fonctionnaires qui sont obligés de monnayer des services gratuits comme le passeport dont on dit qu'il n'y a plus d'imprimés - alors que ceux qui graissent la patte le reçoivent en deux jours, aux étudiants qui survivent avec une maigre bourse. Et s'il y a de l'argent à gaspiller autant nourrir les orphelins, soigner les populations, construire des écoles, des hôpitaux et les projets ne manquent pas.
Il y a des ministres dans d'autres pays qui gagnent moins que les ministres congolais mais qui fournissent un travail dix fois supérieur. Il n'y a aucun rapport entre le salaire et le rendement effectif si la médiocrité et la paresse sont inscrites dans les moeurs d'un Etat comme c'est le cas au Congo - sinon comment expliquer cet état de délabrement, ce marasme d'un pays pourtant si prospère ? La bêtise et l'incompétence sont en poste au sommet de l'Etat, dans tous les postes clés de la république. Et comme tous les parasites, ils sont gloutons...
Le Congo en accédant à l'initiative PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) avait promis de lutter contre la pauvreté mais il n'en est rien. En fait, cette purge imméritée de la dette publique obtenue par le truchement de puissants lobbies n'a en fait profité qu'à un seul homme : Denis Sassou Nguesso qui s'endette au nom du Congo pour assouvir des projets personnels, déjà qu'il détourne des milliards chaque année en connivence avec les membres de son clan. Son fils Denis Christel Sassou Nguesso dit Kiki qui dirige officieusement la SNPC détourne entre 300 et 500 milliards de francs cfa par mois selon les dires de certains et nous savons que cet argent est redistribué par papa aux autres membres du clan: Kiki agit pour papa en véritable percepteur ; il en profite pour se servir au passage.
Les Congolais ont eu une année 2012 difficile : drame du 4 mars 2012, accidents aériens, accidents ferroviaires, inondations polluant les nappes phréatiques provoquant la résurgence des pandémies comme le choléra, une poussée de la malnutrition et de la mortalité infantile, le coût de la vie qui a pris une vitesse exponentielle, des élections truquées, pollution aux hydrocarbures de la côte maritime, et j'en passe. Pendant ce temps, sans qu'ils aient fait la preuve d'avoir résolu les problèmes du peuple, les ministres se voient augmenter leur salaire comme si en le faisant, cela permettrait de mieux résoudre les épineux problèmes que Denis Sassou Nguesso traîne derrière lui depuis quinze ans déjà.
Et que penser de ce chef d'Etat qui s'empresse de chercher à résoudre les problèmes des autres quand il ne parvient pas à solutionner ceux de son propre pays ? Croit-il qu'il ne réussit pas parce que ses ministres sont sous-payés ? D'ailleurs, Sassou échoue partout : échec dans sa mission en RDC, échec en Centrafrique où il ne parvient pas à tirer d'affaire son disciple François Bozizé, échec dans sa tentative de médiation au Mali. En fait, la seule réussite de Sassou est de s'enrichir et d'enrichir ses obligés...