Journal d'actualités sur le Congo-Brazzaville administré par le LION DE MAKANDA (LDM) pour les démocrates patriotes du Congo-Brazzaville œuvrant pour le retour de la démocratie perdue en 1997. Nous nous battons par amour avec les mots comme armes et le Web comme fusil.
Sassou a fini par faire le déplacement de Libreville pour donner du sens à son rôle de médiateur dans la crise centrafricaine qui oppose François Bozizé et une coalition de rebelles dénommée SELEKA. Un accord a fini par être trouvé, un accord dont l'article premier commence par maintenir le président François Bozizé au pouvoir. Ce n'est pas pour rien que François Bozizé est passé d'abord voir son grand-frère Sassou à Brazzaville. Fort de sa présomption de président démocratiquement élu, la demande des rebelles de voir François Bozizé n'a pas été retenue et elle était difficilement soutenable. Les rebelles vont faire avec François Bozizé jusqu'en 2016 ; ce qui peut paraître très long - personne ne pouvant dire à l'avance ce qui va se passer.
Denis Sassou Nguesso devrait prendre exemple sur son cadet centrafricain François bozizé et affirmer clairement qu'il ne sera pas candidat après 2016 à l'élection présidentielle, question de respecter sa propre constitution. Hélas, il n'a pas le même contexte politique puisqu'il n'y a au Congo ni véritable opposition politique, ni rébellion militaire du genre SELEKA...
Cet accord ne peut qu'instaurer une période de transition, - quoique 12 mois nous paraissant trop courts - et interdit à Bozizé de briguer un prochain mandat en 2016 - ce qu'il avait par ailleurs lui-même annoncé. Nous nous demandons vraiment s'il tiendra parole. Un gouvernement inclusif verra le jour, avec des prérogatives bien définies, qui prennent en compte toutes les parties, à savoir la majorité présidentielle, l'opposition démocratique, les mouvements politico-militaires non combattantes, la coalition SELEKA, et la société civile. L'assemblée nationale sera dissoute, et le nouveau gouvernement se charge d'organiser, des élections législatives anticipées et de parachever le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR), ainsi que la réforme des services de sécurité (RSS). Tout cela en un an ? Avec l'organisation de nouvelles élections législatives, nous verrons cet accord à l'épreuve du feu. Bozizé voudra avoir la majorité à l'assemblée et il connaît les tours de passe-passe pour faire élire ses hommes.
Le premier ministre devra être issu de l'opposition démocratique, et il lui est formellement interdit, ainsi qu'à l'ensemble de ses ministres de faire acte de candidature à la prochaine élection présidentielle. Ici, il y a un entorse : pourquoi organiser des élections législatives et imposer que le premier sorte de l'opposition et non de la majorité législative ? Si François Bozizé obtient la majorité à l'assemblée, il va se retrouver dans une sorte de cohabitation d'autant que le président de la République, François Bozizé, n'aura pas le pouvoir de dissoudre la nouvelle assemblée, ni de révoquer le gouvernement tout au long de cette période de transition. En fait, l'accord bride le pouvoir de françois Bozizé mais nous nous demandons comment un homme qui se prétend démocratiquement élu va accepter une assemblée qu'il ne pourra dissoudre ni un gouvernement qu'il ne peut révoquer. Un question : Que se passera-t-il après la période de transition d'un an ? Bozizé pourra-t-il à nouveau révoquer l'assemblée ou le gouvernement ? Ce n'est pas si clair...
La coalition SELEKA s'engage à se retirer de toutes les villes qu'elle a conquises et à abandonner la lutte armée. Là encore, nous ne somme pas sûrs que la coalition SELEKA renonce à son seul moyen de pression. L'abandon de la lutte armée risque de connaître juste une pause mais pas un abandon définitif - ce qui donnerait un certain avantage à François Bozizé qui tient l'armée officielle...
De son côté, le gouvernement promet de libérer tous les prisonniers politiques, ainsi que les personnes faites prisonnières lors du conflit en cours. Toutes les milices seront dissoutes sur l'étendue du territoire centrafricain et tous les éléments armés devront être cantonnés. Facile à dire qu'à faire : qui s'occupera de dissoudre les milices ? Le président ou le premier ministre issu de l'opposition ? La chose a son importance : le SELEKA sait ce qu'il a obtenu au bout du fusil. Va-t-il se faire Hara Kiri en s'autodésarmant ? Pas si sûr !
Le gouvernement procédera de manière progressive au retrait de toutes les forces militaires étrangères non communautaires, présentes en République Centrafricaine. Allusion faite aux forces ougandaises et sud-africaines venues récemment en renfort à l'armée centrafricaine. Poutant, nous savons qu'il y a aussi des Congolais, des Angolais, des Rwandais. Alors, pourquoi juste demander le départ des Ougandais et des sud-Africains ? Mystère...
En somme, nous sommes devant un ensemble de bonnes résolutions qui laissent François Bozizé au pouvoir en le bridant pendant 12 mois sans exactement nous dire ce qui se passera après la transition car le désarmement des rebelles n'est pas acquis et il suffira qu'il y ait un couac pour que les deux partis ressortent leurs griffes.
En Afrique, on se rend compte que la force armée un élément qui rebat les cartes du rapport de force politique. Que se passera-t-il si François Bozizé reprend un avantage militaire, par exemple ? En tout cas, cet accord nous laisse dubitatifs...