L'affaire DSK /Affissatou Diallo est sur le point d'exposer une facette de la société française qui se révèle finalement sexiste et misogyne au fil des interventions, au vu des partis pris de la presse. On se rappelle encore que dans ce pays, les femmes, plus nombreux que les hommes n'avaient pas le droit de vote ; il a fallu que De gaulle mette fin à cette injustice. C'était certainement, de la part d'un homme politique, la plus belle façon d'aimer les femmes...
La femme a-t-elle en France, face à un homme, dans une affaire qui les oppose, autant de droits que ce dernier ? La femme bénéficie-t-elle d'une même crédibilité, présomption d'innocence à part, qu'un homme, en France ? C'est une vraie problématique de sociologie des représentations et du comportement sexuel. Apparemment, non : dans le subconscient sociétal, la femme est entité moindre vis-à-vis de l'homme dans cette société où l'on protège le dévergondage des hommes politiques - quoi qu'ils fassent. Ce sont les mœurs des politiques français qui sont sous le rétroviseur de l'opinion française et de l'opinion internationale à la veille d’une élection décivise et quand les mœurs s'invitent dans une élection, c'est plutôt aux Etats-Unis où ça se passe.
La France n'entre pas la variable mœurs dans une élection - notamment présidentielle. L'Hexagone est une société qui a du mal à regarder ses propres travers en face - comme une autruche. C'est la spécificité française d'être donneuse de leçons et de ne vouloir en recevoir de personne - même pas d'elle-même !
Des associations féministes vont manifester parce qu'elle se rendent compte que dans cette affaire, la société française semble peu faire cas des droits d'Afissatou Diallo - comme si nous étions encore à l'époque de l'esclavage, comme si les femmes avaient des droits au rabais - même dans un pays étranger ; ce qui donne le reflet d'une représentation masculine française universelle de la femme où qu'elle vive !
Ce n'est pas l'affaire de mœurs qui intéresse les médias mais le sort de DSK dont le destin présidentiel a été freiné par une pauvre femme de chambre : comment a-t-elle osé s'attaquer à un homme qui pliait des Etats ? A un homme si puissant promis à un destin de président ? Un homme si riche ? Comme si une certaine catégorie de la gent humaine - parce que pauvre - n'avait pas de droit.
La théorie du complot ne tient pas car personne n'imaginait que DSK allait se rendre au SOFITEL en privé et cet hôtel n'allait pas changer son management pour un client dût-il être le président du FMI. Aux Etats-Unis, c'est d'abord une affaire de mœurs et elle devrait le demeurer jusqu'à preuve du contraire mais pas pour les médias français qui désormais recherchent des saletés dans la vie de la pauvre Guinéenne. La victime a à la fois la malchance d'être femme et noire, deux attributs qui la rabaissent encore un peu plus dans l'inconscient collectif masculin français et cela se ressent lorsque des pointures masculines de la presse s'expriment à propos de cette affaire. Qu'on se souvienne du droit de cuissage des maîtres blancs sur les femmes noires esclaves. cinq siècles de pratique ont certainement laissé une trace dans l'imagerie et la culture populaire occidentale...
BFMTV parle de "la femme de chambre qui a fait chuter DSK" comme si elle l'a fait volontairement, comme si elle s'était rendue dans cette chambre pour se faire violer. Comme si elle faisait partie d'un complot comme le laisse sous-entendre Bernard Henri Levy en prétendant que les suites se font par équipe et non par une seule femme de chambre, etc. C'est un enchaînement de conjectures étranges où la conspiration inclurait qui ? La direction de SOFITEL ? ET QUI DE L'AUTRE COTE ? Veut-on sous-entendre que mademoiselle Diallo était l'appât irrésistible qu'il fallait envoyer à ce moment-là ? Quand on fait partie d'un complot, on doit être au courant, tout de même et nul ne peut faire partie d'un complot à l'insu de son plein gré pour paraphraser un cycliste français célèbre. Non, la théorie du complot ne tient pas : elle ne vise qu'à dédouaner le champion déchu de la séduction française, une séduction de gauche qui a du mal à prendre – même en politique où l’on assiste à une sinistrose politique de gauche depuis des années, la gauche se montrant incapable de proposer aux Français un vrai projet de société...
Des amis surtout juifs de Dominique Strauss-Kahn s'indignent : Jean François Kahn, directeur du journal MARIANNE, parle de "troussage de domestique", une expression qui lui aurait valu d'être poursuivi dans d'autres cieux car elle est misogyne comme la société française où 75.000 femmes sont violées par an comme cette policière arabe qui porta plainte mais dont la plainte fut déclarée irrecevable par un collègue policier. Les associations de défense de la condition féminine ont enfin compris la véritable dimension de cette affaire qui dépasse Afissatou Diallo dans la mesure où elle met en lumière la déconsidération, la sous-estimation, la chosification de la femme par l'inconscient masculin français.
La presse américaine s'insurge contre le richissime BHL qualifié de « milliardaire en col blanc » en lui rétorquant que les Américains sont fiers de vivre dans une société où l'on peut rendre justice à une simple femme de chambre qui n'est pas un objet sexuel et l'on peut même se demander si dans les salons feutrés de la bourgeoisie française, on ne la qualifie pas de "négresse" même si la presse prend des pincettes et se sucre sur cette affaire pour faire de l'audimat sans en mesurer les conséquences.
C'est la femme française que l'on méprise à travers Afissatou Diallo, la Guinéenne, car Marine Le Pen a bien compris que si cette affaire s'était déroulée sur le sol français, la pauvre Guinéenne se serait autocensurée et n'aurait même pas oser porter plainte comme de nombreuses Françaises qui n'osent pas porter plainte pour viol parce qu'elles ont peur de ne pas être crues.
C'est tout le visage de la France sexiste qui perd son masque, c'est la justice française qui est interpellée et surtout, l'attitude des Français, leur représentation de la femme sexiste et misogyne qui apparaît au grand jour. Même monsieur Lang soutient son pote Strauss-Kahn - alors que la prudence aurait commandé qu'on attende les résultats de l'enquête. Les Français font comme si la presse française n'était pas écoutée outre-Atlantique car son attitude dessert DSK et lui donne l'impression que la justice française a quelques problèmes avec les droits de la femme. Afissatou est une "Française" d'une autre couleur comme on est une FEMME D'UNE AUTRE COULEUR ou comme la femme est UN HOMME d’un autre sexe, et, - même si la femme de chambre était bien BLANCHE et bien FRANCAISE, les Françaises ont compris que la presse et les Français allaient défendre Dominique Strauss-Kahn.
C'est une affaire qui en fait réinterroge la société française sur la place et l'importance de la femme au pays de l'Egalité constitutionnelle sur ses droits et leur prise en compte en face de la gent masculine. Cette affaire DSK semble concéder plus de droits aux hommes qu'aux femmes dans un face-à-face masculin/féminin. C’est le statut juridique même de la femme qui est en cause au pays dit des DROITS DE L’HOMME. La femme me semble-t-il, en France, n’est pas juridiquement l’EGALE de l’HOMME.
Séducteur ? Encore faut-il que de l'autre côté on soit séduite. La séduction est comme une musique qui se joue à deux - en harmonie - mais pas en solo et sans les notes musicales de la femme. La séduction s'opère en douceur, en signes, en langage, en symboles, en gestuelle, en romance et la violence n'y a pas sa place. Et c'est là où l'on cesse de réfléchir comme si séducteur voulait dire irrésistible ! Non, un séducteur n'est pas forcément irrésistible. Séduction ou réification, chosification de la femme quand on parle de troussage comme Jean-François Kahn ? On constate qu'une certaine catégorie de Français est majoritaire dans les médias et on se demande pourquoi ils soutiennent DSK ? Les Françaises ne doivent pas laisser passer cette occasion pour interpeller la justice sur le droit des femmes face aux hommes dans une justice où les hommes sont encore majoritaires. On voit bien que certaines victimes potentielles ont reculé devant leur intention de porter plainte.
Cette affaire, de façon habile, est présentée comme si la justice américaine était défectueuse, excessive, non respectueuse du droit de troussage français, encore que cela renvoie à des considérations médiévales et bourgeoises où les barons pelotent leurs bonnes à volonté. On lui reproche aussi l'exposition de DSK mais la société américaine, réputée par son puritanisme, donne à la France une vraie leçon de JUSTICE et de RESPECT DES FEMMES QUEL QUE SOIT SON RANG. Il y a aussi du bon dans la justice américaine comme il y a du bon Camembert en France...