L'idée de la création d'un nouveau mouvement politique dénommé Mouvement pour l'Unité et le Développement du Congo (MUDC) est bonne mais l'unité n'est pas une petite affaire. A première vue, c'est un parti comme les autres et ce n'est pas parce qu'il a dans sa dénomination le mot UNITE que ce vocable apportera ipso facto l'unité. A ce niveau, c'est encore du ressort de l'intention qu'il faudra transformer en objectif et réaliser ce dernier sur le terrain politique et social. Si on farfouille dans la paperasse politique, on trouvera le mot Unité ou Union comme l'Union qui fait le U de l'UPADS, une union qui voyait si loin jusqu'à ressusciter le panafricanisme, cette vieille idéologie jamais incarnée dans les faits au niveau de la politique africaine. Et le mot Unité se trouve dans plusieurs devises de nos partis comme "Unité, Solidarité, Progrès" mais le mot n'a pas un pouvoir magique pour que sa scripturation ou son énonciation suffise pour l'incarner dans les faits. L'unité est une consécration politique qui s'est d'abord faite tout le long de l'histoire par le sang et le glaive. Des petites tribus sont devenues des peuples, des peuples sont devenus des nations et il arriva même que les nations se conjuguèrent maladroitement en empires. C'est donc que la méthode pour confectionner l'unité est capitale et toute intention portée sur cette donnée quasi mystique doit nous dire comment elle compte parvenir à ses fins. Car l'unité, il faut la faire par un ciment culturel, historique, politique, juridique, économique comme l'Union Européenne qui se bat pour passer de l'Union Economique symbolisée par la monnaie euro à l'Union politique qui reste à faire. L'unité n'est pas l'union car l'union peut se faire par un simple rassemblement mais l'unité du noyau de la cellule, il faut de la matière ou une force pour tenir les protons ensemble. Vous, vous ne pouvez faire l'unité que par la force politique car nous ne sommes plus au temps où il suffisait de guerroyer, de vaincre pour faire une unité factice, vous vous avez choisi de passer par un mouvement politique pour transcender les Laris, les Mbochis qui eux sont liés par plusieurs sortes de ciment : identitaire, culturel, historique, géographique, etc. Quelle est la stratégie du MUDC pour d'abord incarner l'unité en son sein pour ne pas prêcher dans le zig et le zag et surtout, comment allez-vous réaliser l'unité au niveau du pays tout entier ? Généralement, le noeud de l'unité se fait au niveau de notre commun dénominateur et le fait que nous soyons tous des Congolais devrait suffire mais la vie des autres partis montre que cela ne suffit pas à mobiliser au-delà de son ethnie. Il faut donc un ciment plus fort et j'ai mon idée mais je vous laisse chercher par vous-mêmes car il est écrit : "Cherchez et vous trouverez". Nous sommes d'accord qu'il ne faudra pas être adepte du fétichisme politique et du slogan pour croire que l'unité se fera toute seule parce que quelques individus auront créé un nouveau parti : le parti doit devenir l'exemple même de l'unité, un niveau de lecture du renouveau du Congo parce qu'on aura transcendé les clivages ethno-régionales. Or, je constate que le Pool est très représenté au niveau du bureau du MUDC (j'estime qu'il ne devrait y avoir au bureau qu'un membre par ethnie nationale) et que nous sommes mis devant un fait accompli car nous n'avons pas été invités à la création du MUDC.
Quel est le projet de société du MUDC pour arriver à l'unité et au développement ? Car si Vous parlez d'"unité", c'est que sociologiquement, elle n'existe pas dans les faits. Et nous aurions préféré qu'au lieu de mots à valeur de slogan, qu'on nous présente une démarche politique, idéologique et même économique qui aurait pour mission ultime la réalisation et l'incarnation de l'unité. Il faut que vous nous sortiez un véritable algorithme pour la réalisation de l'unité tout en préservant la diversité de notre riche tissu culturel national. Quant au développement, croyez-vous qu'il suffise que quelques individus bien intentionnés se retrouvent en conclave pour la création d'un mouvement politique, se cooptent des postes au niveau de la hiérarchie pour qu'il suffise de parvenir au développement ? Il est évident que même si on parvenait de réaliser l'unité politique qui n'est pas l'unité sociale encore moins l'unité sociologique, il faut encore que ce maillage débouche sur le développement qui n'est pas une mince affaire et c'est là que nous restons sur notre faim car nous n'avons rien au niveau de vos idées politiques - sauf la nécessité de mettre sur place cette nouvelle structure politique qui, croyez-moi, est indispensable mais là où j'ai besoin d'un os pour me faire les crocs, c'est à propos de la stratégie politique (1. réalisation de l'unité politique. 2. passage de l'unité politique à l'unité sociale. 3. passage de l'unité sociale à l'unité sociologique. 4. passage de l'unité sociologique à l'unité institutionnelle. 5. utilisation de l'unité institutionnelle pour la réalisation du développement économique) et du projet politique politique proprement dit. Sur le terrain, il y a la désunion incarnée par les multiples partis politiques. Il faut croire si vous nous respectez un peu que votre but ultime est la prise du pouvoir, le rétablissement de la démocratie et peut-être même le renforcement constitutionnel de cette unité nationale que vous voulez réaliser.
Ce n'est pas dans leurs intentions que les partis comme UPADS, URD-MWINDA ou notre P.C.T. sont les ennemis de l'unité mais dans leur structure même et cette structuration interne est le nid de ce qu'il va advenir de la gestuelle théâtrale au niveau de la politique réelle : quand ma grand-mère voulait me donner un cours des valeurs culturelles de nos ancêtres, elle transformait le présent que l'étudiantque j'étais lui avait apporté en microcosme familial de sorte que mon poisson salé devenait autant de portions que celles de ma famille et que je pouvais y lire symboliquement l'existence même de ma famille tout entière, ainsi que le riz ou l'huile. J'avais compris la leçon et apportais désormais un présent symbolisant le lignage tout entier. La structuration même du MUDC doit être différente des autres partis car l'unité, c'est la reconnaissance et l'application des droits et des devoirs de tous investis (droits et devoirs) dans la structure sociale et vous, avant d'être crédibles au niveau du tsi profond, vous devez porter l'unité dans votre structure politique même. Peut-être que c'est déjà le cas ! C'est la société elle-même qui doit être la matière vivante qui incarnera l'unité et dans cette unité retrouvée, il nous sera possible d'aller vers le développement mais il faut d'abord recenser les obstacles et les méthodes pour les juguler.
Je vous concède la jeunesse du MUDC comme excuse légitime mais au demeurant, il faudra bosser sec, bosser dur, aller au casse-pipe, former des puissants orateurs, galvaniser les foules, faire passer l'identité nationale au-dessus de l'identité ethno-régionale pour que les deux participent à un processus d'enrichissement mutuel - de sorte que tous les Congolais puissent concourir à la libération nationale par une vraie décolonisation.
Nous ne savons pas encore ce que le MUDC pense de la gestion de nos forêts, de notre pétrole, quel est le plan du MUDC pour redonner une parfaite crédibilité à notre Etat, à nos écoles mais il faut que je sois patient car vous avez déjà potassé sur tout ça, n'est-ce pas ?
Ce message est la modeste contribution du Lion de Makanda qui a voulu baliser un peu votre mouvement - en espérant qu'il vous inspirera un peu. Je n'ai pas été convié à la chasse, ni au partage du gibier, ni au repas, c'est ma façon de lécher l'assiette...