Journal d'actualités sur le Congo-Brazzaville administré par le LION DE MAKANDA (LDM) pour les démocrates patriotes du Congo-Brazzaville œuvrant pour le retour de la démocratie perdue en 1997. Nous nous battons par amour avec les mots comme armes et le Web comme fusil.
Mon cher MWANG’ MILONGUI, MUNA KERIKA,
quand vous dites que la force de l'argument doit prendre le dessus sur l'argument de la force, cela dépend du contexte : en démocratie pure, oui, mais en dictature, il faut croire que ce n'est pas très approprié. La force ne respecte que l'argument de la force. Nous l'avons vu à l'épreuve en Gambie. La force de l'argument doit s'appuyer sur une volonté politique et sur une détermination populaire prêtes à risquer le face-à-face de la rue.
Ceux qui liront votre article conviendront que vous spécifiez bien que Denis Sassou Nguesso avait préparé militairement l'argument de la force pour écraser la force de l'argument. Oui, il faut croire en la force de l'argument mais que vaut la force de l'argument quand elle se retrouve face à l'argument de la force ? Vous avez peur de redouter le recours à la force armée car il est vrai que l'expérience a montré que l'armée, mieux structurée, possédant en plus un argument canon pour imposer sa volonté, a toujours abusé de la volonté populaire au travers de coups de force. Il s'agit de se demander comment on peut pacifier le canon qui braque un Etat pour ensuite prendre en joue son propre peuple. Si nous trouvons le moyen de résoudre cet algorithme, nous pourrions crier sur les toits avoir réussi à faire un grand pas vers la démocratie, c'est-à-dire, la force de l'argument.
Il y a cinq variables dans cet algorithme ; les partis politiques, l'Etat, le peuple, l'armée et la loi. Si l'armée devient l'Etat (armée = Etat) en saupoudrant le processus par un semblant de pluripartisme, il faut au moins que le peuple s'accapare la loi pour que le jeu soit équilibré (peuple = loi). Or, vous constatez que la loi de la force devient force de loi quand l'armée et l'Etat se confondent dans le cas d'une dictature militaire comme c'est le cas dans notre pays. Et même la loi (cour anticonstitutionnelle) s'incline - même si tous les magistrats ne sont pas pour la dictature. Il faut une sixième variable de la même nature que l'armée mais qui vienne du peuple que j'appelle une insurrection armée pour tenter d'équilibrer cet algorithme. C'est là où le Général Jean Marie Michel Mokoko a suscité de l'espoir mais en vain. Ah, si le pasteur Ntumi avait les moyens de renverser les crocodiles du PCT et leur pachyderme de l'Alima, vous comprendriez ce que je veux dire. C'est peut-être pour cela que la Bête de l'Alima veut absolument éliminer la seule potentialité armée qui pourrait opposer une résistance militaire. Je l'avais prédit. Il est parfois douloureux d'avoir raison.
Sur les prisonniers politiques, c'est toujours l'argument de la force qui veut faire taire la force de l'argument. C'est vrai que l'excès dénote d'un bug dans le maniement de la force. Il faut enfermer un argument qui parle ou le faire taire à jamais en l'expédiant ad patres. Nous avons atteint une espèce d'hyperbole dans la force de l'arbitraire et l'arbitraire de la force. Il arrivera bien un moment où la descente s'amorcera. C'est inévitable.
De mon humble avis, il faut passer par une phase douloureuse pour que la force de l'argument s'impose enfin. En attendant, il faut former les esprits, la démocratie n'étant pas une génération spontanée. Après le coup d'Etat de 1997, il a fallu abattre un gros travail pour que notre peuple englué dans des problèmes de l'ordre de la survie se remobilise autour de ses droits. Nous avons battu le pavé, passé des nuits blanches pour faire entendre la voix échaudée des démocrates en fuite face à la tyrannie de la Kalachnikov. C'est à Lyon que ce mouvement de la résistance a commencé avec la RESCO. Nous étions quelques Congolais au milieu de centaines de Français. Comme nous avions honte à cette époque au milieu des militants de l'association Survie et ATTAC ! Aujourd'hui, vous pouvez mesurer l'engouement de nos compatriotes pour la cause nationale.
Pour le malentendu, prenez-le comme dissipé car, nous ne reprochons pas à Guy Brice Parfait Kolélas d'avoir fait preuve d'ambition en brisant une alliance qui penchait plus du côté des intérêts du PCT que du MCCDI. C'est de la bonne "trahison", celle-là : il n'y a que le PCT et Sassou qui en souffrent. Quant à l'autre situation, si les militants du Youki ont compris leur leader, c'est plus important que le reste. Je comprends qu'il y avait ambiguïté à reconnaître une "désinstitution" anticonstitutionnelle pour ne pas avoir renouvelé son tiers. - pour ensuite ne pas lui reconnaître son MAUVAIS (pour ne pas dire bon) DROIT. Tout était biaisé dès le départ. Okombi et Mokoko ont simplement cru que l'argument de la loi (anticonstitutionnelle avec canon braqué sur le droit) avait force de droit.
J'entends respecter la saine ambition personnelle politique. Par saine, il faut entendre celle qui ne pèche pas en se hissant au sommet au détriment du peuple. C'est humain. C'est institutionnel. C'est politique. C'est historique.
En ce qui concerne les soutiens hexagonaux de cette monstruosité dictatoriale qui dévore notre peuple de l'intérieur, c'est la première fois en France que les AfroFrançais voteront en tenant compte des enjeux de politique extérieure, un travail que j'ai amorcé à l'assemblée nationale française, le 9 janvier 2016. Si on pouvait faire tomber François Fillon, ça serait déjà ça. On y travaille.
En ce qui me concerne, ma stratégie signifiée était d'affaiblir le régime en le battant à son propre jeu rendu jeu propre. Que la cour anticonstitutionnelle ait statué le fusil à la tempe ne change rien. Sassou aurait pu faire comme Kabila sur l'autre rive du fleuve en n'organisant pas les élections. Vous savez que nous n'avons pas les moyens de lui faire rendre gorge. Cependant, le monde entier sait qu'il n'a aucune légitimité venue du peuple. Et qu'il nous massacre, nous emprisonne, il sait que le peuple a fait entendre sa volonté. Il arrivera bien une situation, un contexte où l'argument de la force ne prévaudra plus. Il nous suffit de faire confiance à l'histoire.
Nous avons la faiblesse de l'éloignement et vous l'avantage du terrain. Vous êtes au plus serré du risque, je vous le concède mais n'oubliez pas que le Général Mbaou a reçu une balle dans le dos, ici, en France. En criminalité, c'est comme en sorcellerie : la distance importe peu. Vous appréhendez au plus près de l'événement avec parfois un peu de parti pris et de manque de distance ; nous apprécions de loin avec le désavantage de manquer de proximité. Cependant, l'acuité de la raison peut pallier à la distance.
Vous soulevez que Tsaty et Pako défendent les valeurs républicaines. Il faut plus que la force de l'argument démocratique en face des gens qui font peu de scrupules de celles-ci. La dictature est en soi la mère des valeurs antirépublicaines. Même sous les oripeaux de loi. Comment espérer les faire triompher si les voies des urnes, du droit, de la loi et de la constitution ne valent rien ? On fait de la politique pour prendre le pouvoir. C'est de la bonne ambition mais que faire quand les mots ne suffisent pas ? Si par le jeu politique, constitutionnel, militaire et populaire, nous sommes en face d'un écueil, que nous reste-t-il ? THAT IS THE MOTHER OF ALL PROBLEMS.
Parlons un peu des accords de gouvernement comme vous le dites si bien : comment fait-on le grand écart quand on sert un dictateur, quand on collabore avec une dictature - en obéissant aux ordres ? C'est nécessaire d'avoir une expérience politique - même s'il faille aller au feu de l'obéissance volontaire comme le disait le professeur Zacharie Bowao mais dans ce cas, où a-t-on placé sa dignité, sa fierté ? Comment peut-on se mettre à table avec un cannibale quand on ne mange pas de la chair humaine ? C'est une image. Ne le prenez pas pour PAKO puisque nombreux sont dans cette situation. Je me souviens que le PCT n'a pas hésité à critiqué PAKO en disant qu'il n'avait pas fait grand' chose en tant que ministre. Vous pouvez arguer que passé de l'autre côté, le PCT ne pouvait que lui trouver des puces.
Bref, nous avons une situation très complexe à gérer pour sortir notre pays de l'impasse car tout pose problème : le peuple par sa nonchalance et ses atermoiements, les partis par des accords de gouvernement avec la dictature, l'armée pour ne servir que l'Etat, l'Etat en s'ethnisant à souhait et la loi cédant face à l'argument de la force. Commençons par élever la conscience de notre peuple car il n'y a pas de plus grande richesse pour un pays que la qualité de ses citoyens. Qu'importent les meilleures lois du monde, qu'importent les richesses matérielles si les hommes sont mauvais ? Puisque PAKO est une valeur sûre à vos yeux, veillez bien sur lui car il me semble que le monstre de l'Alima voit en lui un adversaire qui lui a déjà fait mordre la poussière. Et il a la rancune épaisse pour un pachyderme...
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU
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MBUTA MUNTU,
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