Femme de caractère et de conviction, Christiane Taubira a démissionné du gouvernement de Manuel Valls et de François Hollande. Nous tenons ici à lui rendre hommage alors qu'elle était vilipendée à Gauche comme à Droite où l'on estimait qu'une femme de couleur ne pouvait pas occuper le ministère de la justice. La seule personnalité de gauche qui restait dans le gouvernement français s'en est allée - comme une dernière forme de résistance, elle qui se battait auparavant pour une Guyane indépendante. On lui doit la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité, elle qui a pourtant essayé d'appliquer les promesses de campagne de François Hollande dont le côté libéral a fini par remonter à la surface et à chasser le peu de conviction de gauche qui lui restait.
En matière de gestion du pouvoir, la Gauche est désormais la soeur siamoise de la Droite et ce n'est pas par hasard si les deux se font une ristourne au sommet de l'Etat. Après le départ des écologistes, il ne restait plus qu'elle au gouvernement pour une caution morale à gauche. Elle s'en va debout, fière, sans trahir ses convictions en refusant de défendre la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux, une mesure qui créerait deux classes de Français, l'une plus égale que l'autre. En effet, la lutte contre le terrorisme ne justifie pas une injustice de plus, déjà qu'être Français ne permet pas toujours de bénéficier du principe de l'égalité selon qu'on est plus ou moins typé. Ceux qui veulent se suicider en tuant leurs compatriotes n'ont que faire de la déchéance de nationalité. Outre-tombe, il n'y a plus de nationalités qui tiennent - surtout si Allah sait reconnaître les siens...
Il faut juste en matière de terrorisme faire oeuvre d'anticipation : on peut ou bloquer la sortie de ceux qui veulent faire le djihad avant qu'ils ne sortent de France ou leur entrée quand ils s'apprêtent à y revenir après avoir été endoctrinés - sinon, il faut juste les cueillir à leur descente d'avion ou à leur entrée sur le territoire français ; ce qui est plus difficile à dire qu'à faire - avec les frontières poreuses de l'Europe. On pourrait prendre une mesure simple : annuler les passeports français de tous ceux qui font le djihad. De toute façon, si les Français ne viennent pas terroriser leurs compatriotes, les terroristes peuvent venir de Belgique, de Norvège, de Suède ou d'ailleurs et qui ne nous ne dit pas qu'un terroriste peut entrer en France avec une nationalité d'emprunt ?
LE TERRORISME EXPLOITE MAIS NE DEPEND PAS DE LA NATIONALITE. C'est là tout son problème. Il faut trouver les bonnes réponses face au terrorisme islamique qui est un terrorisme international en lui consacrant des réponses aussi internationales. Il suffit d'un meilleur suivi des déplacements des djihadistes dont le passage à l'acte doit être bloqué car après, la question de la déchéance de nationalité n'a plus d'importance. Nous nous demandons comment cela ne saute pas aux yeux des hommes politiques français divisés sur la question.
Christiane Taubira qui a défendu le mariage pour tous au nom de l'égalité, quitte le gouvernement au nom de l'égalité, pour ne pas faire qu'il puisse exister en droit des Français plus Français que d'autres, dans la mesure où ils ne peuvent être déchus de leur nationalité française - pour les mêmes raisons.
On lui a reproché son humanisme, d'appliquer une politique de Gauche au sein d'un pouvoir soi-disant de Gauche. En libéralisant le socialisme, soi-disant pour mieux lutter contre le chômage, François Hollande l'a droitisé. En fait, au pouvoir, la frontière entre Gauche et Droite devient de plus en plus mince, de plus en plus ténue : quel que soit le courant politique, aucun n'a les moyens financiers de sa politique, des moyens que l'Etat doit quémander auprès du patronat. François Mitterrand a avoué à son épouse qu'il n'avait pas les moyens d'appliquer sa politique car il s'était rendu compte de son impuissance face aux financiers, aux banques, au FMI et à la Banque Mondiale. Lors de sa campagne, François Hollande n'avait-il pas reconnu que son ennemi était la finance ? La finance, on peut la détester mais on finit toujours par courber l'échine devant ses terribles exigences.
Elle a été chahutée, charriée, insultée mais elle a toujours su rester digne. Christiane Taubira sort du gouvernement comme elle y est entrée : sans perdre son âme. Elle va certainement prendre le temps du repos et de la reconstruction mais nous savons que la bête politique qui sommeille en elle ne dormira pas longtemps avant de reprendre la joute des idées politiques - d'autant qu'elle a retrouvé sa liberté de ton.
LION DE MAKANDA, MWAN MINDZUMB', MBUTA MUNTU