Nous avons été parmi les premiers à décrier l'absence d'université à Pointe-Noire, une ville d'un million d'habitants pendant que dans le même temps, Brazzaville se dotait d'une deuxième université publique. C'est tout simplement impensable dans un pays comme la France où la moindre petite ville a son université, des instituts et de nombreux centres de formation.
Le fait que les étudiants de première année au Congo n'ont pas de bourse est tout simplement criminel : ceux qui viennent à Brazzaville en quittant Pointe-Noire ou Dolisie ou Mossaka, etc, abandonnent parfois les études parce que les conditions de vie en première année sont insupportables. Comment faire pour louer un petit studio à Brazzaville ? Comment se nourrir ? Comment payer le bus, etc ? Au lieu d'avoir comme seule préoccupation les études universitaires, de tels étudiants se heurtent à des difficultés quotidiennes très démotivantes. Sans parents, amis, relations capables de vous soutenir en première année, l'absence d'une bourse d'études est un crime contre l'avenir du pays. Je sais comment fonctionne l'esprit machiavélique du fils adoptif de Poro-Poro : il a coupé la bourse en première année pour casser les étudiants du sud du pays. De toute façon, les enfants de l'élite mbochie étudient pour la plupart à l'étranger...
Denis Sassou Nguesso a posé la première pierre de l'université catholique du Kouilou à Liambou, une université qui sera organisée autour d'une faculté de sciences, une université privée et non publique. Ce n'est pas une mauvaise idée mais une université catholique est tout de même une université privée et Pointe-Noire ne méritait pas cela : à Brazzaville, les universités ont été construites par l'Etat et il doit en être de même à Pointe-Noire et ailleurs. L'éducation des fils du TSI est une mission régalienne de l'Etat qui doit en construire les écoles, les lycées et les universités.
Nous avons cherché à savoir d'où provenaient les fonds reçus par la conférence épiscopale pour construire l'université catholique de Pointe-Noire. Nous apprenons que l'argent provient des sociétés pétrolières ! L'Eglise n'a pas vocation à prendre l'argent des sociétés pétrolières, l'argent qui provient du pétrole volé au Congo, pour construire une université catholique. C'est une forme subtile de corruption. La conférence épiscopale va donc construire une université qui ne comportera pas une faculté de droit ou de médecine, etc. Cette université au rabais est une insulte de plus que Denis Sassou Nguesso fait au Kouilou.
La posture de l'église dans ces moments difficiles pour notre peuple est assez curieuse : elle semble plus se préoccuper de ce qui est à César au lieu de se borner à protéger ce qui revient au Seigneur. L'église se tait face au massacre de Congolais innocents, des Congolais qui sont aussi ses ouailles. Pour mieux acheter le silence de l'église, Denis Sassou Nguesso et ses complices pétroliers financent une église catholique à Pointe-Noire ! L'argent ne peut provenir de l'église car elle est pauvre puisque composée de fidèles pauvres.
Pour conclure, je vais mettre en entier la réflexion suivante reçue d'une personne avertie qui s'interroge sur l'église et je mettrai la réponse que je lui ai faite :
"La conférence épiscopale du Congo a reçu des fonds pour construire l'université catholique à Pointe-Noire. La première pierre est posée par Sassou (cf. La Semaine Africaine).
Que pensent les évêques de la situation du peuple ? Les bergers n'ont-ils pas sacrifié les brebis en recevant l'argent des sociétés pétrolières ? Quelle est la posture de l'église pendant cette période de crise ? Ces Congolais qui ont été assassinés pour avoir manifesté n'étaient-ils pas des chrétiens ? Des chrétiens pauvres peuvent-ils construire une église riche ? Est-ce cette pauvreté qui explique la prostitution de l'église du Congo ? Quel message l'église peut-elle encore proposer aux chrétiens du Congo ? Une université catholique ne devait-elle pas être financée par le Vatican ? Pourquoi prend-on l'argent du Congo pour construire une université privée - même s'il s'agit d'une université catholique ? Les évêques martyrs ont-ils encore leur place dans le monde ? Les évêques n'ont-ils pas trahi leurs brebis ?
Quelle honte ! Pape des pauvres, Christ des pauvres. Quel Christ servent donc les évêques congolais ? Leur silence devant la situation actuelle en dit long. La médiation à la sauvette tentée par Monseigneur Milandou peut se résumer en ceci : "il faut sauver le peu qui nous reste." Un discours révélateur car le "peu", c'est l'argent des sociétés pétrolières, au prix du sang versé par les chrétiens. Quelle conscience !
Je comprends pourquoi on a diabolisé Monseigneur Portella. Il a eu le courage de dire les choses sans le moindre soutien de ses frères évêques..."
Voici la réponse que j'ai faite à cet ami :
"...Je suis celui qui ai lancé l'idée du développement du pays en quatre pôles que le régime du PCT a reprise en ZES (Zones Economiques Spéciales) mais sans aller jusqu'au bout puisque les ZES se sont embourbées dans le cerveau bleu pourri d'un certain ministre. Je suis encore celui qui ai poussé des bergers comme Monseigneur Portella à assumer leur NON au changement de la Constitution du 20 janvier 2002, une crise que la Semaine Africaine a exposée avec des fuites de documents.
Oui, les bergers doivent défendre les brebis. Cependant, comment le peuvent-ils s'ils mangent à la table du loup ? Sassou essaie de corrompre même l'église ! Que Dieu nôtre nous garde, Celui-là qui créa l'homme noir en premier ! "
Pour terminer, j'ajoute le commentaire suivant que je viens d'adresser à mon grand-frère Mwangou :
" Grand-frère, il n'y a qu'une bonne question à se poser : vu que les financiers sont les sociétés pétrolières pillant notre pétrole puisque même l'argent de la SNPC, l'un des actionnaires, y vient aussi, pourquoi ne pas avoir donné l'argent à l'Etat pour construire une université publique ? Jean Jacques Bouya, qui gère les grands et les petits travaux du royaume, n'aurait-il pas eu grand plaisir à ajouter un petit milliard de francs cfa dérobé à ce budget sur son compte perso ? Si tu trouves la réponse à la question, tu comprends tout.
Absolument contre l'existence d'une université dans le Kouilou, Sassou n'a accepté le compromis des pétroliers que parce qu'il espère corrompre l'église par son geste, une église qui a ainsi la bouche fermée car elle a des pétrocfas dans la gueule. Une université publique est libre d'entrée. L'université catholique de Pointe-Noire, bien que financée avec l'argent de notre pétrole aura-t-elle un accès libre à tous les enfants du Kouilou et du Congo ? On peut aussi se demander si cette université sera ouverte sous condition de chrétienté ou si tout le monde y aura accès. Une université publique nous aurait épargné ce genre d'interrogations légitimes... "
LION DE MAKANDA MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU