Depuis la conférence de la Baule, l'Afrique a joué un laps de temps à la démocratie électorale à l'occidentale. Le temps d'une euphorie. Le continent africain a vite été rattrapé par la dictature qui a vite repris ses droits au Congo comme dans de nombreux pays. La démocratie a quelques exceptions comme des poches de résistance ici ou là. Oui, en Afrique, elle est l'exception et la dictature la règle la plus commune. A quoi cela sert-il à un dictateur comme Denis Sassou Nguesso dont le pouvoir a été conquis par la force et qui est maintenu par la force d'organiser des élections ? A quoi donc ? A jouer à la comédie démocratique. Oui, une dictature doit jouer à la farce démocratique pour donner l'illusion au monde civilisé que le jeu démocratique continue quand bien même il a été interrompu. Par la force. En marchant sur des milliers de cadavres innocents.
Depuis 1997, le Congo-Brazzaville vit sous la férule de la plus sanguinaire et impitoyable des dictatures. Le monstre de l'Alima est venu pour rester au sommet de l'Etat pour toujours. Aussi a-t-il privatisé l'Etat. Le pays a basculé de la république à la royauté. En silence. Le peuple doit participer à la comédie pour que la farce soit complète. Quand la victime choisit son bourreau, même quand cela est forcé mais maquillé en illusion de liberté, c'est tout de même plus poétique que si on le lui imposait perpétuellement par les armes. Avec une élection factice, on gagne une légitime illégitimité. Plus la farce est grosse, plus elle a l'apparence de la réalité. Et ne dit-on pas que seule l'apparence compte ?
Le 20 mars prochain, le mokilimbembé de l'Alima organise une pseudo-élection présidentielle à laquelle le peuple sera convié. Une comédie qui coûtera des milliards de francs cfa. Pour rien. Sassou suit son plan avec la bénédiction de la France. Maintenant que la date de la représentation théâtrale est fixée, il ne reste plus qu'à danser le Muhirika. Avant cela, il faudra que Sassou se fasse désirer, que le peupe le courtise, le supplie de rester au sommet de l'Etat pour qu'une ethnie se goinfre de toutes les ressources du pays - jusqu'à ce que le fils soit prêt à prendre le fauteuil du père. Avec une opposition factice sans stratégie parce que sans stratège digne de ce nom, de toute façon, elle aussi jouant la comédie, nous sommes sûrs que le Congo court au désastre. La faillite frappe déjà à la porte du pays tandis que des créanciers fictifs comme Hassan Hojeij réclament leur dû...
En attendant, Martin Mbéri, Nguellé et d'autres battent déjà campagne dans le sud, Mbéri jouant à l'avocat du diable pour une promesse de premier ministre qu'il ne deviendra jamais. En effet, Denis Sassou Nguesso ne tient jamais ses promesses sauf une faite à lui-même : RESTER A VIE LE GRAND NKANI DU CONGO. Tant que la force prévaudra sur le droit et qu'il aura la bénédiction de la France, ce scénario semble tracé pour se répéter longtemps. Sauf si le destin s'en mêle mais le destin n'est-il pas une force que Lucifer peut ployer en lui braquant une kalachnikov sur la tempe ? Tant qu'il y aura du pétrole à gager, c'est-à-dire, un avenir à hypothéquer, le pouvoir vaudra toujours la peine d'être possédé aux yeux de Sassou. Et ce, à tous les prix...
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU