Par une résolution votée lundi 9 novembre 2015, le parlement catalan a exprimé son désir de devenir un Etat indépendant en se séparant de l'Espagne. Regardons le contexte : nous sommes en Espagne, un pays européen démocratique qui a accordé une grande autonomie à la Catalogne, et on ne peut pas dire comme au Congo qu'on massacre les Catalans parce que Catalans, comme les milices ethnisées de Sassou massacrent les sudistes, parce Kongos. Ce n'est pas comme si on brimait les Catalans dans la redistribution de l'emploi et des ressources nationales en Catalogne, bref, on se demande pourquoi les Catalans veulent l'indépendance. Est-ce le fait qu'il apporte 20% au budget global de l'Espagne en sa qualité de région la plus riche de l'Espagne suffit ? Si oui, il y a longtemps que le Kouilou qui fournit plus de 80% du budget de l'Etat congolais aurait mérité d'être indépendant.
Les indépendantistes catalans vont se heurter aux rigueurs de la Constitution espagnole qui n'est pas un torchon. En effet, elle garantit en son article 2 l'indivisibilité de l'Espagne, un pays où les Espagnols ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Barcelone cherche donc à se désolaridariser de Madrid juste par égoïsme. Et là encore, il faudra attendre qu'un vrai référendum soit organisé mais rien n'est moins sûr car le premier ministre espagnol veillera à ce que la loi soit respectée. Si ce n'est pas le roi qui s'en occupe personnellement.
Que se passerait-il si les catalans qui revendiquent le droit de se gérer leur destin eux-mêmes se retrouveraient dans la situation des Bakongo au Congo où ils sont massacrés, assassinés violentés, enlevés, brimés, assujettis par une dictature ethno-régionale au pouvoir depuis trente-deux ans ? Que se passerait-il si comme les Bakongo, les Catalans n'avaient pas le droit de travailler ou de bénéficier des revenus de l'Etat qui proviennent en majorité de la partie sud du pays où ils sont installés ?
C'est étonnant : voilà des gens qui ont le lait et le beurre, qui vivent dans une vraie démocratie mais qui veulent être indépendants. A cela, on leur opposera une Constitution que l'Etat espagnol essaie d'appliquer au mieux pour tous. Au Congo, la constitution est un torchon, la république, une arnaque et la démocratie, un mensonge éhonté qui ne parvient même plus à berner un petit enfant, un petit Mukongo de cinq ans qui meurt de faim - parce que Mukongo. Au sud, Denis Sassou Nguesso en fait en sorte que les Bakongo vivent dans des ghettos - alors qu'ils ne réclament qu'une REPUBLIQUE JUSTE qui ne laisse personne au bord du chemin. Denis Sassou Nguesso en véritable réincarnation d'Hitler, poursuit la haine du Mukongo sous des fallacieux prétextes. Partout, ceux qui profitent du système dictatorial et assassin s'époumonent en criant : "UNITE !" - alors que l'unité n'existe pas dans l'assiette de tous les enfants de la république. Il y a pourtant de la place pour que quatre millions de Congolais vivent heureux ensemble mais à la place d'une vraie république, nous avons une idéologie politiquement instrumentalisée depuis cinquante-cinq ans que l'on voit à l'oeuvre : tout est accordé, y compris l'impunité absolue, à une certaine catégorie de la population juste par sa proximité consanguine, familiale linguistique, clanique et régionale au gangster en chef Denis Sassou Nguesso qui règne en monarque absolu sur le Congo, lui qui vient aujourd'hui de tenter d'éliminer le Général Ferdinand Mbaou de deux balles dans le dos - parce que Mukongo.
Les Espagnols ont de bonne raison de se battre pour une Espagne unie tout comme les Catalans ont le droit d'oser exiger leur autodétermination. Cependant, ce qui surprend, c'est que tout ceci intervient dans un pays démocratique, en pleine Europe, une Europe qui doit redouter que le cas de la Catalogne ne fasse jurisprudence auprès des Corses et des Bretons, par exemple. L'Espagne a gros à perdre et l'Europe risque d'entrer dans un cycle de revendication indépendantiste qui remodelerait toutes les cartes européennes.
Si le Congo était dans la configuration de l'Espagne avec une Catalogne assimilée au sud, il y a longtemps, vu les meurtres, les injustices, les humiliations, l'apartheid ethnique, il y a longtemps que la Catalogne aurait demandé son indépendance. Au Congo, il a fallu attendre cinquante-cinq ans pour voir apparaître de telles vélléités indépendantistes totalement justifiées par Robert Poaty Pangou et Modeste Boukadia. Sans pencher ou porter justification de la sécession, je défie quiconque d'argumenter ou de laisser croire que dans les conditions de vie des Bakongo ghettoïsés, génocidés, les Catalans auraient pu supporter cinquante-cinq avant de demander leur indépendance. Surtout dans le contexte d'une constitution qui ressemble à du papier-cul dans l'esprit de ceux qui dominent et asservissent les Bakongo depuis tant d'années.
Ce qui fait l'unité, ce n'est pas le simple fait de le scander mais la réalité de la traduction de l'égalité des droits de tous dans la vie quotidienne. Or, au Congo, dans les faits et par sa pratique, Denis Sassou Nguesso a déjà divisé le Congo dans la distribution des ressources de tous transformées en privilèges ethno-régionaux - tout en maintenant de force dans SA "république" royale bananière en pointant du canon tous ceux qu'ils détestent parce que différents de lui ethniquement. Nous assistons, impuissants, à la mise en place d'une ETHNIE-ETAT qui domine les autres depuis près de trente deux ans.
Au Congo, la souffrance est partout - même si ce n'est pas dans les mêmes proportions et une étude sociologique serait la bienvenue pour éclairer cette réalité. Cependant, les ethnies de la partie nord du pays, au lieu de se battre avec le reste du peuple pour l'égalité des droits et des devoirs, c'est-à-dire, pour une vraie république et une vraie démocratie, préfèrent se taire, au nom d'une idéologie, pour que le président soit toujours de leur bord afin de leur distribuer des privilèges en lieu et place des droits de tous.
Les Catalans ne réussiront peut-être pas à obtenir leur indépendance car l'Espagne et Bruxelles leur barreront le chemin mais eux au moins, essaient de porter à la face du monde une revendication légitime qui leur a déjà permis de glaner une grande autonomie. Au Congo, pour que cela arrive, il faudra d'abord que tous les BAKONGO soient prêts à mourir pour un idéal.
LION DE MAKANDA, MWAN MINDZUMB', MBUTA MUNTU