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Journal d'actualités sur le Congo-Brazzaville administré par le LION DE MAKANDA (LDM) pour les démocrates patriotes du Congo-Brazzaville œuvrant pour le retour de la démocratie perdue en 1997. Nous nous battons par amour avec les mots comme armes et le Web comme fusil.

DECES DU PROFESSEUR COME MANKASSA, CE 14 JUILLET 2015 EN FRANCE

DECES DU PROFESSEUR COME MANKASSA, CE 14 JUILLET 2015 EN FRANCE

C'est Ziana TV où il a fait une apparition publique récemment qui nous a annoncé son décès aujourd'hui, jour de la fête nationale française du 14 juillet. Le professeur Côme Mankassa a rejoint ses mânes du côté de Kongo dia Ntotila. Il a choisi pour s'en aller un jour à haute charge historique. Tout un symbole. Je me souviens encore des lectures publiques qu'il faisait de mes copies à l'université Marien Ngouabi. Il nous a formés à l'art de la rigueur et de la critique dans une robe de mots esthétiquement assortis à la puissance que l'on voulait donner à sa pensée. Il parlait comme un livre, d'une pensée corsée de concepts avec des phrases poignantes comme si elles naissaient déjà agencées dans son esprit, toutes prêtes à être reçues, à être consommées dans leur singularité et tout en profondeur avec des strates qu'on ne soupçonnait même pas.

Je tiens ici à rendre hommage à mon professeur. D'après les informations que j'ai reçues, dès son retour de Brazaville où il est allé participer aux consultations en tant que président de son parti, il a fallu le prendre médicalement en charge à partir de l'aéroport à son retour en France. Cela fait un moment qu'il résidait en France, bien entouré par sa famille selon les informations que je tiens d'un ami qui discutait avec lui au téléphone.

Le Congo perd l'un de ses rares docteurs d'état en sociologie. Peut-être le seul. Il avait élevé sa pensée conceptuelle si haut qu'il approchait l'universalisme - sans se départir des valeurs de sa culture atavique et c'était là toute la magie de son art oratoire et de son verbe flamboyant. Il était à lui tout seul une véritable école d'anthropologie, au sens d'un courant spécifique de pensée intellectuelle. Il nous a restitué conceptuellement un univers kongo qui ignorait sa propre quintessence.

L'homme avait en chantier un livre sur Aimé Césaire, une oeuvre critique que les éditions françaises réchignaient à publier à cause de la notoriété de l'écrivain antillais. Le professeur voulait déboulonner la statue Césaire. L'inconscient français consubstantiel aux maisons d'édition n'a pas voulu céder à cette lecture critique d'une vie intellectuelle et politique française d'outre-mer qui a fait rêver tant de générations. Espérons qu'il sera publié à titre posthume. Sa thèse d'état est un véritable chef-d'oeuvre dont les théories sont enseignées dans certaines universités occidentales.

Le Congo vient de perdre un intellectuel, un penseur, un homme de valeur qui a réhabilité la culture des anciens en la repensant dans les catégories occidentales qui la défiguraient faute de la comprendre vraiment - parce que transposée au travers de la lecture comparative concommitante à la culture occidentale des chercheurs qui se sont essayés à la compréhension de la sphère africaine. Pour le professeur Côme MANKASSA, il fallait comprendre les sociétés africaines - notamment traditionnelles - par elles-mêmes et non au travers d'une comparaison avec l'occident. Il a dompté son esprit pour en faire une arme logique qui maniait la théorie du tiers-exclu à merveille. Cela nous prendra du temps  pour produire un autre intellectuel d'une telle envergure.

Professeur, nous gardons en nous un peu de ta rigueur, de ton art de structuration des concepts, de tes empoignades intellectuelles avec Meillassoux, Coquery, Godelier, Lévi-Strauss, entre autres. Tu avais la science de cerner en un regard toutes les dimensions d'une phrase, voire même d'un livre, de sorte que tu en rendais la critique aisée. De ton écriture vive, toute conceptuelle, tu avais modélisé - parce que retrouvées - les structures perdues de l'environnement anthropologique kongo. En t'écoutant, en te lisant, j'ai eu comme une deuxième naissance à ma propre culture. Hélas, écrire comme nous le faisions à la faculté des sciences humaines ne permet plus d'être compris par notre peuple dont le niveau d'abstraction a fondu comme une larme au soleil. Tu avais la haute manière des phrases picturales qui condensaient des myriades de pensées en une seule. Sur le plan taxonomique, de mon humble avis, tu avais atteint le dernier stade de l'abstraction intellectuelle.

Toutes mes condoléances à la famille de l'illustre disparu, à tes fils, à tes filles et petits-enfants. Hélas, tu emportes avec toi une sagesse dont nous aurions souhaiter encore nous abreuver pour mieux restituer au muntu, son kimuntu perdu depuis des siècles au travers d'une acculturation ayant créé une distorsion dans l'espace des valeurs ataviques. Repose en paix. Le Congo, ton pays saura t'honorer à ta juste valeur : il perd aussi un ancien ministre et un ancien ambassadeur... 

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M
Bjour LDM! Dommage! mais c'est ainsi! finalement était-il souffrant avant de voyager pour le Congo et pourquoi avait-il accepter de faire ce voyage? Dommage! Sassou Nguesso peut alors organiser son dialogue comme il l'a prévu...Et il a prévu que lui ne serait pas là..., son dircab allait le remplacer valablement, le présidium serait dirigé par Obami Itou, et voilà que tout est dans les normes...Adieu grand!
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M
un homme integre juste et véridique cherchant toujours la paix.<br /> Reposes en paix.
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