Faux ninja-nsiloulou ventripotent avec une écharpe violette pour paraître plus réaliste. Les ninjas-nsiloulous ne portent pas de cagoule...
Ne nous dispersons pas et n'oublions pas l'essentiel : le problème central du Congo est la restauration de la démocratie et l'instauration d'une république juste - qui sache défendre les intérêts des Congolais et distribuer à tous ce qui revient à tous. Il est assez curieux de constater que plus personne ne parle du hold-up électoral lors du scrutin présidentiel du 20 mars 2016. Toutes les attentions et tous les regards sont tournés vers le Pool où l'éléphant a lancé sa chasse au longui, au pasteur, un chasse à l'homme, une traque qui entend arrêter le pasteur Ntumi mort ou vif. Voilà près de sept mois qu'une armée soi-disant de professionnels ne parvient pas à arrêter un civil, un pasteur tout de même rompu au maniement des armes. Renseignement défaillant ? Incompétence militaire et stratégique ? Négligence ? Calcul politique machiavélique ? Complicités ? Fait délibéré ?
Les députés ont fini par revenir à l'assemblée nationale comme si la dictature avait repris son cours normal. Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolélas ont retrouvé leurs maroquains. Il y a comme une normalisation politique du côté de la fausse opposition qui sait que Denis Sassou Nguesso est le maître du jeu et qu'en roi républicain, c'est lui qui nomme sous farce électorale les députés et les sénateurs. Tout est question de positionnement pour continuer à boukouter. L'enjeu n'est plus le Pool pour Kolélas et Tsaty-Mabiala mais la future élection législative annoncée début 2017. Pascal le petit est même déjà en campagne. Dans le Pool, Denis Sassou Nguesso tue. Le coupable ? Ntumi. Cherchez l'erreur. La politique continue son petit chemin de complaisance et de collaboration au sein des ennemis du peuple répartis astucieusement en deux camps pour jouer la comédie de la démocrature.
Reste néanmoins l'affaire Ntumi, l'épine du Pool qui montre toute la faiblesse de notre force publique taxée de "faiblesse publique" par Asié Savon de Marseille. Agacé, Denis Sassou Nguesso a envoyé ce dernier vilipender sa propre armée de mercenaires chichement payés. Le mot d'ordre était de capturer le pasteur Ntumi avant le 20 octobre 2016. Nous sommes le 24, toujours pas de Ntumi enchaîné. On lui a paraît-il donné quatre jours pour se rendre ; nous savons tous que l'homme ne se rendra pas. Il faut aller chercher celui qui se définit comme "l'ombre de Dieu", une ombre que l'on n'aperçoit même pas, une ombre invisible, donc parfaitement insaisissable. Et cela devient un problème, un vrai problème car cette guerre contre des pauvres paysans désarmés ne peut pas durer indéfiniment : elle coûte cher et pourrait finir par offusquer la communauté internationale qui fait semblant de regarder ailleurs quand Denis Sassou Nguesso chasse du Mukongo par procuration.
Prendre quelqu'un en otage, c'est le retenir contre son plein gré - notamment sous la menace d'une arme - pour en faire un bouclier humain ou demander une rançon. La situation des populations du Pool répond-elle à cette définition ? Pas du tout puisque Ntumi et ses proches ne se trouvent pas au milieu des populations empêchées de se déplacer ! Non, Ntumi n'a pas pris les populations du Pool en otage - puisqu'elles quittent librement le Pool pour fuir les bombardements. Nous n'avons entendu personne se plaindre qu'il était retenu par les ninjas-nsiloulous contre sa volonté. La propagande du système Sassou ne saurait nous tromper. Le problème du Pool, ce n'est pas Ntumi mais la haine que Denis Sassou Nguesso voue aux Bakongo, une haine viscérale, maladive, injustifiée, satanique. Si le pasteur Ntumi se cachait derrière des populations prises en otage, il y a longtemps que les bombardements aveugles auraient eu raison de lui et de ses hommes. Si le monstre de l'Alima en veut vraiment à Ntumi, pourquoi massacrer de pauvres paysans sans défense ? On ne devrait pas tirer sur les populations sans raison. Et des tirs et des bombardements, s'il vous plaît, à l'arme lourde ! Il y a un truc qui ne colle pas. Nous assistons à une guerre contre un ennemi fictif...
Sous injonction judiciaire, une opération de police se fait sous enquête menée par des juges d'instruction. Les forces de police ne sont lancées que lorsqu'elles sont sûres que la personne recherchée se trouve à tel endroit. Or, sans la moindre enquête, on bombarde les populations dans le Pool - comme si Denis Sassou Nguesso était en guerre contre son propre peuple désarmé. Ce n'est pas en bombardant les villages qu'on peut arrêter quelqu'un pour le traduire en justice : ce que l'on recherche, c'est plutôt l'assassiner et non le capturer car les bombes ont vocation à tuer sans distinction et non à capturer qui que ce soit. Ce à quoi on assiste dans le Pool, ce n'est pas une opération de police mais un holocauste, une chasse au mukongo, un génocide programmé appelé "opération Mouébara".
Le remède est aujourd'hui pire que le mal car ceux qui tuent, déciment les paysans bakongo, violent les femmes, torturent les vieillards et les enfants, ce sont les mercenaires composant la soldatesque de Denis Sassou Nguesso et non Ntumi et ses hommes qui ont vécu paisiblement parmi les populations en prêchant la bonne parole, en cultivant les champs. Bien entendu, quelques brebis égarées ne manquent pas. Des témoignages reçus sur le terrain, personne ne voit les ninjas-nsiloulous à l'oeuvre. Les actes qui leur sont attribués ne peuvent être prouvés car aucun ninja-nsiloulou n'a été arrêté sur le fait. Les malfrats peuvent bien être des agents du régime Sassou cherchant à enfoncer et à incriminer Ntumi pour mieux justifier l'opération Mouébara dans le Pool et ses environs. L'exploitation du coltan ne nécessite pas un génocide. Cela n'a pas de sens. Les habitants du Pool finiront par revenir chez eux.
Soit. la raison d'Etat a toujours raison même quand elle a tort - puisqu'elle fait la loi et qu'elle est la raison de la loi. Ntumi est accusé de faits qui se sont déroulés dans la nuit du 4 avril 2016. Des faits ponctuels qui se sont déroulés à Brazzaville ont déclenché non pas une enquête et une opération de police mais une guerre avec des chars, des voitures blindées et des hélicoptères de combat pilotés par des mercenaires ukrainiens. La réaction du régime venu des bords de l'Alima est visiblement disproportionnée.
Voilà sept mois que l'on court après une ombre qui a une Bible dans la main droite et une kalachnikov dans la main gauche. On pourrait l'arrêter. C'est plausible. C'est une possibilité. Cela aurait pour conséquence d'ôter tout prétexte de dépeuplement et de massacre des Bakongo. Il se peut aussi que l'on ne parvienne pas à arrêter le pasteur Ntumi. Encore faille-t-il vouloir l'arrêter car certains en doutent. En effet, on se demande si l'intérêt du système ne serait pas de ne pas arrêter Ntumi pour perpétuer un massacre, un holocauste, un génocide contre les Bakongo à huis clos. Ce n'est qu'une hypothèse. Il se peut aussi que le pouvoir ne parvienne pas à arrêter le pasteur Ntumi car les soldats font la guerre comme des fonctionnaires de 8 heures à 17 heures. Après, c'est la nuit. Il faut se replier et recommencer le lendemain en attaquant de pauvres vieillards. Si Ntumi n'est pas arrêté, Denis Sassou Nguesso va-t-il continuer à bombarder aveuglement le Pool ? Qu'est-ce qui dit que l'ombre de Nzambi ya Mpungu se trouve toujours dans le Pool ? Rien. Denis Sassou Nguesso va-t-il massacrer tous les habitants du Pool, de la Bouenza et du Niari ? Que va faire Sassou ? Ordonner la poursuite des bombardements à l'aveugle ? Comment va-t-il tenir son armée en alerte pendant un temps illimité ? Depuis quand l'arrestation d'un individu se transforme en massacre des populations ?
Ntumi est armé. Par qui ? Et pourquoi ? Pourquoi une tolérance hier et plus aujourd'hui ? Nous avons besoin de savoir si le génocide contre les Bakongo va se poursuivre ad vitam aeternam car si Ntumi meurt de mort naturelle et qu'il est enterré - sans que ses hommes ne le disent, aurons-nous droit à un holocauste permanent des Bakongo ? Cette épuration ethnique ne pourra indéfiniment se cacher derrière le prétexte Ntumi. Les Bakongo doivent se dire que Denis Sassou Nguesso a décidé le dépeuplement des populations qui lui sont électoralement hostiles. Comme les Bakongo ne peuvent pas se défendre, alors il ne leur reste plus qu'à attendre que la solution finale leur soit appliquée comme le fit Hitler aux Juifs. A moins que l'ombre de Dieu aille jusqu'au bout de sa mission en libérant le Congo. Ntumi doit prendre ses responsabilités. Sassou lui fait la guerre. Il doit faire plus que se cacher : contre-attaquer. Se cacher n'est pas une solution viable. Il faut que le pasteur Ntumi se mette lui aussi à chasser l'éléphant. Le chassé doit de se transformer en chasseur. C'est le souhait de Dieu. Une ombre armée peut réussir à faire tomber un éléphant. Une ombre invisible. Une ombre divine. N'est-ce pas ainsi que se définit lui-même le pasteur Ntumi alias kinzinza kia Nzambi ?
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU