Abstract(Résumé) : L'UPADS est l'Union Pan Africaine pour la Démocratie sociale créée au début des années 90 pour permettre au professeur Lissouba d'accéder à la magistrature suprême en 1992 au Congo-Brazzaville. Son règne, le seul qui peut se réclamer démocratique a duré 5 ans et a été interrompu en octobre 1997 par le coup de force du général d'armée Sassou Nguesso appuyé par la France et Elf-Aquitaine. Ce parti politique est en proie à des problèmes de pilotage, de leadership et de projet politique, vu qu'au sommet du parti, les chefs se détestent, se nient quand ils ne s'autoproclament pas à tel ou tel poste. Cette situation est accentuée par le fait que le président du parti en la personne de Pascal Lissouba est présenté "comme politiquement indisponible "(mais pour qui ? Pour tous ?)... Il faut donc trouver du sens dans cette cacophonie où quelques acteurs sont en quête du graal suprême : la place du professeur pour espérer avoir le même sort national que lui. Mais ce n'est pas gagné d'avance ! La problématique que nous posons ici est celle-ci : qui exerce le pouvoir le plus élevé au sein de l'UPADS puisque le professeur ne peut plus exercer son autorité légitime ? Quels sont ses buts si on admet qu'un parti ne vaut réellement que s'il a l'intention de mettre une personnalité en orbite en vue de la conquête du pouvoir politique ? Si tel est le cas, quel est son plan politique de reconquête du pouvoir à l'heure où Sassou multiplie les erreurs politiques, alors qu'aucune critique ne vient de l'UPADS préoccupée à se déchirer ?
Il y a une négation systématique de toute autorité qui viendrait se dresser au-dessus de l'autorité du secrétaire général par intérim qui n'accepte plus que l'autorité de Lissouba qu'il proclame indisponible. De façon statutaire, le secrétariat général n'est pas la plus haute institution du parti. Or, comment un parti peut-il avoir au pinacle du pouvoir :
1)un président impotent et indisponible qui ne s'exprime plus publiquement, jetant le doute sur tout ce qu'on veut bien lui prêter ? Que prévoit les textes en cas d'indisponibilité du président du parti ?
2)un secrétaire général par intérim qui voit son intérim se prolonger indéfiniment, avec comme seule légitimité un acte signé de Lissouba ? Ne trouve-t-il pas que son prétendu pouvoir lui-même est fragile ?
3)A présent que Gamassa a pris la présidence par intérim, l'UPADS a donc deux "intérimaires" au plus hauts postes de l'exécutif. Pourquoi cette fragilisation des institutions du parti ? Qui en est véritablement le chef ?
Pour ceux qui ne connaissent pas le Congo-Brazzaville, c'est un petit pays du golfe de Guinée en Afrique centrale de 3 millions d'habitants, un pays riche de son pétrole mais pauvre de la prédation de ses élites politiques successives depuis l'indépendance en 1960. Il est frontalier du Gabon, du Cameroun, de la République Centrafricaine et du Zaïre.
Il y a trois grands partis politiques au Congo-Brazzaville depuis 1992 :
- le Parti Congolais du Travail ou P.C.T., une survivance du communisme, qui n'a pas été enterrée avec la mort de son fondateur, Marien Ngouabi. Actuellement, il est divisé entre les réformateurs sous la coupe de Lékoundzou et les conservateurs qui ont pour porte-parole Oba Apounou. Il semble que Sassou pense à créer un autre parti autour de sa propre personne. Affaire à suivre ;
- l'UPADS, le parti créé par le professeur Lissouba en 1992 et qui était certainement le plus grand, à l'époque de son accession au pouvoir. Il n'a pas su protéger la jeune "démocratie congolaise" en entrant dans le piège d'une guerre civile tendue par Sassou ;
- le MCDDI, le parti créé par Bernard Kolélas qui rentré au Congo-Brazzaville depuis peu, s'est rallié à Sassou qui a levé les sanctions qui pesaient sur sa personne. L'éviction de Mampouya, celui qui a tenu le parti en son absence de la direction du parti au profit de ses fils et des membres de sa famille a créé un certain trouble au sein de ce parti.
Le peuple congolais souffre d'être riche car il n'a jamais été aussi pauvre que depuis qu'il est aussi riche. Ce peuple est un prétexte. Sa liberté n'est que virtuelle.
QUI DIRIGE L'UPADS AUJOURD'HUI ET POUR QUOI FAIRE ?
Il y a trois faits indéniables :
- le fait que le président de l'Union Pan Africaine pour la Démocratie Sociale, en sigle, UPADS, le professeur Pascal Lissouba soit malade (on parlerait de la maladie d'Alzheimer). Or, on s'étonne que la santé de cet homme public tant aimé du peuple congolais ne nous soit pas dévoilée clairement : peut-être que par nos prières, Dieu pourrait lui rendre la plasticité de ses neurones. S'il est "politiquement indisponible" pour tous, alors quelqu'un dirige le parti à sa place et je me demande qui et dans quel but. Cette personne tient au statu quo sinon depuis longtemps, il y aurait déjà eu un congrès. Ceci n'est qu'une hypothèse ;
- le fait qu'il soit désormais incapable de balbutier un mot et de justifier qu'il soit encore capable de diriger le plus grand parti du Congo-Brazzaville (ce qui pose le problème de son maintien au sommet de la superstructure politique du parti. A qui profite l'infantilisation du "grand homme ?" Qui est désormais le marionnétiste en chef ?);
- le fait que son silence soit l'occasion d'une guerre pour contrôler le parti entre les tenants des institutions passées incarnées par Christophe Moukouéké, en théorie toujours secrétaire général (car seul le congrès peut lui nommer normalement un successeur et surtout, par le fait qu'il n'y ait au niveau du secrétariat général qu'un secrétaire général par intérim), ceux des institutions provisoires représentées par le secrétaire général par intérim, Paulin Makita, se proclamant fidèle continuateur de l'oeuvre du professeur Président et revendiquant tenir de lui son pouvoir et un courant familial en la personne de Pascal Gamassa, cousin de Lissouba, qui s'est vêtu du rôle de Président par intérim de l'UPADS.
Dans un système parfait, il y aurait au-dessus de tous les tables de la Loi politique par le biais des statuts du parti que plus personne ne respecte vraiment, surtout quand ils n'arrangent pas la position de celui qui les interprète. Le stalinisme des textes n'est pas reconnu, lui qui devrait mettre tout le monde d'accord. Seul est scandé le stalinisme des hommes. Il est à noter qu'une organisation qui piétine ses propres textes se désacralise aux yeux de sa propre base et de l'opinion nationale mais les enjeux sont certainement ailleurs... Or, l'expérience de la démocratie doit d'abord commencer en interne au sein des partis. En effet, si nos partis ne parviennent pas à faire preuve de comportements démocratiques en leur sein, comment peuvent-ils prétendre en appliquer les principes au sommet de l'Etat ?
Sans nier la légitimité des ambitions, comment comprendre le fonctionnement du parti aujourd'hui ? Est-il encore un vrai parti dont le but est la reconquête du pouvoir ou ne reste-t-il de l'UPADS que le squelette d'un parti moribond divisé en deux ou en proie à une diarchie ? Qui peut aujourd'hui incarner véritablement l'UPADS en dehors de Lissouba ? Va-t-on voir un vieil homme malade, incapable de s'exprimer même par voie de presse être exposé comme candidat impotent à la présidence de la République du Congo-Brazzaville ? (Faudra encore que Sassou l'accepte car il s'est taillé un code électoral sur mesure qui exclut d'office ceux qui auront résidé pendant plus de trois ans hors du Congo. Et c'est le cas de Saint Pascal Lissouba...) Où se trouve le centre du parti ? Au Congo ? En France ? Qui va organiser la succession du professeur Lissouba ? Ne doit-on pas craindre que ceux qui crient tout le temps au loup soient catalogués eux-mêmes comme le loup en question ? Quelles sont les ambitions de l'UPADS pour le Congo ? Pourquoi le parti ne joue-t-il plus son rôle de parti d'opposition à la dictature démocratiquement élue ?
Une triade en guerre se profile, chacune niant les deux autres pour se réclamer seule autorité légitime. Il y a en filigrane une opposition entre deux générations et une autre opposition ethnique, celle-là, à laquelle se double une opposition familiale. Hérite-t-on d'un parti comme on hérite d'un patrimoine ?
Le processus de légitimation de la vieille génération ou celle de Christophe Moukouéké s'appuie sur :
- une solidarité passée, générationnelle (nous sommes les amis de Lissouba, nous l'avons connu avant vous, etc.);
- une solidarité événementielle ("nous avons partagé la prison avec Lissouba);
- une légitimité juridique qui s'appuie sur les textes du parti.
Le malheur de Moukouéké est d'être entré en disgrâce auprès de Saint Pascal Lissouba qu'il aura critiqué dans un livre (cf. Trente ans de révolution pour rien). Après une guerre civile perdue, ce livre a été interprété comme un clin d'oeil pour retrouver les grâces de Sassou Nguesso, l'actuel Président de la République du Congo-Brazzaville. Va-t-il se contenter de briguer le secrétariat général du parti, alors qu'il peut prétendre à la présidence ? Comment va-t-il réagir ? Il a critiqué Pascal Gamassa tout comme Paulin Makita à travers son site internet. Personne n'aime se faire déborder par l'aile familiale d'un joueur politique ! Pourquoi ne demande-t-il pas pardon à Lissouba à l'heure où le pardon est à la mode ? Son sort amène tout de mène une interrogation : mais quel est donc ce parti qui tout en admettant les courants n'accepte pas la critique ?
Quant à la génération pauliniste, elle prend pour bouclier
- sa fidélité à Lissouba (en effet, les trahisons ont été légion de la part des "amis politiques" du professeur des professeurs. La jeunesse en laquelle le professeur n'avait pas cru quand il était au pinacle du pouvoir devient son dernier rempart) ;
- sa capacité à mieux représenter les idées du professeur (on aimerait que quelqu'un parle enfin de l'héritage politique de Lissouba! Encore faut-il que quelqu'un s'en soucie vraiment);
- le fait que Paulin ait été nommé par Lissouba lui-même (sur le site officiel du l'UPADS, cette référence est sans cesse rappelée en l’acte n°012/01-CN/CD-P du 17 avril 2001.).
Or, il semble que ce soit les dernières décisions fiables que Lissouba ait prises et Paulin Makita en a conscience. Mais cette source de légitimation suffira-t-elle ? Makita doit affronter un réseau politique vieux de plus de trente ans qui ne le reconnaît pas comme un de ses membres et qui ne cherche qu'à l'évincer. Lui, essaie de créer son propre réseau avec des jeunes cadres du parti qui croient en lui. Encore faut-il qu'il ait le soutien populaire, le soutien de la base la plus composite qu'un parti puisse avoir.
Le courant Paulin a maintes et maintes fois proclamé la radiation de certaines personnalités qu'elle trouve gênante mais celles-ci se maintiennent au sein du parti. UPADS, comme on t'aime au point de refuser le divorce ! On va t'étreindre si fort jusqu'à la mort !
- Quant à Pascal Gamassa dont l'avantage réside dans la possibilité de voir Saint Lissouba au titre de la consanguinité, mieux de la collatéralité, il a des éléments filmés de sa légitimité : une vidéo dans lequel le président Lissouba lui confierait les rênes de l'UPADS. Il est à noter que le pouvoir en place a eu des doutes quant au texte de pardon au peuple congolais qui était censé provenir du professeur Lissouba.
On pourra toujours arguer qu'au PCT ou au MCDDI, les affaires ne sont pas au beau fixe non plus mais la question est que Lissouba est présenté comme un démocrate par l'exercice du seul régime démocrate du Congo-Brazzaville. Comment se fait-il que le jeu de la démocratie n'ait pas lieu dans son propre parti ?
On grenouillerait ici et là parce que Sassou aurait dans l'esprit de mettre en place un gouvernement d'union nationale pour acheter la paix sociale. Le positionnement au sommet des pyramides politiques est indispensable.
Imaginons un congrès de l'UPADS. Il s'agira d'élire non pas seulement un secrétaire général mais aussi un président du parti. Le calcul ne doit pas être simple pour Paulin Makita car à quel poste va-t-il être candidat ? Président du parti ? Ca serait l'idéal car aujourd'hui il tient ce rôle à cause de la santé du professeur mais sans l'avouer. Secrétaire général ? Il prendrait le risque d'avoir au-dessus de lui une personne à qui il devrait faire allégeance. Ce dilemme est sérieux car il risque tout simplement de se voir évincé à tous les postes. Il lui resterait encore le poste de premier secrétaire UPADS FRANCE... C'est une bête politique qui saura trouver les réponses à toutes ces énigmes...
Le congrès se prépare en triple exemplaire. Les comités ad hoc se multiplient et on se demande ce qui va se passer... En effet, il est d'adage reconnu que celui qui organise récolte les dividendes pour lui-même.
En son temps, le professeur, par son charisme et son passé politique, avait tout pour être un instrument de conquête du pouvoir. Sans lui, que vaut l'UPADS dans la bataille politique interne nationale au Congo-Brazzaville ?
En tout cas, l'UPADS semble être un parti incapable de susciter une parfaite entente au sommet. Si par amour, personne ne veut de la mort de la poule aux oeufs d'or, personne ne reconnaît l'autorité de l'autre et la maladie du professeur semble être une aubaine politique pour les uns et les autres. Je me demande ce qu'il adviendra de ce parti à la mort de Saint Pascal Lissouba qui n'a pas pris la peine de désigner son successeur. Du moins, un successeur qui fasse consensus entre les chefs potentiels. Il faudrait peut-être laisser les militants trancher par un vote véritablement démocratique. Gamassa se prévaut d'un titre de président par intérim de l'UPADS ; ce que conteste Paulin Makita et Moukouéké : il vaut mieux un Lissouba incapable de prendre la moindre décision politique comm Président factice qu'un autre qui viendrait faire de l'ombre...
Alors, question :