Chers compatriotes et chers lecteurs, je vous renouvelle mes meilleurs voeux pour l'année 2018 - bien que l'année sera difficile au Congo pour nos compatriotes mais il faut garder espoir.
Voici un entretien que je viens d'avoir avec le docteur en médecine MUNTU MOSSI, un compatriote, sur la question du tribalisme. Estimant la discussion importante, je la mets en ligne. Il est évident que le docteur MUNTU MOSSI ne s'appelle pas ainsi dans la vraie vie. Ayant toujours pris le soin de protéger mes sources, je l'ai affublé du pseudonyme de MUNTU MOSSI (quelqu'un d'anonyme)...
La complexité de la situation congolaise appelle l'examen sur deux dimensions : intérieure et extérieure. Autrement, l'histoire politique de notre pays n'est pas totalement compréhensible. D'ores et déjà, il peut s'affirmer sans ambages que le tribalisme est la contradiction dialectique la plus importante qui mine notre pays de l'intérieur, occasionnant des conflits, des discriminations, un raté dans le choix des personnes et un retard de développement manifeste. Et il n'est pas possible de s'attaquer à un ennemi extérieur si on n'a pas vaincu ses démons intérieurs.
Lors de mon passage à l'assemblée nationale français, j'avais évoqué l'existence de deux dictatures : l'une du dedans et l'autre du dehors à laquelle celle du dedans est assujettie. Qu'on se souvienne de ce que disait un Cobra lors du coup d'Etat de 1997 quand un journaliste français lui demanda comment Denis Sassou alias Nguesso allait faire pour reconstruire le pays ravagé par un conflit de plusieurs mois. Ce dernier répondit : " Il fera appel à la France. Tout le monde sait que Sassou sans la France n'est rien"... Une réponse pleine de lucidité de ce jeune homme en plein conflit. Une fois son coup d'Etat accompli, la première phrase de Denis Sassou alias Nguesso devant la presse française fut : "IL FAUT RÉCONCILIER LE CONGO AVEC LA FRANCE", comme si le Congo et la France étaient fâchés sous le règne du président Pascal Lissouba. Cette "réconciliation" était en fait une soumission totale du Congo devant la France - ce qui n'était plus le cas avec le professeur Pascal Lissouba, raison pour laquelle il fut par ailleurs renversé...
Il faut qu'on s'empare tous de la question du tribalisme si nous ne voulons pas répéter indéfiniment l'histoire. C'est la contradiction principale qui mine le Congo au niveau intérieur et empêche à notre pays de devenir pleinement un Etat de droit. Vous avez tous remarqué que sous le règne de l'idéologie tribalisme, il est difficile d'appliquer la justice car les proches du dictateur en chef jouissent tous au nom de la tribu-ethnie de l'impunité absolue. La justice se transmute en injustice pour des motifs idéologiques. Vous avez vu comment une courageuse directrice du CHTue a été révoquée pour avoir dénoncé des malversations au sein de cet hôpital. Qui peut croire Toto Ngakala quand il prétend sévir contre ceux qui privent les Congolais de rétroviraux aujourd'hui ? Personne !
[1/1 15:06] DOCTEUR MUNTU MOSSI : Avec un homme comme toi, que j’ai toujours considéré comme un savant pour tout le travail que tu fais, le Congo se libérera. Le problème du Congo, ce n'est pas un problème congolo-congolais, ce n’est pas forcément un problème du tribalisme comme tu as su le développer dans une de tes publications comme tu sais le faire. Le problème du Congo, c’est la France. Sassou bombarde le Pool, donc tue les Congolais, la France ne dis rien, même Macron qui venait d’être élu, n’a jamais parlé du Congo. J’ai donc compris que Sassou a un lobbying tellement fort, que notre salut viendra à 80 pour cent de la France. Tant que Total donc la France ne lâcheront pas Sassou, nous allons continuer à souffrir Qu’est-ce que tu en penses ?
[1/1 15:20] LION DE MAKANDA : Docteur, imagine le spectre du tribalisme vaincu, tous les Congolais unis comme un seul homme. Si la tyrannie intérieure disparaît, on peut affronter la tyrannie extérieure française. C'est une guerre à deux fronts : le tribalisme ou rivalité politique intérieure et le colonialisme français qui se poursuit tandis que nous ne regardons qu'à l'intérieur. Unis, nous pouvons en imposer à la France. C'est pour cela, qu'elle a entretenu le tribalisme. Essaie de voir la chose sur les deux facettes et tu me comprendras.
[1/1 15:24] LION DE MAKANDA : Le tribalisme est une idéologie néfaste qui pousse une ethnie-Etat à ne se préoccuper que de conservation du pouvoir, négligeant ipso facto le développement économique. C'est un gâchis de temps. On peut parier que nous ne réussirons jamais la voie démocratique sans vaincre le tribalisme. Sans le soutien idéologique et physique des nordistes, que vaudrait la dictature de Sassou ? Rien ! D'où l'intérêt de casser le tribalisme. Nous devons passer des privilèges ethno-tribaux aux droits de tous.
[1/1 15:27] LION DE MAKANDA : Il faut prendre le temps symbolique de l'unité de toutes les ethnies que l'on pourrait matérialiser dans une espèce de Sénat des Sages gardiens de la tradition. Quand j'ai émis cette idée, Sassou l'a récupérée mais sans l'esprit qui va avec, il s'est contenté de corrompre les chefs traditionnels.
[1/1 15:29] LION DE MAKANDA : Avec de l'argent et des 4x4... Dans une forme de corruption constitutionnalisée.
[1/1 15:30] LION DE MAKANDA : Le Ghana avance pour avoir concilié tradition et modernité.
[1/1 15:30] LION DE MAKANDA : Ce pays est en paix. Plus aucun coup d'Etat !
[1/1 15:31] LION DE MAKANDA : Or, personne ne veut entendre parler de tribalisme. Et c'est là, la preuve qu'il est agissant...
[1/1 15:31] DOCTEUR MUNTU MOSSI : Je ne mets pas en doute le lion, ta réflexion sur le tribalisme, il faut en effet combattre le tribalisme pour éviter un régime clanique. Je disais simplement que pour faire partir Sassou du pouvoir, il faut qu’il soit lâché par les multinationales françaises, donc la France. Le problème du tribalisme n’est qu’une question subsidiaire. N’oublie pas que lors des élections de 2016, la partie méridionale de notre pays a plus voté JMM alors que c’est un ressortissant de la partie septentrionale. Une fois le "dégagisme" de Sassou-Nguesso constaté, oui, on peut pendant la période transitoire régler au plus vite le fléau qui est le tribalisme. Ce n’est qu'un avis d’un observateur.
[1/1 15:36] LION DE MAKANDA : Dégager Sassou ne suffira pas. Le tribalisme est une idéologie et une idéologie est toujours COLLECTIVE. La fin du règne de Sassou ne mettra pas fin pour autant à l'idéologie tribaliste. Quant aux multinationales, pour qu'elles lâchent Sassou, il faut que leurs intérêts soient sur la balance. Je ne peux en dire plus ici. Nos vies valent moins que leurs intérêts. Or, si on traite la question du tribalisme, on affaiblit le monstre de l'Alima en le dépouillant de son bouclier. Est-il donc aussi difficile d'accorder les mêmes droits et les mêmes devoirs à tous nos concitoyens ?
[1/1 15:38] LION DE MAKANDA : En France, ils ont triomphé en mettant en branle le principe de l'égalité - qui a stoppé les velléités divisionnistes des Corses et des Bretons, etc.
[1/1 15:38] LION DE MAKANDA : Souviens-toi de l'échec du référendum corse quand les Corses ont choisi de rester dans la république que de céder à l'aventure nationaliste, lui préférant une autonomie...
[1/1 15:40] LION DE MAKANDA : Même en Europe, une espèce de tribalisme existe. Sociologiquement, je peux évoquer le cas catalan. La Catalogne veut quitter l'Espagne ; ce qui montre que les conflits identitaires n'ont pas disparu même au sein de la vieille Europe...
[1/1 15:41] LION DE MAKANDA : Mais c'est la force de la loi qui sauve l'Europe de la pression des différences identitaires. L'Union Soviétique a bel et bien explosé en plusieurs Etats...
[1/1 15:41] LION DE MAKANDA : Et qu'est donc la loi sans l'égalité des droits et des devoirs ? Rien du tout sinon UNE DICTATURE !
[1/1 15:42] LION DE MAKANDA : Nous avons une justice faible. Pourquoi ? À CAUSE DU TRIBALISME !
[1/1 15:43] LION DE MAKANDA : Donc on en revient algorithmiquement à ce facteur...
[1/1 15:44] LION DE MAKANDA : Dépouillée du tribalisme, une justice implacable est possible et avec elle, les droits et devoirs reprennent du sens.
[1/1 15:45] DOCTEUR MUNTU MOSSI : L’homme du nord en général et le Mbochi en particulier a été convaincu par des rhétoriques utilisées par Sassou comme quoi, il est le seul rempart pour protéger l’homme du nord, que si, il n’est pas là, le nord du pays disparaîtra de la carte du Congo.
Aujourd’hui, on le constate bien, nos compatriotes du nord sont très complaisants envers Sassou et son pouvoir. Ils sont prêts à se sacrifier pour lui, tant qu’il a la bénédiction des Français. Si par malheur, il tombe, les choses pourraient changer progressivement .
[1/1 15:50] LION DE MAKANDA : On peut parier : si Sassou tombe, le Nord gardera la main sur le pouvoir. Ton hypothèse reste valable mais le vrai soutien que les Mbochis et le Nord accordent à Sassou vient à mon humble avis des privilèges qu'ils leur accorde et de l'impunité Tribale dont ils jouissent. Si on réussit à garantir des droits à tous, ce soutien saute. Pourquoi paye-t-il d'abord les soldats ? Parce que autrement, ils le lâcheraient !
[1/1 15:51]LION DE MAKANDA : Et si l'armée Tribale le lâche, il saute.
[1/1 15:53] LION DE MAKANDA : Docteur, nous devons avoir de la rigueur dans un esprit de vérité, autrement, on tournera en rond, vu que tout Congolais par son père a une ethnie de référence. Ce qui fait que l'idéologie du tribalisme sera toujours agissante...
[1/1 15:55] LION DE MAKANDA : Nous avons vécu la même chose sous Lissouba bien qu'élu démocratiquement.
[1/1 15:56] LION DE MAKANDA : Le défunt Moungounga Kombo Nguila n'a pas hésité à dire : " c'est notre tour, c'est notre pouvoir" !
[1/1 15:57] LION DE MAKANDA : Comment tu veux résoudre ce mal si le diagnostic médical est erroné ?
[1/1 15:58] LION DE MAKANDA : Ensuite, unis on peut affronter les multinationales et la France.
[1/1 15:59] LION DE MAKANDA : Même avec la démocratie, le mal a persisté.
[1/1 16:02] LION DE MAKANDA : Et ce mal n'a qu'un remède : remplacer une idéologie par une autre en faisant vivre des concepts politiques sur le terreau du droit en leur donnant corps dans la vie réelle des populations.
[1/1 16:03] LION DE MAKANDA : Cette idéologie vient de la résistance de nos traditions à la modernité.
[1/1 16:04] LION DE MAKANDA : On doit donc associer les traditions au système politique à venir de façon à neutraliser l'idéologie du tribalisme.
[1/1 16:05] DOCTEUR MUNTU MOSSI : Justement à l’heure actuelle, cette armée clanique n’est pas prête à le faire tomber, qu’est-ce qu’on fait ? Le lion, et très cher frère, les problèmes du Congo sont un véritable casse tête, Sassou nous fait du mal, il nous épuise physiquement et moralement, c’est dramatique, mais le plus dur reste à venir. Après la chute de Sassou, les chantiers et les défis à relever seront pittoresques. L’éducation, la santé, le social, la politique. Il n’y a plus dans notre pays, les vrais cadres. Aujourd’hui, je me permets de te demander avec tout le respect que je te dois, de commencer à préparer nos enfants qui sont ici en Europe, États-Unis Canada et ailleurs de se préparer pour prendre les commandes du pays car il n’y a plus de vrais cadres là-bas. Tu dois réfléchir sur un éventuel article là dessus car tu trouveras des mots dans cette orientation. Ça été un plaisir de discuter avec toi, j’espère que cette nouvelle année qui commence, nous permettra de nous voir et aussi de faire la fête car on en a besoin. Salut mon grand.
[1/1 16:15] LION DE MAKANDA : Je compte faire avec ta permission de cette discussion un article. Bien sûr, je ne mettrai pas ton nom. Mon rêve est de créer une université libre à XXX. Oui, on sait que la tâche est immense mais on peut y arriver. L'idée c'est de ramener les membres de la diaspora au pays en leur appliquant un principe d'intéressement. Tu n'accepteras pas d'aller travailler si le pays n'accorde pas de valeur à ton travail, même toi, docteur. Il faut que ton travail soit valorisé. Je rêve d'une ville moderne où vous serez logés avec tout le confort. J'ai discuté de cette idée avec Madame Itoua lors de son passage à Lyon qui a répondu que les Congolais de la diaspora ne sont pas des super-Congolais. Tu vois ? Nous qui n'avons même pas le droit de vote ! Ces gens peuvent pourtant construire de telles demeures car nous avons tout pour ça. En tout cas, il faudra des idéalistes pour abandonner leurs salaires européens. On pourrait compter sur les retraités. Mais sociologiquement, il faudra une vraie stratégie d'intéressement.
[1/1 16:18] LION DE MAKANDA : Il faut une valorisation salariale car pourquoi payer si cher des Généraux dont le métier consiste à ordonner des massacres et mal payer ceux qui sauvent des vies ? Ensuite, il faut un environnement viable et moderne pour qu'ils n'aient pas envie de retourner en Europe car ils sont Français, Anglais, Américains, etc. Il faut prendre le temps de créer une nouvelle génération compétente par un transfert intelligent des compétences. Il y a des ingénieurs, des professionnels dans tous les corps de métiers. Il faut créer des centres de formation et des écoles d'ingénieurs - en embauchant si nécessaire des ingénieurs occidentaux, le temps d'avoir des compétences congolaises propres.
[1/1 16:19] LION DE MAKANDA : On doit réfléchir. Moi, il y a longtemps que j'y ai pensé.
[1/1 16:21] LION DE MAKANDA : J'hésite de mettre mes idées en ligne car Sassou les galvaude.
[1/1 16:21] DOCTEUR MUNTU MOSSI : Ok, le lion, tu peux faire un article, je pourrai que le lire avec la même passion. Je te laisse passer ce premier janvier en famille, je t’appelle demain soir après le boulot. Bien évidemment, tu trouveras un autre nom à la place du mien, je profite de cette occasion pour te dire que, XXXXXX , je pars à Pointe-Noire pour 8 jours.
[1/1 16:21] LION DE MAKANDA : Ok. Bonne soirée.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU