Le mot catholique signifie "universel". L'église catholique se proclame et se réclame église universelle - alors même qu'elle n'est pas cultuellement partagée par le monde entier. Soit. Elle ne peut se revêtir de l'universalité que si elle défend les causes universelles et la défense de la liberté en est une et, même le salut de l'âme ne devient une cause universelle qu'accompagné et précédé du salut de la chair, l'âme et la chair étant intimement liées.
Nous avons par le passé demandé à l'église catholique du Congo-Brazzaville d'être le porte-étendard de la lutte pour la liberté et la démocratie car estimions-nous que si le chrétien est assuré de gagner le ciel, de surcroît le Paradis, il doit être la tête de pont de toutes les batailles politiques ou sociales. Si un chrétien est assuré de gagner le ciel et le Paradis, que peut-il redouter sur terre ? Eh bien, Rien ! Hélas, les chrétiens se contentent de proposer le salut de l'âme - alors même que cette âme ne saurait se justifier sans un corps. Si Dieu a placé l'âme dans un corps de chair, c'est que cela lui était ou utile ou indispensable ou mieux inséparable. Que celui qui a déjà vu une âme humaine hors d'un corps de chair lève la main ! Si l'âme pouvait vivre sa vie éthérique, que vient-elle faire dans un corps de chair ? La chair est la matière première de l'être physique et elle mérite d'être sauvée avant l'âme et, sauver le corps et la chair peut inéluctablement conduire à sauver l'âme. Quelqu'un a dit que la chair était faible, nest-ce pas ? Et ne dit-il pas par l'âme que l'âme est forte ? Aussi du fort ou du faible, qui mérite d'être sauvé, tiré vers le haut ? Qui a besoin d'être sauvé ?
Il s'agit de sauver l'homme de chair d'abord avant de sauver une âme qui n'a besoin de rien et qui n'est peut-être pas responsable des péchés de la chair. C'est par ailleurs, l'âme qui a soif de liberté, de paix, de justice, des concepts qui déteignent ensuite sur la chair qui subit leur manque ou leur privation. On ne torture une âme qu'au travers d'un corps de chair comme on ne fait pécher une âme qu'en chair. Donc, le vrai credo religieux est le salut de la chair. Hélas, les dogmes religieux ont inversé l'ordre des choses, prouvant ainsi qu'ils ne viennent pas du Créateur.
L'âme et la chair sur terre sont une seule et même chose. Délivrer la chair, c'est par conséquent sauver l'âme car une chair en souffrance ne peut que pécher. Si vous condamnez un homme à la faim, ne volera-t-il pas une banane pour survivre ? Si l'homme doit tuer pour éponger sa soif, assurément, il tuera. Nous sommes dans une dimension physique ; c'est donc le salut de la chair qui prime mais les malins sachant que cela leur coûtera préfèrent crier matin, midi et soir qu'ils cherchent à sauver des âmes. Si une âme immatérielle existe en nous, c'est à l'être immatériel qu'est Dieu de la sauver et non à l'homme. Il revient à l'homme charnel de sauver la chair. Nous, humains, placés dans un monde physique, c'est contre les obstacles physiques qu'il convienne que nous luttions. Voici ce que devrait être le message, le credo d'une véritable église universelle, catholique. Or, elle se contente d'organiser des messes au lieu d'organiser des parties de pêche, de chasse et de cueillette pour nourrir les fidèles ou de fomenter des révolutions pour libérer des masses. Si l'église de catholique passait d'universel à révolutionnaire, elle serait plus crédible à parler du salut des âmes. Elle oublie bien vite que l'homme surnommé Jésus est le pur descendant en ligne direct des Asmonéens qui sous la conduite de Matthatias luttaient contre les Romains pour sauver le peuple charnel et physique d'Israël. Comme un peuple est une réalité et une donnée bien physiques, c'est sur le plan physique qu'il convient toujours de le sauver et non dans une hypothétique rédemption qui laisse l'estomac crever de faim.
En république démocratique du Congo, le cardinal Laurent Monsengwo s'est levé et exhorte le peuple majoritairement chrétien de son pays à se lever afin de lutter contre la dictature du cheval de Troie rwandais Hyppolite Kanambe alias Joseph Kabila. Le peuple est dans la rue.
Qu'on y réfléchisse un peu : de nombreux disciples de Jésus étaient des zélotes, des hommes rompus à la violence au nom de Dieu. Comment pouvaient-ils suivre un homme tourné vers la paix et la résignation ? De même que l'homme surnommé Jésus a soulevé les zélotes contre Rome afin de libérer son pays de l'occupation romaine, Monsengwo a décidé de porter sa croix en appelant le peuple à exiger que "les médiocres dégagent". En poussant les Congolais de la rive gauche à sortir dans les rues, le cardinal Monsengwo devient le vrai symbole christique, c'est-à-dire, un homme qui accepte la mort pour sauver les siens et c'est bien cela que signifie l'expression : porter sa croix. Jésus a dit : "Que ceux qui veulent me suivre soient prêts à porter leur croix". La croix n'était pas à cette époque un objet religieux mais la sentence réservée aux ennemis de Rome. Vous pouvez le vérifier. A présent que le bras de fer est amorcé, il s'agit d'aller jusqu'au bout.
L'église n'est pas qu'une force spirituelle ; c'est avant tout une force politique et aimer Dieu, c'est d'abord et avant tout aimer la liberté car il créa l'homme libre afin qu'il soit capable de déployer tout son potentiel. D'où vient-il que les églises poussent les hommes à la passivité et à l'esclavage de nos jours ? Un homme qui se réclame "homme de Dieu" ne peut qu'être pour la liberté et sa fille la démocratie. Assurée de se retrouver au Paradis, l'église catholique doit devenir ce qu'elle doit être : une église universelle combattante qui se lève et conduit les hommes vers le mont Golgotha de la liberté. Elle sait que le Christ, l'homme qui a demandé à ses disciples de vendre leur manteau pour s'acheter une épée, l'homme qui exhortait son peuple à ne pas payer l'impôt exigé par les Romains, était un révolutionnaire, un combattant de la liberté. S'il a traité Hérode Antipas et non Hérode le Grand de "renard", c'est qu'il avait aussi maille à partir avec le pouvoir temporel qu'il combattait et pour lequel il était un lestès, un brigand. Or, aujoud'hui, nos dictateurs sont tous des renards qui obéissent à des nouvelles Romes, trahissant ainsi leurs peuples.
Toutes les églises à vocation chrétienne devraient être de tendance zélote, d'un zèle à prendre les premières lignes de la défense du peuple. Après tout, comme il n'y a pas d'âme humaine sans corps humain, sauver une âme devient d'abord et par devers tout sauver un homme de chair. Quitte à accepter de crucifier sa peur, la seule chose qu'un peuple doit fixer sur des clous.
Comme l'église catholique confine à l'universalisme, le cardinal Laurent Monsengwo ne peut se contenter d'exhorter les Congolais de la RDC à se libérer de la dictature : son appel doit prendre un accent universel et appeler TOUS les chrétiens de pays soumis à des dictatures de prendre leur croix de la révolte afin de crucifier leur peur. C'est cela l'universalisme et non pas autre chose.
Si j'étais le cardinal Laurent Monsengwo, mon appel serait celui-ci : " Chrétiens de toutes les dictatures, unissez-vous et soulevez-vous ! Que les médiocres et les dictateurs dégagent ! Christ est avec nous car le Paradis nous est assuré. N'ayez pas peur ! C'est aux dictateurs au contraire d'avoir peur ! ".
Les églises catholiques doivent cesser d'être des églises de sommeil. Qui peut dire que la dictature est de Dieu ? Qui peut dire que les détournements des deniers publics sont de Dieu ? Qui peut croire que le massacre de millions d'innocents vient de Dieu ? Qui peut croire que le pillage des ressources de l'Afrique est ordonné par Dieu ? Alors, comment croire que ces églises de sommeil servent Dieu si elles laissent faire le Malin sans pousser le peuple de Dieu à la révolte pour recouvrer sa liberté ? Les croisés ne se sont-ils pas levés pour délivrer Jérusalem de l'emprise des Arabes ? Et d'ailleurs, pourquoi les Arabes, assurés d'aller au Paradis, sont-ils plus prompts à défendre des causes - même injustes - au nom d'Allah, leur Dieu ? Jéhovah-Yavhé serait-il un Dieu lâche, lui qui ordonna des guerres aux de Moïse et de Josué ? Qui peut tirer les conclusions de cette leçon et voir qu'il y aurait plus de musulmans que de chrétiens au Paradis ? Y aurait-il un Paradis pour les musulmans et un autre pour les chrétiens ? Il est temps que l'église participe à rendre à la liberté ce qui lui appartient. DIEU EST UN DIEU DE JUSTICE ET LA JUSTICE EST ACCORDEE AUX ETRES CHARNELS...
NKOSSI ZA MAKANDA, LION DE MAKANDA,
MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU