Pour comprendre de façon simple notre constat de paradoxe, il vous suffit de prendre illustration sur les individus : si les médias vous disent que Bill Gates ou quelqu'un d'autre est le plus riche du monde, à aucun moment il ne vous viendrait à l'esprit qu'il est aussi le plus endetté de la planète ! En effet, on se demanderait à quoi lui sert sa fortune. La richesse est une thésaurisation, une accumulation qui dépasse plus que de raison, plus que de nécessité. Un riche a de quoi vivre un million de vies à 200 ans voire plus. Donc si l'on se retrouve dans une situation dans laquelle, on perçoit un pays comme l'Amérique dans le profil du pays le plus riche et en même tant dans la figure du pays le plus endetté, on entre en plein paradoxe. Si les Etats-Unis sont le pays le plus riche du monde, pourquoi ont-ils besoin d'emprunter jusqu'à 14000 milliards de dollars et au-delà ? Ce n'est pas seulement le lot des Etats-Unis puisque de nombreux pays sont dans le même panel, dans la même configuration. A la vérité, la richesse des individus n'est pas la richesse des Etats - même si dans le PIB d'une nation, on mélange les individus, les sociétés, les ressources du Trésor du public, etc.
Que le ciel nous envoie un économiste de génie pour lire ce monde qui marche sur la tête. Aucune théorie économique ne permet de comprendre le fonctionnement de l'économie mondiale actuelle. Des pays riches fortement endettés - notamment les Etats-Unis, première puissance économique mondiale, des pays pauvres faiblement endettés mais qui ne parviennent pas à se développer de façon concurrentielle aux nations riches - parce qu'il leur manque sûrement le savoir actant nécessaire à leur autodéveloppement. Quant aux bourses en dégringolade, elles ne rendent compte que de l'état à un moment M de la cotation d'entreprises privées sur les marchés - désormais gérés par des machines, des puissants ordinateurs comme nous l'avons écrit dans un précédent article. L'Etat surveille ces grandes entreprises car il est dépendant de taxes et impôts divers qui lui sont versés par celles-ci.
L'Occident vit au-dessus de ses moyens depuis la fin de la planche à billets pour Etats, vu que les Banques Centrales émettant la monnaie sont des organismes privés. Il y a aussi le gaspillage. Les pays dits riches c'est 20% de la population mondiale qui consomment 80% des ressources de la planète - ce qui est énorme et prête le flanc au gaspillage. Des tonnes de vivres vont à la poubelle tous les jours pendant que l'Afrique meurt de faim sous les Tropiques ou en Somalie. Economie en Europe ne signifie pas gestion à l'essentiel mais à l'excès et il n'est pas étonnant que des problèmes apparaissent.
Il y a l'argent public et l'argent privé. Du côté du privé, les riches deviennent de plus en plus riches. Pendant que l'Amérique quémande une partie de son budget, la société à la pomme Apple engrange des bénéfices colossaux. C'est aussi cela l'Europe, des sociétés plus riches que des Etats, des entreprises fonctionnant commes des Etats dans l'Etat. On surveille l'argent public par l'endettement et l'argent privé par la croissance. Face à la pression des marchés asiatiques et émergents, l'Europe s'essouffle et semble ne plus tenir le rythme. Rien ne va plus comme avant. Personne n'arrive plus vraiment à enrayer le dysfonctionnement de ces grosses machines conçues pour avaler la plus grosse partie de l'énergie de la planète. L'Europe a connu une crise des banques et connaît aujourd'hui une crise des Etats comme si le sauveur d'hier avait pris aujourd'hui la place du condamné. Comme si cela n'était pas assez compliqué, l'économie américaine va mal, elle dont la note vient d'être dégradée à AA+ (j'aimerais bien connaître la note du Congo...).
Rien ne fonctionne vraiment comme il faut en Occident depuis une vingtaine d'années où les Etats et les nations crient à la crise. Il est évident que les Etats n'ont plus de planche à billets et n'ont plus le droit d'exploiter des entreprises florissantes - à quelques exceptions près - pour faire du bénéfice et éviter le recours à la dette. La seule grande planche qui reste aux Etats européens est l'impôt et les taxes... Une planche pas assez large !
En fait, l'endettement est une sorte de jeu de dupe qui ne sert qu'à tenir les nations en servitude. Même les plus riches. Nous savons que l'Amérique ne remboursera jamais les 14000 milliards de dollars et bien au-delà si l'on se réfère au relèvement de l'endettement de ce pays. C'est une question simple à expliciter : imaginez un Etat qui a besoin de X pour couvrir l'ensemble de ses dépenses et qui se rend compte qu'il ne dispose que de X-A. Il lui faut emprunter A à un taux T - ce qui revient à dire qu'il remboursera A(1+T) et comme il n'a que l'obligation de commencer par d'abord payer les intérêts, il lui faudra, s'il n'a pas réussi à avoir une croissance importante, pour son fonctionnement, à se doter d'une somme correspondante à X+A ; ce qui le conduit à emprunter encore une somme X+2A à un taux qui varie selon la notation du pays qui elle dépend de la capacité du pays à rembourser sa dette. En fait, la croissance des pays n'est suivie à la loupe par les marchés que pour apprécier la capacité des nations à rembourser leurs dettes. Il faut donc que le pays honore ses traites. Supposons que les marchés consentent à lui prêter de l'argent au même taux T, sa dette devient 2A(1+T). Ainsi de suite. En suivant ce modèle qui n'est pas du tout parfait, je vous le concède, on parvient à une dette sans fin. Le compteur chaque seconde de la dette américaine fait peur ! Comme les Etats sous la pression des entreprises sont obligés de ne plus exercer des activités lucratives, ils sont obligés de vivre de taxes, impôts et de dettes. En ce qui concerne les impôts, un tabou a été levé quand le peuple français a compris que TOTAL ne payait pas d'impôts en France, TOTAL, pourtant la plus riche des sociétés cotées au CAC40, la bourse française. Le président français est même allé jusqu'à révéler qu'un million de retraités étaient payés grâce à la dette !
Le modèle de l'économie mondiale embrouillé par des fonctions mathématiques complexes et des ordinateurs devient de moins en moins lisible. Nous savons qu'il y a eu cinq siècles pendant lesquels la traite négrière a fait la fortune de l'Occident. C'est le point de départ de la constitution de grosses fortunes et d'un décollage économique sans précédent du fait d'une main d'oeuvre gratuite. Ensuite, il y a l'exploitation des richesses de l'Afrique et des autres continents conquis, exploitation possible à cause de l'argent de la traite qui a permis la création de certaines grosses banques. Cependant, cela ne suffit pas : la population occidentale grossit vite et avec les deux guerres mondiales plus la faible natalité, l'Europe est vieillissante et cela nécessite beaucoup d'argent. Les Etats doivent s'endetter puisqu'ils ne peuvent indéfiniment relever les taxes.
Comment lire la dette des pays riches ? Un parasitisme supplémentaire au pilliage des richesses ? Un jeu alimenté par les illuminatis qui veulent tenir les nations pour les amener à accepter leur gouvernement mondial ? Pourquoi les créanciers continuent-ils à prêter de l'argent à l'Europe et l'Amérique surendettées - alors qu'ils ne sont pas sûrs d'être remboursés ? Qu'est-ce qui rend légitime l'hégémonie du dollar sur les autres monnaies puisque l'économie américaine chancelle ? Nous avons des doutes sur la légitimité du dollar à être la monnaie universelle puisque l'Amérique est le pays le plus endetté au point où des voix s'élèvent pour la création d'une monnaie neutre.
Le jeu de "si vous arrêtez de me prêter de l'argent, je ne pourrai plus vous rembourser", à qui profite-t-il vraiment ? D'un côté, il y a ceux qui prennent de l'argent et de l'autre, ceux qui tiennent les promesses des remboursement avec intérêts qu'ils appellent TITRES, des dettes d'Etat valables quel que soit le gouvernement en place - au nom de la continuité de l'Etat. Qui prend le plus gros risque ? Jusqu'à quand va-t-on jouer à ce jeu ?
Nous suivons avec intérêt ce qui se passe au Congo. Ce n'est pas en raccordant Oyo à Imboulou que Denis Sassou Nguesso va rembourser les 285 millions de dollars des Chinois ! A 20.000 francs cfa l'abonnement mensuel, cela ne rapporte pas grand'chose. Encore faille-t-il que les habitants d'Oyo qui laissent les ampoules allumées la journée payent ! Sassou envisage déjà de vendre l'électricité d'Imboulou à Kinshasa qui possède le barrage d'Inga, l'un des plus important d'Afrique ! Quel paradoxe - alors que Brazzaville est toujours dans le noir !
Pendant que l'Europe se soucie de la santé de ses grosses entreprises cotées en bourse et de la crise financière de certains pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie - au moment où le sauvetage de la Banque Centrale Européenne dirigée par monsieur Trichet ne produit pas les résultats escomptés, la famine frappe la corne de l'Afrique et l'Europe endettée doit encore nous venir en aide - alors même que l'Afrique est un continent si riche, elle dont l'UA a reporté sa réunion sur la famine en Somalie au 25 août 2011 comme si on pouvait ajourner la faim !
Il y a quelque chose de paradoxal dans ce monde et on se demande quoi. Ou qui. Entre les besoins réels des uns et la cupidité des autres, il y a un équilibre précaire qui est exagéré par la spéculation. Ce monde tient grâce à la naïveté des Etats-esclaves et à la confiance cupide des maîtres du monde. Si la confiance et la cupidité s'écroulent, vous vivrez la plus grosse crise de l'humanité.
Dans tout cela, ne perdez pas de vue que l'argent qui sert à manipuler l'humanité, ce n'est que des bouts de papier avec des chiffres dessus qui plongent le monde dans les abysses d'un dérèglement planétaire. De l'argent qui souvent est créé ex nihilo. Nous sommes dans ce monde exactement au point où paradis et enfer se confondent. Ce qui fait que certains sont au paradis et d'autres en enfer sur la même planète. Satan-Eblis-Lucifer ou celui qui a créé ce système de choses a tout d'un homme avec un coeur de tigre et un estomac de baleine...
N.B. Un tableau dynamique de la dette des pays développés qui permet la notation des pays selon un critère de trois A. Source :
http://www.economist.com/blogs/dailychart