Une lecture rapide de mes correspondances m'a permis de vous donner les chefs d'accusation concernant quelques prévenus comme TSOUROU, IKONGA, SAOUSSE, MOPITA et Jean ATIPO KAPA. Et vous allez avoir des surprises car certaines accusations n'ont aucun lien apparent avec l'affaire - surtout en ce qui concerne le colonel Marcel TSOUROU.
Il semble que ce soit le lundi 7 mai 2012 vers 12 heures 30 que des policiers dépêchés par Jean François Ndenguet, chef de la police nationale, accompagnés de blindés légers, sous le contrôle des colonels EPELI et BOUITY, ont conduit les colonels Marcel TSOUROU, Germain IKONGA, AKINDOU, INGANI, SAOUSSE, entre autre prévenus auprès du procureur de la république au palais de justice à Brazzaville.
Le procureur de la république ESSAMI-NGATSE a donné le dossier des prévenus au doyen des juges OKO NGAKALA qui a décidé de déférer les prévenus à la maison d'arrêts aux motifs suivants :
- Marcel TSOUROU : atteinte à la sûreté de l'Etat, détention illégale d'armes de guerre, contrefaçon de billets de banque, arrestation, détention, séquestration arbitraire, complicité.
Arrêtons-nous un instant sur ces chefs d'accusation : on suppose que l'accusation d'atteinte à la sûreté de l'Etat qui est très grave peut être prouvée. TSOUROU devra chercher d'autres avocats puisque maître MALONGA et maître OMBESSA sont aussi aux arrêts. A-t-il vraiment attenté à la vie de Denis Sassou Nguesso ? Comment peut-on accuser un officier supérieur de l'armée de détention d'armes de guerre si son métier lui autorise à en détenir ? A-t-on prouvé que TSOUROU détenait des armes de guerre non répertoriées par l'armée nationale ? Nous estimons que celles-ci n'ont pas manqué d'être jointes au dossier.
Nous ignorions que le colonel TSOUROU faisait aussi de la contrefaçon de billets de banque - même s'il est à noter que ce chef d'accusation n'a rien à voir avec le drame du 4 mars 2012. En effet, la contrefaçon relève du droit commun et on ne voit pas comment contrefaire des billets de banque peut provoquer des explosions. Arrestation, détention, séquestration arbitraire, rien qui puisse renvoyer à des explosions. Reste la complicité. Qui sont les complices ? Les a-t-on arrêtés, entendus ?
- Germain IKONGA : complicité et blessures involontaires, détournement de deniers public. La complicité reste floue et rien ne laisse à penser qu'elle a quelque chose à voir avec les explosions tout comme le détournement de denier public - à moins que ce dernier ait quelque chose à voir avec le déplacement des camps militaires et des armes.
Les blessures involontaires pourraient quant à elles bien renvoyer à l'affaire mais il faut préciser le contexte juridique : lorsqu'un individu est accusé de blessures involontaires, il faut qu'il les ait causées de façon involontaire comme dans un accident de voiture où l'intention de les causer n'existe pas. Il en de même de l'homicide involontaire qui est dû à une action directe d'un individu dont le but n'était pas de causer la mort mais qui la provoque involontairement. L'action est imputable à l'individu mais l'intentionalité de causer la mort n'est pas clairement établie. La qualification même des motifs est sujette à caution.
- André Joseph SAOUSSE : Homicide et blessures involontaires. Les arguments invoqués supra restent valables dans ce cas aussi.
- Jean Claude MOPITA : Homicide et blessures involontaires. Cela ne peut être imputable que s'il est établi que d'une manière ou d'une autre ce monsieur a provoqué les explosions qui ont causé le décès de nos concitoyens. L'accusation semble exagérée nonobstant le fait que l'on ne doit pas exempter de responsabilités IKONGA, SAOUSSE ou MOPITA. Il est possible de convaincre MOPITA de négligence, d'irresponsabilité mais en tout cas pas d'homicide ou de blessures involontaires comme s'il les avait causés par inadvertance.
L'accusation est tout simplement mal tournée et quel que soit le niveau de responsabilité de nos compatriotes militaires, nous ne pouvons pas accepter l'injustice. Oui, par rapport à leurs responsabilités, ils sont certainement redevables devant la justice mais la qualification est exagérée si la cause exacte de la première déflagration ou des explosions est mal établie.
Jean ATIPO KAPA : Homicide et blessures involontaires. On peut reprendre les mêmes observations supra.
- Caporal-chef Blood KAKOME KOUVACK : Incendie involontaire, destruction de la propriété immobilière d'autrui (involontaire aussi puisque l'incendie est involontaire) et assassinat. C'est le petit poisson qui paye le plus gros prix. S'il est avéré qu'il a provoqué involontairement l'incendie, ce qu'il faut encore prouver, c'est la première personne responsable dans cette affaire - même si nous estimons que l'accusation d'assassinat est sévère pour un incendie prétendument involontaire. En fait, s'il a causé involontairement l'incendie, en quoi les prévenus précités peuvent être responsables des conséquences de son acte ? Il se peut que l'assassinat concerne une autre affaire...
Par extrapolation, on pourrait déduire que les accusations des autres prévenus - à quelques exceptions près - sont identiques.