Professeur Marion Michel Madzimba Ehouango, l'Afrique s'articule mal entre multiethnisme et modernité depuis ses prétendues indépendances. Si on ajoute la variable RELIGION introduite désormais par les velléités religieuses à vocation politique car l'islam pousse désormais son appétence de la politique sur le tatami politique africain, on crée une nouvelle source de tension qui a jadis explosé dans les Croisades.
Le pouvoir doit être repensé car le mode de gouvernance par mimétisme de l'Occident ne semble pas nous convenir ou fonctionner correctement ! Regardez le Sud-Soudan ! A peine indépendant, déjà des troubles politiques autour de la lutte pour le pouvoir au travers de la représentation ethnisée du pouvoir politique - qui déforme tout mode de gouvernance en distribution de privilèges ethniques.
Les intellectuels africains doivent désormais se poser les bonnes questions. Doit-on remodeler l'Afrique autour d'ensembles ethnisés ou de fond linguistique commun ? On ne s'en sortira pas !Exemple : division Soudan nord, Soudan sud mais cela n'a pas tu les conflits ! Doit-on au Soudan sud encore diviser la jeune république en deux Etats pour satisfaire les deux ethnies majoritaires de la jeune république ? Et les autres ethnies ?
L'Occident a déjà commis l'erreur de se partager l'Afrique sans tenir compte de la configuration ethnolinguistique ou de grands ensembles traditionnels homogènes. Si on repart en arrière, je crains qu'on ouvre une autre boîte de Pandore sans être parvenus à fermer la première. Il est temps que l'on imagine un monde de gouvernance original qui tienne compte de nos identités en surfant sur ce qu'elles ont de fond commun. J'ai déjà écrit un texte là-dessus.
L'Afrique aurait pu réussir son entrée dans la modernité si nous avions respecté le principe : égalité de droits et de devoirs dans la distribution des ressources mises en commun mais professeur, regardez ! Ça ne fonctionne pas depuis plus de cinquante ans ! Doit-on poursuivre dans une voie qui a fait les preuves de ses limites ? Quel est le secret des équilibres politiques traditionnels ? Dans la configuration de la modernité avec mise en commun des "TSI" et des destins, peut-on rééditer cette harmonie d'antan ?
Je l'ai dit, notre faiblesse se trouve dans la traduction du droit canon en actes concrets et c'est cela le schéma des nations modernes avec pour socle une JUSTICE FORTE INDEPENDANTE COMME CIMENT SOCIAL là où nous persistons à croire à notre ciment atavique identitaire (ce que Kovalin Tchibinda Kouangou conceptualise par "tribalité"). Comment marier modernité et identités qui remontent à la nuit des temps et dont nous ne savons nous démarquer ou simplement transcender ? Il faut donc à l'identité supranationale une chance d'exister ! ET C'EST LA, LE GRAND DEFI DE L'AFRIQUE CONTEMPORAINE ! Or, les divers présidents cèdent trop vite aux sirènes de la division ethnique manipulés par des courtisans et des conseillers mal inspirés.
Mandela doit être un surhomme pour avoir réussi ce miracle : IL A CERTAINEMENT FALLU 27 ANS DE PRISON POUR QUE GERME UN NOUVEAU MANDELA A L'IMAGE DU DEFI A RELEVER...
Certes, nos nations sont jeunes mais il y a comme un déterminisme qui semble défier le temps et l'histoire et il faudra en parler - sans jouer à l'autruche (sans oublier les puissances du monde qui nous manipulent). IL EST TEMPS D'ACCORDER LE VIOLON DE LA POLITIQUE AVEC LE CHOEUR INAUDIBLE DE NOS IDENTITES PROFONDES. HELAS, LE PROBLEME ET LA SOLUTION SONT DE MEME NATURE : POLITIQUE !