L'Afrique s'essaie à la démocratie occidentale, passage obligé après l'acceptation de la république qui nous a été imposée après des indépendances souvent données gracieusement. Comme c'est douloureux ! On oublie souvent que la démocratie est née en guillotinant la royauté. Hier, avant-hier et aujourd'hui, entre le pouvoir absolu (dictature) et la liberté, c'est une lutte féroce, à mort. Hélas, nous Africains, en avons-nous conscience ? Dans de nombreux pays africains, la guerre des nerfs est engagée entre les dictatures " démocratiquement élues " et l'alternance politique qui signifierait un changement à la tête de l'exécutif - c'est-à-dire, à tous les niveaux de décision étatiques. Ce ne sont pas seulement les dictateurs qui tremblent mais tous ceux qui vivent de la dictature. Quand on abat un arbre, ce sont toutes les autres plantes parasites qui vivent de sa sève qui tremblent. Peut-être plus que l'arbre lui-même. En effet, dans de nombreuses constitutions, les chefs d'Etat actuels doivent s'en aller : Congo, Burkina, etc. Cependant, ces vieux croutons au pouvoir depuis des dizaines d'années ont pris goût au pouvoir et ne veulent pas s'en aller ! Ce n'est pas si facile de quitter le fauteuil de l'impunité absolue et de l'argent facile ! C'est tout simplement magique : il suffit d'ordonner pour tout avoir, argent, femmes, palaces, vaches, banques, poissons-chats, etc. TOUT ! Mieux qu'un rêve...
A Washington en évoquant l'idée d'un référendum organisé au Congo, probablement en 2015, le plus vieil assassin politique encore en activité, Denis Sassou Nguesso, a indiqué la solution pour que les dictatures "démocratiquement élues" s'éternisent au pouvoir. Blaise Compaoré qui a tué son ami le président Thomas Sankara pour le pouvoir s'en est inspiré et veut lui emboîter le pas, lui qui annonce en réponse à Barack Obama : " il n'y a pas d'institutions fortes sans hommes forts ". Il fallait trouver l'argument ; les mammouths au pouvoir en Afrique l'ont rêvé, Denis Sassou Nguesso allant jusqu'à s'envisager premier ministre à vie mais c'est Blaise Compaoré qui a trouvé la parade et il veut être le premier à expérimenter l'idée.
Attendez, le pouvoir appartient au peuple, n'est-ce pas ? C'est une idée proclamée mais personne parmi les dictateurs pourtant ne veut qu'elle prenne vraiment corps car autrement, l'Afrique deviendrait un champ de bataille entre dictateurs et populations. Cependant, là aussi, il existe une parade : puisqu'il revient au pouvoir en place de proclamer les résultats, il suffira de dire que le peuple a perdu et que la dictature a gagné. Qu'on passe par le référendum ! Même pas peur ! Compaoré, Sassou et les autres estiment que le seul moyen de vaincre les textes constitutionnels, c'est d'en appeler au peuple, ce peuple qu'on peut facilement berner sans qu'il ne se lève pour revendiquer ses droits, son pouvoir. Pourquoi ? Parce que les dictateurs peuvent toujours user du bouclier militaire et policier pour se prémunir de la fougue du peuple si elle se manifestait. Si les forces armées défendent les dictateurs, qui défendra les peuples désarmés ? DOIT-ON UN JOUR SE RESOUDRE A LANCER DES ARMES AUX PEUPLES - COMME LES AMERICAINS LE FONT POUR LES KURDES CONFRONTES A DAESH A KOBANE - POUR LEUR PERMETTRE DE SE DEFENDRE CONTRE LES DICTATURES ?
Denis Sassou Nguesso avait vu juste depuis le début en l'avouant de façon crue dans son livre "Le fleuve, le manguier et la souris" : le pouvoir rend fou. Surtout en Afrique où n'existent pas de garde-fous. Au point où personne n'ose plus le laisser à quelqu'un d'autre. Comment laisser fuir un gibier pris dans le filet de la volonté d'un seul homme ? Qui se passerait de la griserie, de l'ivresse du pouvoir absolu ? De ce nectar des dieux ? De tout cet argent facile ? Non, ils ne partiront pas ! Sassou aurait dit à ses nkanis qu'il préfèrerait subir le sort de Khadafi que de lâcher le pouvoir. Mungabé a même prétendu que c'est Dieu lui-même qui lui avait donné le pouvoir, lui qui le prit entre les mains des Anglais et des Occidentaux et s'opposa pour que le peuple le lui reprenne au travers d'un vote démocratique.
L'Afrique se trouve à un tournant de sa jeune histoire démocratique car il y a un problème éléphantesque à surmonter : désormais, les dictatures n'ont plus à prendre les armes pour demeurer au pouvoir ; il leur suffit de passer par des urnes truquées. On tire avec des bulletins de vote qui ne tuent personne pour battre le peuple à son propre jeu. Après tout, l'Etat n'est-il pas le maître du jeu électoral ? Et qui est au sommet de l'Etat ? N'est- ce pas le dictateur ? N'est-il pas là pour imposer sa volonté ? De toute façon, même au Congo, la démocratie bien partie en 1992 était mal engagée à partir du moment où le premier président démocratiquement élu Pascal Lissouba prononça cette phrase emblématique : " ON N'ORGANISE PAS DES ELECTIONS POUR LES PERDRE..." Oui, en Afrique le pouvoir possède une fâcheuse tendance à dérouter l'esprit même des hommes les plus lucides. Cependant, posons-nous la question suivante : et si tout ceci n'existait que parce que les peuples africains sont faibles et facilement manipulables ? Si tel n'est pas le cas, comment expliquer que la démocratie - même élective ne marche pas en Afrique ? Surtout noire ?
Dans la mesure où les urnes deviennent le lieu où se jouent la misère et la libération des peuples, une seule question intéresse toute l'Afrique : comment démocratiser les urnes trouées de nos républiques bananières et surtout, comment garantir la proclamation des résultats crédibles ? Ailleurs, ils ne se battent plus pour les questions de mode de gouvernance mais plutôt au travers du choc des projets politiques entre les partis. Tant que l'Afrique se contentera de regarder à la façon de prendre et de conserver le pouvoir, tant que nous ne chercherons qu'à arracher l'os du pouvoir entre les mains des dictatures, ils ont auront le champ libre pour piller nos richesses. Un proverbe dit : " Des chiens qui se battent pour un os ne lèvent jamais la tête pour voir ce qui est sur le point de leur tomber dessus "...
LION DE MAKANDA MWAN' MINZUMB'