Ryad a annoncé par la voix de son ministre du Pétrole que le royaume saoudien pourrait laisser s'effondrer le pétrole jusqu'à 20 dollars le baril afin de tuer le pétrole de schiste américain.
Le ministre saoudien du pétrole a provoqué une nouvelle tempête sur les cours du pétrole hier. Ali Al Naimi a en effet exclu toute baisse de la production de l'Arabie saoudite à court terme. Des déclarations qu'il a tenues à Houston au Texas au cours d'une réunion du secteur pétrolier et qui ont provoqué une nouvelle glissade des cours du brut. Par ses propos, Ali Al Naimi a clairement torpillé l'accord de Doha signé le 16 février dernier entre l'Arabie saoudite elle-même et la Russie afin de geler leur production de pétrole. Cette entente avait pour but sinon de provoquer une remontée des cours, au moins d'enrayer la baisse du pétrole qui plombe les économies des pays producteurs. Dans cette démarche, les deux puissances étaient accompagnées du Qatar et du Venezuela. Mais visiblement Ryad n'entend pas se sentir lié par un tel accord. Le ministre du Pétrole saoudien a assuré que son royaume pouvait tout à fait supporter un baril à vingt dollars à la différence des autres pays producteurs comme la Russie mais surtout les États-Unis qui se sont engouffrés dans la production de pétrole de schiste. Plus cher à extraire, ce dernier n'est absolument pas rentable aux cours mondiaux actuels.
L'Iran joue son propre jeu
Le pétrole américain a besoin d'un prix plancher de 40 dollars uniquement pour couvrir les coûts d'extraction. Or hier, les cours du brut ont encore perdu 1,51 % pour retomber à 30,75 dollars (ndr : le prix du baril a plongé sous les 30 dollars après le 25 février 2016, date de la rédactionde cet article). Ryad tente de plomber pour longtemps le pétrole de schiste américain en inondant le marché mondial de son or noir bon marché.
De son côté Teheran a qualifié de «plaisanterie» la proposition de Ryad de geler la production de pétrole car elle y voit une volonté d'entraver ses exportations de brut.
L'Iran entend bien faire profiter son économie de la manne pétrolière fraîchement retrouvée depuis la levée des sanctions internationales. Le régime des molahs compte revenir à son niveau d'exportation de brut d'avant les sanctions. Teheran a ainsi annoncé une augmentation immédiate de sa production de 500 000 barils par jour et de 500 000 barils supplémentaires d'ici à fin 2016 soit un total d'un million de barils de plus sur le marché mondial qui est déjà en surproduction.
Le déséquilibre entre l'offre et la demande de pétrole ne se résorbera pas avant 2017 selon l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) notamment à cause de l'arrivée du pétrole iranien mais également irakien. En effet, Bagdad tente aussi de retrouver son niveau de production d'avant crise afin de restaurer des marges de manœuvre budgétaire.
Dans ce contexte, les cours du pétrole devraient rester bas jusqu'à la fin de l'année avant d'amorcer une timide remontée en 2017. Une vraie bombe à retardement pour les banques nord-américaines qui ont massivement financé le secteur pétrolier et qui voient les entreprises emprunteurs au bord de la faillite.
Les Bourses replongent
Cette nouvelle glissade des cours du pétrole a encore inquiété les marchés financiers hier. Les principales Bourses de la planète ont ainsi plongé dans le rouge en raison des craintes de ralentissement économique notamment en Chine. Le CAC 40 a ainsi perdu près de 2 % hier (-1,96 %) alors que Dow Jones abandonnait 1 % plusieurs heures à mi-séance. Francfort dévissait plus sévèrement avec une chute de 2,64 % alors que Madrid reculait de 3,07 %.