COMMENTAIRE : Nous reprenons ici un article de Congo-Liberty sur la torture au Congo-Brazzaville en le commentant. Après les images insoutenables d'un KALAKALA brûlé et piqué au vif par les mercenaires sanguinaires de Sassou, voici celles du sergent Jugal MAYANGUI, en service à l'intendance militaire, torturé par ceux qui n'ont aucune considération pour la vie humaine. La torture est un retour à l'animalité de ceux qui ont perdu leur humanité et qui ont en mépris tous ceux qui agissent comme des êtres humains - dans le parfait respect de l'ancienne sagesse du kimuntu. Pour infliger des blessures dignes d'un lion ou d'un guépard à son semblable, il faut avoir accumulé beaucoup de haine, de violence, de sauvagerie, de bestialité. Il faut peut-être posséder un gène de la cruauté. Pour torturer, il faut avoir assassiné la compassion et l'empathie.
Il est une chose de recevoir un ordre inique d'un esprit déséquilibré, il en est une autre de déchirer, de lacérer, de poignarder la chair de son semblable - sans au préalable l'avoir diminué, sans lui avoir ôté son essence humaine. Le bourreau qui s'emploie à torturer est un cas pathologique identitaire : il a cessé d'être un homme et a basculé dans l'animalité la plus basse et, d'ailleurs, même l'animal ne tue pas forcément son semblable. Il est des bassesses humaines qui rendent le criminel plus petit que l'insecte le plus répugnant. Pour cela, pour y arriver, il faut d'abord avoir tué l'homme en nous pour le tuer dans l'autre. Seule la bête peut déchiqueter la bête - sans remords, sans arrière-pensée - cependant, pour se défendre, se reproduire ou pour se nourrir - mais seule une bête humaine peut agresser par pur plaisir, par pure délectation son semblable et le laisser mutilé à jamais. Nous le disons derechef : il n'y a de monstre sur terre que l'homme. L'animal exerce sa violence et sa défense au strict de sa survie - sans gâchis d'énergie et de vies inutiles.
Dans ce contexte où le couteau lacère le dos des supposés proches du pasteur Ntumi ou d'Okombi Salissa, on voir mal un dialogue s'instaurer avec la mort en cravate assise sur le trône du Congo. Celui qui déchiquète en enfonçant le couteau de la lâcheté dans le dos de l'innocent pour faire crier la chair, versant au passage les larmes et le sang des autres, veut semer la peur en affirmant qu'il ne se situe pas au niveau de l'affect car il n'y a rien d'humain en lui. Aussi, peut-il vous laisser dans la misère la plus nauséabonde - sans se reprocher de rien. Il se pose une question fort simple : comment faire cohabiter humanité, c'est-à-dire, kimuntu, et animalité, barbarie aveugle ou inhumanité ? Cette question finira par s'imposer au fil de la douleur, au fil de la souffrance.
Ils savent que le christianisme est entré dans nos moeurs depuis 1483. Bakongo ba sambelaka, ba ko limbissa. Exploiter la faiblesse de l'homme qui vit en toute dignité humaine, ça ils le font si bien depuis plus de quarante ans. Ils savent que les chrétiens pardonnent à leurs bourreaux. Christ (en fait Paul ou Saul de Tarse) a multiplié le péché en le pardonnant par avance - ce qui est incompréhensible comme Evangile. Paul a permis au péché de proliférer là où le Christ a dit : "Va et ne pèche plus". C'est là tout le problème de la doctrine de l'agneau qui ôte le péché du monde. En faisant crédit du pardon à tous les pécheurs, Christ a permis au péché de proliférer - là où la crainte de l'Eternel le contenait. Le pardon assuré, la monstruosité devient un jeu, un jeu qui torture pour torturer et qui tue pour tuer. Il ne faut plus pardonner sans juger mais dénoncer, ester en justice, combattre le crime et le criminel. Par tous les moyens. Face à la barbarie, la posture adéquate est la légitime défense. On s'étonne souvent que le Noir ou Khamite moderne soit peu enclin à défendre sa vie ou celle de ses proches. Il faut changer cela. Sur la terre du kimuntu, KMT ou Ta Meri, on opta de défendre la terre sacrée des pharaons sous Ahmessou qui chassa les Hycksos.
Il faut commencer une autre histoire, celle qui marque un arrêt dans la bestialité des gouvernants sur les gouvernés. En regardant en face la monstruosité et en relevant le défi. Nous ne sommes pas sans défense devant l'animalité des barbares qui poignardent et brûlent les chairs de nos frères, de nos compatriotes. Nous appelons à une révolte collective, à une rébellion. Non, nos vies ont de la valeur, de l'importance. Et qui sont-ils pour les sacrifier impunément ?
Hier, le bourreau de nos peaux anthracites était blanc. Aujourd'hui, celui qui nous torture et nous assassine - avec une volonté d'extermination - est un fils d'Afrique, une peau bien sombre aux cheveux crépus.
Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à regarder ce spectacle macabre produit par un Hitler noir venu du bord de l'Alima. Il y va de la légitime défense collective pour contrer la barbarie arbitraire orchestrée par le gangstérisme d'Etat. On vient pour enlever un des vôtres dans le quartier : défendez-le ! Faites un cercle autour des monstres du régime pour leur barrer le moindre passage. Ne pas oublier de porter plainte. Il y a la justice internationale pour pallier à notre injustice nationale. C'est vrai que le Noir est un homme brisé, brisé culturellement, identitairement, économiquement, éducativement. Humainement. Nous ne nous indignons même plus face à la torture de nos frères, aux massacres de notre peuple. Au Congo, le bourreau est un criminel qui se vautre dans l'impunité absolue. Face aux maux, les mots ne suffisent pas, ne suffisent plus. Face à la force aveugle et folle des meurtriers, les phrases ne suffisent plus. Il faut agir, réagir à la violence aveugle d'Etat. Ne pas laisser qu'on empoisonne Modeste Boukadia, ne pas laisser qu'on martyrise Kalakala ou Mayangui, ne pas rester inerte face à l'injustice. Pour cela, il faut placer la vie collective au dessus de notre petite vie, voir plus loin que le présent en privilégiant le futur.
La conservation ethnique du pouvoir ne justifie pas des massacres, des tortures. La dictature peut ne pas basculer du côté du crime. Sassou n'est pas obligé de devenir une arme de destruction massive pour ceux qui n'ont pas une goutte de sang en commun avec lui. Nous ne sommes peut-être pas tous Mbochis mais nous sommes tous Congolais et surtout TOUS HUMAINS. Et aucune vie humaine n'est plus importante que l'autre. En matière d'importance, oeil vaut oeil et vie vaut vie.
Sans kimuntu, l'homme n'est qu'un animal, une bête perdue au sein de l'humanité. En fait, plus qu'une bête : une folie ambulante. Qu'importe sa richesse bien ou mal acquise.
Ceux qui n'ont rien compris à l'histoire ont pris les commandes en Afrique. En fait, l'histoire véritable n'est pas celle des individus mais celle de la lutte des peuples, de la lutte des races. L'occident les favorise car ainsi il peut ainsi exercer sur nous une violence par procuration. La violence de nos bourreaux prolonge la barbarie coloniale. Nous nous sommes libérés des colons qui nous fouettaient le dos ; il nous faut aussi nous libérer de ceux qui ont fait de nos vies des quantités négligeables. OUR PEOPLE MATTERS.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU
La barbarie du tyran Sassou-Nguesso dans toute son horreur « des images de tortures insoutenables »
MAYANGUI Jugal, sergent en service à l’intendance militaire.
Congo-Brazzaville : La torture interdite et pratiquée à grande échelle…
Brazzaville, le 28 novembre 2016. L’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH) exprime sa profonde indignation et condamne fermement les actes de torture infligés à M. MAYANGUI Jugal, sergent en service à l’intendance militaire.
Le degré suprême de l’inhumanité
En effet, soupçonné de connivence avec M. Frédéric Bitsamou, alias Ntumi, chef du mouvement «Ninja N’siloulou», MAYANGUI Jugal, 37 ans, a été arbitrairement arrêté le 12 novembre 2016 à son domicile (quartier Mayanga) aux environs de 2 heures du matin par des agents de la force publique encagoulés, puis conduit vers une destination inconnue.
Pendant sa détention, il est resté encagoulé et a subi des séances de torture atroces dans le but de lui arracher des aveux. Son corps a été complètement raboté et porte des stigmates d’une violence qui indigne. « Vous les Bakongo, on va vous exterminer » lui aurait signifié un des militaires pendant qu’ils le torturaient.
Il est réapparu le dimanche 20 novembre dans un état effroyable et conduit à l’hôpital militaire de Brazzaville.
Le 22 novembre, ses parents, ayant été sensibilisés, lui rendirent la première visite. Les 25 et 26 novembre 2016, la sœur aînée de M. MAYANGUI Jugal a répondu à la convocation de la Direction Centrale des Renseignements Militaires (DCRM) pour information. L’entretien a tourné sur la prétendue relation que la victime a avec M. Ntumi.
Rappelons-le, cette convocation était adressée à M. Michel Mampouya, vice-président du collège des présidents de la principale plate-forme politique IDC-FROCAD, le père de MAYANGUI Jugal. Actuellement, M. MAYANGUI Jugal est dans un état critique.
Rien ne peut justifier de telles pratiques. Ce cas supplémentaire témoigne une fois de plus l’usage systématique et à grande échelle de la torture au Congo Brazzaville.
Le Congo a ratifié la Convention des Nations unies contre la torture et devrait prendre les mesures utiles pour éviter et réprimer sa pratique. La réalité en est autre.
L’OCDH rappelle qu’en vertu de ses engagements internationaux en la matière, l’Etat a l’obligation de sanctionner les agents de l’Etat responsables d’actes de torture.
Par conséquent, nous exigeons immédiatement une enquête indépendante et sérieuse pour faire la lumière sur ces actes de barbarie. Il est absolument essentiel que les personnes qui se sont rendues coupables de ces actes odieux soient jugées et condamnées.
Au cas contraire, les présumés auteurs et notamment leurs chefs hiérarchiques en répondront devant d’autres instances judiciaires d’autres Etats parties, en vertu du principe de compétence universelle en matière de torture.
Contact OCDH :
ocdh.brazza@gmail.com