Nous Africains, avons de nombreux problèmes parmi lesquels celui d'avoir renoncé à être nous-mêmes est le plus important. Certes, on début, c'est par la terreur de la décapitation ou par la brûlure du fouet que nous y avons été forcés mais ensuite, nous avons renoncé à nous-mêmes volontairement et nous avons même institutionnalisé le renoncement à soi par une certaine culture d'asservissement que nous transmettons nous-mêmes à nos enfants (culture, école, religion, etc). C'est à l'enfance qu'il faut s'attaquer à ce mal mais y avons-nous conscience ? Je me le demande.
Après le départ des colonisateurs, nous aurions pu chercher à redevenir nous-mêmes en nous réappropriant la culture de nos ancêtres. Au lieu de cela, nous avons continué à nous nier nous-mêmes en conservant l'organisation laissée par le colon en la renommant juste de colonie à république - sans la moindre modification. Les sociétés africaines sont comme des automates à produire des esclaves culturels, spirituels et économiques. La religion coloniale, l'éducation coloniale, le modus vivendi du colon, etc, nous les avons faits nôtres. Et nous nous étonnons que les choses ne marchent pas sur le continent africain. Les Africains sont les seuls à appeler leurs colonisateurs à leur rescousse quand ils ont des problèmes. Quand les Américains, les Anglais, les Français ont des problèmes internes, ils ne demandent pas que les Chinois viennent résoudre leurs problèmes. Les Africains sont pratiquement les seuls à résoudre leurs problèmes intérieurs en appelant au secours ceux qui les ont plongés dans le tourment. Et on s'étonne que rien ne fonctionne comme il se doit. J'y vois le fait que nous ne sommes pas libres et que nous sommes toujours colonisés sinon nous chercherions à résoudre nos problèmes par nous-mêmes - sans en appeler à la communauté internationale, à la France, à l'Angleterre, aux Etats-Unis. Et pour cause ! Nous vivons en Afrique dans un système esclavagiste construit par les Occidentaux et nous avons pris goût à nos prisons. il n'est donc pas étonnant que nous appelions à l'aide ceux-là mêmes qui ont construit une certaine prison nommé "république", nouveau nom donné à la colonie administrée par un gouverneur noir. Et on n'a toujours pas compris que nous sommes toujours dans un système carcéral colonial, le colon venant installer à sa guise le nouveau surveillant de prison NOIR qui a droit de vie et de mort sur les serviteurs.
En 1885, la conférence de Berlin a découpé l'Afrique sans tenir compte des unités culturelles. Nous avons entériné l'intangibilité de nos frontières à quelques exceptions près. Le découpage l'Afrique a cloisonné le continent en y limitant les migrations et les échanges intérieurs. Ce qui fait que nous échangeons plus avec les colons occidentaux qu'entre Africains. L'Afrique pourrait constituer un grand marché intérieur mais les Africains y renoncent. Pendant que les maîtres ont décidé de reconstituer l'unité des fils d'Europe, les Africains n'envisagent même pas de recevoir d'autres Africains. Au Congo, l'opération Mbata ya Mokolo Sassou a expulsé les frères d'en face de la RDC avec lesquels nous avons en commun les mêmes peuples, les mêmes cultures. En Afrique du sud, des Noirs assassinent des Noirs. Au Maroc, des Noirs sans distinction de sexe sont massacrés. Au Sénégal, le président Macky Sall a expulsé Kémi Seba qui s'oppose à la colonisation monétaire au travers du franc cfa. Les colons nous ont détestés. Nous nous détestons nous-mêmes ayant conclu que tout ce qui était noir renvoyait au diable, au mal, au laid, à tout ce qu'il y avait de pire parmi les hommes. Rien d'étonnant que le Noir déteste le Noir en le vouant aux gémonies tandis qu'il adule son maître leucoderme. Et nous voulons que les autres races nous aiment - alors que nous nous méprisons nous-mêmes ? Le plus grand ennemi du Noir, c'est le Noir car nous avons aimé nos ennemis et détesté nos frères - en rejetant tout ce qui venait de notre semblable épidermique.
L'Afrique n'a jamais pris le temps de choisir elle-même sa voie. C'est le lot d'un continent dominé qui a accepté d'être dominé. Elle a poursuivi dans le couloir colonial qui est aussi celui de la servitude, celui de l'esclavage, cette fois-ci, un esclavage volontaire. Que reste-t-il à un homme s'il a renoncé à être lui-même, quand il ne pense plus le monde que dans les yeux de son maître ? Que reste-t-il à des peuples qui ont renié leur propre histoire, leur identité, leur culture, leur éducation, leur religion ? Rien sinon l'esclavage. Nous avons accepté contre notre gré des chaînes physiques, visibles mais nous avons accepté de gaieté de coeur les chaînes mentales et spirituelles. Et on s'étonne que l'on soit toujours sous domination étrangère.
Oui, nous manifestons en France, aux Etats-Unis, en Angleterre. Des bouches noires chahutent à Paris, Londres, New York. Cependant, les maîtres qui vivent à leurs dépens s'en moquent. Cela prête même à sourire. Ils manifestent à l'étranger quand ils ont du mal à manifester sur le continent africain - même si nous notons une augmentation de la prise de conscience. Avons-nous des droits en Afrique ? Peut-on croire à des droits dressés par des étrangers qui ne profitent pas aux étrangers, aux maîtres du monde ? L'Afrique imite le maître Occident mais sans avoir les moyens de lui ressembler de la différence qui sépare l'esclave et le maître, du dominé et de l'homme libre. Est libre, l'homme qui est pour lui-même sa propre solution, sa propre définition. Quiconque ne se trouve pas dans cette définition est soit esclave, asservi, dominé, colonisé ou domestiqué. Nous nous croyons libres alors que nous sommes emprisonnés dans la matrice, dans une illusion, une blanche illusion de liberté, nous qui ne pensons même pas le monde ou la création par nous-mêmes. Et tant que nous ne réaliserons pas que nous sommes en prison et que nous y avons pris goût, nous n'en sortirons jamais. C'est la conscience de la perte de la liberté qui active l'envie de sortir de prison, quelle qu'elle soit : physique, mentale, spirituelle, éducative, religieuse, économique, etc.
L'Afrique peut sortir de l'ONU, de l'OMC, car les décisions qui y sont prises la défavorisent mais rien n'y fait. Les Africains décident même d'appliquer les décisions qui vont à leur encontre. Nous stérilisons nos filles, nous recevons allègrement du carburant toxique, etc. L'esclave est celui qui ne peut et ne veut rompre avec le maître en acceptant de son pleine gré la vision du maître, politique, religieuse, éducative, économique, oubliant que l'Afrique a fonctionné harmonieusement pendant des millénaires sans l'Occident. Matières premières à part, l'Europe peut se passer de l'Afrique. Peut-on en dire autant de l'Afrique ? Un jour, ils auront épuisé nos matières premières et nos ressources et nous abandonneront à notre triste sort.
Ils nous donnent des armes pour que le nègre assassine le Noir. Et nous nous tirons dessus. Nous consommons la pensée du maître oubliant que Dieu nous a dotés d'un cerveau. Nous n'avons pas besoin de suivre le chemin occidental qui détruit la planète, notre maison de l'espace. Nous avons la capacité de réinventer notre propre destin mais nous y renonçons. Volontairement. Nous avons perdu foi en nous-mêmes. Même Dieu est blanc - alors que nous sommes la race primordiale, la seule qui peut se targuer d'avoir fait une expérience de rencontre avec le Créateur qui a forcément été vu par les premiers Kamites. Nous subissons le monde et ses événements sans chercher à les comprendre et à les domestiquer. Nous qui avons fait l'histoire pendant des millénaires subissons désormais le cours des choses sous la dictée du maître occidental. Et on veut être libres ! On recherche la démocratie ! On parle d'indépendance et de développement ! Comment un arbre peut-il se développer s'il n'est pas libre, si sa croissance est déterminée par un autre arbre qui vit de lui en parasite ? Nous aimons discuter, parler mais savons-nous vraiment réfléchir ? Nous regardons le monde mais nous n'en voyons guère les pièges. Nous sommes à leur merci. Ils peuvent exterminer la race noire s'ils le veulent. Après tout, notre DIEU étant désormais blanc, tous les Blancs sont des dieux à nos yeux.
Si l'Afrique était vraiment libre, elle prendrait la résolution de se couper du monde qui l'asservit en se tournant vers elle-même comme au temps de nos ancêtres. Non, cela, le maître ne le permettra pas. Ils sont capables de nous tuer tous en nous faisant croire que c'est pour notre bien. Notre plus grande faiblesse est d'ordre spirituel et mental. Sans identité propre, on ne peut développer une forme de fierté défensive. Comment redevenir nous-mêmes quand notre éducation est faite de la pensée du maître qui nous intime l'ordre de l'adorer comme un dieu ? Arrivera-t-il une génération d'Africains qui décidera de s'asseoir et de voir ce qui vraiment ne va pas chez l'Africain pour le corriger ? Allons-nous demeurer ad vitam aeternam des esclaves ? Les chaînes sont nombreuses. Nous voyons le bras noir qui tient le fouet mais pas le maître blanc qui donne des ordres. Nos ancêtres ont créé une vision du monde qui a préservé l'homme, la société et la planète. Aujourd'hui, nous avons épousé la culture des barbares qui nous ont vendus comme esclaves sur les marchés occidentaux. Nous sommes sous la fascination de leur technologie oubliant même que nous leur avons tout appris au départ à partir de la terre noire de KMT, la terre du KiMunTu.
Il m'arrive de croire que nous n'avons pas encore réalisé la pleine conscience de la liberté pour mériter de redevenir libres comme l'étaient nos ancêtres. Tant que notre réussite consistera, à l'échelle individuelle, à ressembler au maître blanc, elle sera un échec collectif.
Voici ce que j'ai écrit sur Facebook (je vous demande me suivre sur Facebook en recherchant le lien Lion de Makanda Benzila car j'y suis en ce moment plus actif) :
" Sans conscience de race, point de salut ! Nous travaillons consciemment et inconsciemment à notre propre perte. Nous sommes les seuls êtres au monde à avoir besoin d'un sauveur car celui qui décide de résoudre lui-même ses problèmes n'a pas besoin de sauveur. Nous sommes les complices de notre propre suicide. C'est vraiment tragique ! "
" L'Afrique a été fragmentée de façon à rompre le continuum culturel et la libre circulation. C'est le premier problème à surmonter. Le second, c'est le basculement d'un mode de vie grégaire à un modus vivendi individualiste. Le troisième, c'est l'absence de la conscience de race des fils de Katiopa. Le quatrième est la perte de nôtre identité et de notre culture. Les chaînes sont nombreuses : religieuses, éducatives, économiques, politiques, etc. Il y a des réussites individuelles tolérées mais le succès de race est bloqué, comme interdit. "
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU