Le Congo-Brazzaville connaît une grève qui dure depuis quelques jours. Nous l'avons appris en téléphonant ce matin à Pointe-Noire. Entre coupures intempestives d'électricité (alors que les turbines du barrage de Moukoukoulou tournent au rabais) et d'eau, ceux qui travaillent dans les transports en ont assez d'une augmentation des carburants dans un soi-disant pays producteur de pétrole. Même en France, quand les carburants augmentent trop, on voit les pêcheurs et les routiers protester. Si ce n'était que ça ! Hélas, on déplore une augmentation généralisée du coût de la vie de la cacahuète à la parcelle dont le prix fait l'objet d'une spéculation éhontée et injustifiée dans un pays où l'espace n'est pas un problème. Il n'y a aucune politique de contrôle ou de maîtrise de l'inflation et des prix.
Cette grève a forcément d'énormes répercussions sur toute l'activité socio-économique du Congo car de nombreuses activités dépendent du bon fonctionnement du transport des hommes et des biens. Cependant, si c'est la seule façon de protester contre le tyran, alors, il faut le faire, en restant tranquille chez soi (Sassou est capable néanmoins de venir vous chercher chez vous manu militari pour vous obliger à travailler). Sassou et son système mafieux n'auront aucun problème pour se rendre à leurs lieux de pillage car ils ont de quoi payer le carburant en puisant dans les caisses de l'Etat.
De notre avis, Sassou s'en moquera à moins que cette grève limitée se transforme en grève générale paralysant tout le pays. Il en a été ainsi de la grève des enseignants. Congolais, levez-vous comme un seul homme contre la tyrannie ! Il n'y a de dictateur que lorsque le peuple est faible. Un seul homme ne vaut pas plus que tout un peuple, alors, battez-vous, revendiquez vos droits, bougez le léviathan ! Encore faut-il que les syndicats soient capables de mobiliser mais chacun sait qu'ils sont tous corrompus ou ont peur. La peur d'un peuple a pour conséquence la mort de ce même peuple à petit feu...
Encore une fois, ceux qui trinquent ce sont les petites gens qui essaient de joindre difficilement les deux bouts sans y parvenir, alors que dans le même temps, les pétrodollars coulent à flot juste pour le bon plaisir du clan Sassou qui construit ou achète maison sur maison, hôtel sur hôtel (Sassou aurait même chassé ses frères pêcheurs béninois, en prétextant d'une course de voiliers, pour permettre à l'une de ses filles de se contruire un complexe hôtelier au bord de l'océan atlantique, comme quoi, la famille passe avant le reste).
Il faut que les Congolais réclament une autre conférence nationale souveraine car c'est le seul moyen de redonner un sens à la politique dans notre pays. Nous devons nous débarrasser de Sassou Nguesso, une fois pour toutes. Rien n'est impossible : il suffit de le vouloir tous car Sassou ne peut pas tuer tout un peuple pour sa soif infinie de pouvoir. Il faut paralyser tout le pays, dénoncer les magouilles par tous les moyens ; vous avez internet pour ça, le téléphone, les journaux, les médias. Alors, faites vôtre la maxime de De Gaulle lors de la seconde guerre mondiale : " Se taire, c'est déjà perdre..." et parlez ! (Vous comprenez pourquoi, nous ne pouvons nous taire).
Les grandes villes du Congo sont devenues des dépotoirs où le typhus, alors que la malaria seule faisait déjà d'énormes ravages, est de retour car les services de voirie sont inexistants et l'eau n'est pas potable puisque le système d'adduction d'eau date de la colonisation. Je ne parle pas de la faim qui poussent de nombreux enfants à la mendicité tandis que les rétraités n'ont leurs pensions qu'au bon plaisir du roi Sassou (là encore il faut être du nord sinon on s'entend dire :" Allez voir Lissouba pour qu'il vous paye vos pensions...").
Vous comprenez pourquoi nous exhortons la classe politique à se concentrer sur la source du mal, le diable en personne, Sassou, au lieu de regarder leur nombril et de se contenter de combats de coqs pour le contrôle de partis dont les militants semblent de plus en plus déçus par le comportement de ces vieux requins prêts à s'entre-dévorer pour jouer les premiers rôles. Le peuple a besoin d'un classe politique qui sait laisser ses différends de côté pour défendre des causes dignes d'intérêt. Et au Congo, ce n'est pas ce qui manque. Or, on assiste à des mascarades de réunions de ville en ville en France dont les cassettes vidéos atterrissent curieusement sur la table de Sassou car pour exister politiquement, notamment à l'étranger, il faut continuer à secouer les casseroles. Sassou prouve qu'il a infiltré nos partis et se débrouille pour qu'ils ne puissent pas fonctionner car "quand les coqs se battent, le cafard peut être tranquille", dit un proverbe de chez nous...
Sans le savoir, Sassou est en train de créer les conditions qui pousseront les Congolais à se soulever : en effet, il arrive que la douleur et la souffrance sont telles que l'on se risque à braver la mort puisque de toute façon, la faim et la misère vous disent :"Si vous ne faites rien, vous allez mourir quand même !" La gangrène n'a pas encore atteint l'os. Cependant, le combat politique est le combat de tous et ne peut aboutir qui si les organisations politiques, à savoir, les partis, sont capables de porter des projets utiles, de mobiliser et d'encadrer les forces populaires.