Aujourd'hui, toutes les conditions objectives et subjectives sont réunies pour une désobéissance civile malgré les précautions de la Constitution sur mesure de janvier 2002 ", a lancé ce samedi 9 septembre 2006 le général Ngouélondélé lors d'un meeting tenu au palais du parlement à Brazzaville. L'officier général a donc pris date. Extraits de son discours....
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
A vous voir aujourd'hui si nombreux à ce meeting, j'ai confiance.
Je crois avoir tout dit dans ma lettre personnelle de septembre 2003 au président de la République.
Je crois avoir tout décrit dans mon message du 25 février dernier à l'occasion de la sortie officielle de notre association, le Cercle des Républicains pour un Nouvel Ordre National (CRNON).
J'ai insisté lors de mon interview à RFI le 04 novembre 2005.
Enfin, j'ai tout dit le 18 juin de cette année au conclave de Versailles à Paris.
J’ai tout dit et redit sur le naufrage prévisible de notre pays, le Congo, qui est en train de manquer son rendez-vous avec le développement économique et social durable.
J'ai tout dit et redit sur le système politique instauré au lendemain de la guerre du 05 juin 1997, système qui n'a pas favorisé la bonne gouvernance et a davantage plongé les Congolais dans une crise profonde.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
Je sais d'une part qu’un certain nombre d’entre vous ne sont pas convaincus par mon message. Je les comprends parfaitement, ils ont cru, ils ont fait confiance, ils ont espéré, ils ont été déçus, trahis par certains dirigeants qui ont hélas choisi d'aller à la « soupe de la République ».
Je suis étonné d'autre part que l'on qualifie mon message comme visant à troubler l'ordre public. Certains dirigeants du pays, des membres du gouvernement ou d'autres institutions, certains cadres des sociétés d'État, qui ont un train de vie ostentatoire, ne se rendent pas compte que c'est plutôt eux qui troublent l'ordre public par un enrichissement et une consommation que leurs revenus ne sauraient justifier.
Quelle est donc cette démocratie où dire que les choses vont mal suffit à rappeler ou à provoquer une guerre ?
Il est du droit de chacun de nous qui a des intérêts, des privilèges à protéger, de les défendre, mais nous devons nous arrêter de divertir et d'insulter notre peuple. Il y a un Congo qui veut la fermeté et l'égalité des chances, il y a un autre Congo qui aspire au « sauve-qui-peut » parce qu'il est peuplé de ceux qui ont des privilèges et de multiples avantages.
Ce sont ces derniers qui estiment que le Congo et les Congolais ne méritent pas que l'on se sacrifie pour eux. Alors même que nous savons tous qu'un peuple pour qui personne ne veut mourir n'est pas un grand peuple.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
Après avoir pris connaissance du discours sur l'état de la Nation fait devant le parlement réuni en congrès le 12 août 2006, je reste ahuri.
Ahuri du décalage profond qui ne cesse de se creuser entre les discours et la réalité de notre politique. Les grands discours fleurissent sur les objectifs du millénaire pour le développement, la mondialisation, le NEPAD, la réduction de la pauvreté, la municipalisation accélérée, etc. et toute une série de slogans avec des mots choisis pour entretenir l'illusion. Mais les actes ne suivent pas. Un grand fossé existe entre le peuple et les dirigeants du Pays.
Symbole merveilleux de la société de la langue de bois.
Notre pays continue et continuera certainement à être piloté à vue.
Le gouvernement aujourd'hui n'a pas de programme.
La " nouvelle espérance ", programme de société du candidat Denis SASSOU NGUESSO aux élections de 2002, dont le livre « le manguier, le fleuve et la souris » en était l'embryon aux élections de 1997, est cité à tort comme un programme de développement économique et social du Congo. Aussi n'a-t-elle jamais été présentée devant le FMI ou la Banque mondiale. Ce qui a été approuvé par le FMI en 2004, c'était la lettre d'intention ou le mémorandum de politiques économiques et financières. Aujourd'hui, treize pays africains au sud du Sahara bénéficient des effets de l'initiative PPTE, et nous, nous faisons partie du dernier carré qui attend.
La production pétrolière est en constante augmentation depuis 1998, le prix du baril de pétrole en augmentation exponentielle depuis 1999, normalement les conditions d'un boom pétrolier sont réunies. Curieusement, cette manne pétrolière est malheureusement gérée sans un programme de développement du gouvernement adopté par le parlement devant constituer un document de référence pour les négociations avec les institutions financières internationales.
Tout est organisé de sorte que cette manne ne soit pas utilisée rationnellement. Les dépenses de prestige prennent le dessus sur les dépenses pro pauvres. La gestion de la manne pétrolière sans programme de développement circonstancié pousse le gouvernement à l'euphorie. Les petits travaux de construction réalisés ici et là à travers la municipalisation accélérée sont présentés comme des succès sans qu'un rapport ne soit établi entre les ressources décaissées et les travaux réalisés. La représentation nationale ne dispose pas du rapport sur l'exécution physico- financière des investissements que l'on vante.
A côté de cela, les forêts congolaises n'ont cessé d'offrir au Pays d'énormes richesses. La production du bois est en constante augmentation depuis 2000. Elle pourra dépasser 4.500.000 m3 dès cette année. Cependant la gestion des recettes générées par le bois n'inspire aucune confiance, la preuve, le décret portant unicité de caisse a du mal à être appliqué dans ce secteur important de l'économie qui vient après le pétrole.
Les investissements faits ne reflètent pas l'embellie économique jamais vécue dans notre pays. La propagande ayant pris le dessus, on est en train de distraire les Congolais pour qu'ils ne réalisent pas qu'avec cette embellie nous ne faisons même pas la moitié de ce que d'autres pays pétroliers de la sous région sont en train de réaliser. Dans tous les pays du monde, le signe d'une ville en boom pétrolier ou simplement en reconstruction a toujours été la présence des grues qui surplombent.
Là encore Brazzaville, Pointe-Noire constituent de malheureuses exceptions.
Le problème aujourd'hui est l'analyse des rapports qui existent entre les richesses générées, les investissements réalisés et la réduction de la pauvreté.
Chers frères et soeurs,
A propos du dépôt par le gouvernement des recettes pétrolières supplémentaires dans un compte de stabilisation à la banque centrale,
Il ne s'agit ni d'une innovation ni d'une volonté de transparence dans la gestion des ressources pétrolières. Le compte existe depuis 2000, lorsque pour la deuxième année consécutive, il y eut des excédents sur les recettes pétrolières. Le FMI, à l'instar de ce qui se passait dans les autres pays pétroliers, nous avait proposé d'ouvrir à la banque centrale un compte appelé
« compte de neutralisation des excédents pétroliers ».
Le parlement se battait pour être associé à la gestion de ces importantes recettes, mais en vain. La formule « du chien aboie la caravane passe » prenait le dessus. Si aujourd'hui, on veut associer le parlement et la Cour des comptes, c'est une bonne chose. Pour prouver que cela n'est pas une exigence du FMI, il aurait fallu d'abord que le gouvernement fasse le point sur les excédents antérieurs. Qu’a-t-on fait des excédents depuis l'an 2000 ?
Donnant l'impression de prendre les choses en mains, la SNPC a été créée sur les cendres d'Hydro-Congo. La nouvelle société s'est vue attribuer plus de pouvoirs notamment dans la commercialisation du brut congolais dans le cadre du contrat de partage de production. Les raisons avancées pour la création de la SNPC étaient que nous ne savions pas les quantités de brut que nous vendions ni à quel prix. On ne se contentait que de ce qu'on nous versait.
Aujourd'hui que la SNPC existe, savons-nous les quantités vendues et à quel prix ?
La SNPC et les grands travaux n'ont en fait été institués que pour échapper au contrôle des représentants du peuple. C'est une entorse à la bonne gouvernance et à la transparence dans la gestion de la chose publique. Au travers de la SNPC et des grands travaux, des poches de gaspillage des ressources nationales ont, en toute évidence, été multipliées.
Chers compatriotes,
De 40.000 emplois à créer par année ainsi qu'annoncé dans l'un des discours des tenants du pouvoir, on en crée 30.000 tous les trois ans. Encore faut-il déterminer s'il s'agit des emplois de service, des emplois industriels ou encore des emplois durables ou précaires.
Les emplois créés dans le cadre de la municipalisation cessent avec la célébration de la fête du 15 août ou avec la fin des travaux.
La meilleure façon d'analyser la création des emplois en dehors de la fonction publique, c'est de présenter les statistiques par secteur et par genre d'emploi.
Chers compatriotes,
Comment peut-on continuer de dire que : « la qualité de notre système de santé est pour le gouvernement une préoccupation de tous les instants » et que d'importants investissements sont consacrés à la construction, à la réhabilitation et l'équipement des structures sanitaires, comme l'attestent les acquis du processus de municipalisation accélérée » ?
Alors qu'aujourd'hui, pour de simples ou petites maladies, les Congolais sont évacués en Afrique du Sud, en Afrique de l'Ouest, en France ou même en R.d.C. Encore cette chance n'est donnée qu'à ceux qui détiennent un important pouvoir d'achat. Les plus pauvres sont condamnés à mourir !
Le slogan « Santé pour tous d'ici à l'an 2000 » est parti pour rester lettre morte, jusqu'au-delà de 2020.
Je voudrais que l'on me dise dans quel secteur de la vie nationale. Il y a un mieux-être du peuple.
Je ne refuse pas de voir, et je vois le centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU) qui n'est même plus l'équivalent d'un dispensaire sous la colonisation en ce qui concerne les soins et les médicaments. Le service des urgences n'est même pas doté d'une petite pharmacie pour la prise en charge des cas les plus désespérés.
Chers compatriotes,
Pour réduire de manière significative la pauvreté, il faut non seulement des taux de croissance élevés comme les 7% que nous avons atteint en 2005, mais également des programmes de développement, des budgets ciblés en faveur des populations pauvres et des politiques structurelles et sectorielles bien adaptées. Mais en ce qui concerne notre économie, les 7% de taux de croissance en question ne signifient pas augmentation de la production pétrole et bois.
Depuis 1997 ou 1998, des prélèvements sont opérés sur les recettes pétrolières pour constituer une provision dite pour investissements diversifiés (PID) 5 à 8 milliards de FCFA y sont réservés dans chaque budget. Cette année les prévisions ont été de quatorze milliards huit cent un million (14 801 000 000) de francs CFA, mais cette provision prend des directions inconnues.
L'agriculture déclarée hier priorité des priorités a du mal à décoller. Ce seul secteur où l'Afrique a un avantage comparatif immédiat et qui servirait à combattre la sous-alimentation, est abandonnée à son triste sort. Aujourd'hui nous importons une grande partie de notre alimentation. Nous sommes loin en tout cas très loin des déclamations qui nous ont bouché les oreilles des années durant à savoir : « un peuple qui ne produit pas ce qu'il consomme n'est pas un peuple libre » et « l'autosuffisance d'ici à l'an 2000 ».
Chers compatriotes,
La mauvaise fourniture de l'électricité occasionne de graves accidents parfois mortels et entraîne des dégâts matériels dont personne n'assume la responsabilité. C'est malgré tout dans ces conditions que les tarifs sont augmentés de façon implicite à travers la pose des compteurs d'électricité à Brazzaville et à Pointe-Noire. C'est la seconde augmentation après celle qu'avait entraînée l'incorporation de la taxe audio-visuelle dans les factures d'électricité.
Décidément le pouvoir d'achat du Congolais ne cesse de s'amenuiser !
La construction des forages d'eau qui a fait hier l'enthousiasme des populations des quartiers périphériques de Brazzaville s'est soldée par un échec. L'eau coule une seule fois toutes les semaines. Le spectacle désolant des femmes et des hommes seaux sur la tête, bidons à la main, a repris.
Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
Obligé aujourd'hui de satisfaire aux critères d'éligibilité à l'initiative pays pauvres très endettés (PPTE), notre pays a du mal à réaliser des succès dans les relations avec le FMl, là où des pays très pauvres et non pétroliers l'ont réalisés sans problème alors que l'on sait que les recettes pétrolières jouent un rôle important dans le paiement des arriérés de la dette extérieure, un des principaux critères des programmes avec le FMI.
Le point de décision prévu pour juin 2005 n'a été atteint qu'en avril 2006. Le point d'achèvement prévu pour décembre 2007 ne pourra plus avoir lieu avant 2010 à en croire les experts du FMI. Le gouvernement de la République lui-même sollicite auprès du FMI, la révision du calendrier de l'accord triennal au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) et sa prolongation jusqu'à juin 2008.
Chers compatriotes,
C'est une bonne chose que de construire 1.000 logements sociaux. La vraie question est celle de savoir à qui ces logements seront accessibles. Certainement pas aux plus pauvres qui ne réuniront jamais des dizaines ou des centaines de millions de francs CFA pour les acquérir.
Certaines populations des quartiers périphériques de Brazzaville et d'autres localités du Congo qui par leurs moyens propres ont pu construire des maisons, sont à l'heure actuelle contraints de les voir emportées par des érosions et l'ensablement sans que les pouvoirs publics ne fassent quoique ce soit.
Imaginez donc le sort de ces populations dès octobre prochain avec le début des pluies !
Chers compatriotes,
Pendant que notre université connaît de sérieux problèmes sur tous les plans (infrastructures, télé-communicationnel, didactique, boursiers, etc.), faut-il vraiment parler de ce que : « Notre université recouvre, peu à peu, sa vocation. A travers diverses réalisations... » ?
Depuis près de 10 ans, avec toute la manne pétrolière qui ne cesse d'alimenter nos caisses, l'université n'a pu être modernisé. Aucun campus, aucun lycée, aucune bibliothèque digne de ce nom n'a été construit.
Chers compatriotes,
Depuis des siècles, avant la colonisation, pendant la colonisation et après notre indépendance, le royaume Téké, pour les jeunes générations, le royaume a toujours eu un Roi élu par le collège royal.
Or depuis février 2005, au nom de la spéciale démocratie congolaise, le royaume Téké a deux rois.
Un roi élu dans des conditions traditionnelles normales et un autre nommé et intronisé par le gouvernement de la République, pendant que la Constitution du 20 janvier en son article 22 consacre le respect de l'identité culturelle de chaque citoyen partant de chaque communauté.
Chers compatriotes,
L'analyse secteur par secteur de notre vie nationale montre un tableau sombre contrairement à ce qu'indique le chef de l'Etat.
Ce tableau sombre sur tous les plans suscite la prise de conscience des Congolais de tous bords. C’est ce qui nous avait emmené organiser le conclave de Versailles à Paris. Le présent discours qui entre dans le cadre du suivi des conclusions du conclave de Versailles est l'une des étapes qui nous permettra d'instaurer une démocratie intégrale, gage d'un développement durable bénéfique pour les populations les plus pauvres.
Chers compatriotes,
Dans un pays, lorsque les dirigeants ne savent plus ce qu'est la peur de mal faire, de mal se comporter. Ils s'exposent chaque jour à la vindicte et à la colère du peuple.
Je n'ai jamais, toute ma carrière durant, confondu la chose publique avec la chose personnelle. La limite entre les deux choses m'a toujours paru clair. Aujourd'hui, depuis quelques années, les deux choses semblent confondues comme dans le régime de la communauté des biens à l'état civil.
Aujourd'hui, le Congo est devenu une espèce de casino où les dirigeants, à tous les niveaux, jouent pour gagner de l'argent et avoir pour préoccupation majeure non pas les problèmes du peuple, mais l'acharnement pour l'acquisition des biens matériels.
Mesdames et messieurs, chers compatriotes
L'article 48 de notre Constitution stipule que tout citoyen, élu ou nommé à une haute fonction publique, est tenu de déclarer son patrimoine lors de sa prise de fonctions et à la cessation de celles-ci, conformément à la loi. L'inobservation de cette obligation entraîne la déchéance des fonctions dans les conditions fixées par la loi.
Depuis 2002, on les compte sur le bout des doigts, ceux des responsables élus ou nommés à des hautes fonctions qui ont fait la déclaration de leur patrimoine.
Ainsi va le pays, on vient à la haute fonction, les mains nues, les poches vides, on en sort les mains pleines, les poches bourrées.
Aux chanteurs de louanges, aux prétendus hommes d'État, aux fameux cadres qui saisissent chaque occasion médiatique pour chanter la gloire du pouvoir afin de protéger leurs postes, qu'ils sachent qu'ils sont en train de s'avilir et que le peuple les observe.
Chers compatriotes,
Je ne voudrais pas vous donner ici l'impression d'un monsieur mû par je ne sais par quel sentiment de frustration ou d'acharnement contre une personne.
Je n'ai pas d'état d’âme. Si pendant l'exercice de mes fonctions au sein de la sécurité d'Etat où j’ai passé 12 ans sous le régime du Président Denis SASSOU NGUESSO, j'ai eu à commettre des exactions ou des crimes de tout genre, je suis tout à fait prêt, en tout cas prêt à y répondre devant n'importe quelle juridiction nationale ou internationale.
Le Président Denis SASSOU NGUESSO est un frère. Je m'adresse là non pas au frère, mais au président de la République, chef de l’Etat.
C'est ici dans cette même salle historique, il y a quatre ans qu'il prêtait serment et jurait entre autres de protéger et de respecter le bien public, de consacrer l'intégralité des ressources naturelles au développement de la Nation.
La question que je me pose aujourd'hui est de savoir si le bien public est respecté et si l'intégralité des ressources naturelles est consacrée au développement de la Nation.
Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
Le 23 août 1995, aux fonctions de chef d'état-major particulier avec rang et prérogatives le secrétaire d'Etat, j'ai dû, alors que la Nation allait mal et que .je n'avais pas été écouté par le Président de la République de l'époque, présenté ma démission.
Onze ans après avoir abandonné mes privilèges, je ne suis mort, ni de faim, ni de honte.
J'ai même récolté une certaine gloire pour cet acte ô combien plein de dignité. Et je pense que c'est un exemple à suivre.
Personne n'a le droit de s'imposer au peuple surtout quand le peuple n’y trouve pas son compte.
Quand on n'a plus de solutions aux problèmes des Congolais, i1 faut renoncer à la politique plutôt que de mettre le tort sur ce que sont les Congolais.
Les Congolais qui ont, en neuf ans, tout donné : des trêves, le mutisme, la patience, le plébiscite.
Qu'est-ce qu'ils il ont pas donné ?
Qu'ont-ils récolté en retour ?
Aujourd'hui, toutes les conditions objectives et subjectives sont réunies pour une désobéissance civile malgré les précautions de la Constitution sur mesure de janvier 2002. J'en appelle donc à la maturité et au sens de responsabilité du Chef de l’État pour qu'il redonne au Congo sa chance.
Un adage usuel nous dit qu'il faut savoir quitter les bonnes choses avant qu'elles ne vous quittent. Le destin est têtu et cruel. L'arrogance est un péché.
Quiconque accepte de s'humilier volontairement récolte à coup sûr la gloire.
Monsieur le Président, vous seul détenez la clé pour délivrer les institutions décadentes et le peuple totalement en détresse !
Votre démission sans vouloir vous harceler, me parait aujourd'hui la seule issue salutaire pour sauver le Congo du naufrage.
-Ayez donc pitié, monsieur le président, de ces femmes, de ces hommes, qui chaque jour sont en train se lamenter !
-Ayez donc pitié, monsieur le président, des orphelins et de ces enfants dont les parents n'ont pas assez d'argent pour leur offrir des soins médicaux !
-Ayez donc pitié, monsieur le président, de ces personnes âgées presque laissées pour compte et parfois à la charge hypothétique des familles !
-Ayez donc pitié, monsieur le président, des retraités de la C.N.S.S qui font des trimestres et des trimestres sans percevoir leurs pensions !
-Ayez donc pitié, monsieur le président des veuves des retraitées de la C N SS !
-Ayez donc pitié, monsieur le président, des jeunes diplômés sans emplois dont certains vont bientôt atteindre l'âge de la retraite sans avoir connu ce qu’est un bulletin de salaire !
Avant de terminer mon message, je voudrais louer du haut de cette tribune l'initiative de la mise en place du front pour la commission électorale indépendante.
J'espère que le président de la République, hier candidat potentiel aux élections présidentielles de 1997, qui avait exigé et obtenu du pouvoir de l'époque l'institution d'une telle commission, ne fera pas, une fois de plus, défaut au bon sens.
Pour terminer, j'attire particulièrement l'attention de tous les participants à ce meeting au sortir de cette salle, de prendre toutes les précautions nécessaires afin d'éviter d'éventuelles provocations de tous ceux qui n'ont jamais fini de digérer leur haine, qui attendent des opportunités pour se régler les comptes, ou encore tous ceux qui sont à la recherche d'un prétexte pour interpeller le Général qu'on tente de présenter comme un fauteur de troubles.
Allez donc chez vous, à pied, à vélo, en auto dans la paix de Dieu !
Allez donc chez vous méditer !
Que le seigneur Dieu veille sur le Congo, notre pays et qu'il nous accorde la véritable paix !
Vive le Congo uni ! Vive la paix ! Vive la république !
Je vous remercie.