Pour mesurer ce que vaut vraiment un pays, il faut voir comment on y naît et comment on y meurt, et, entre les deux états, comment on s'y nourrit, comment on s'y soigne, comment on s'y instruit, on y travaille, comment on y vit d'une façon générale. Tout cela vous permet de juger la qualité de son Etat, de ses institutions, de son élite politique, de son environnement voire de ses habitants. Quand l'hôpital ne joue pas bien son rôle de sauver des vies parce que l'on ne trouve pas assez de médecins, de médicaments, de matériel, c'est inquiétant mais quand l'hôpital cesse complètement de fonctionner, c'est grave, très grave.
Soigner les concitoyens est un rôle constitutionnel de tout Etat constitué. Il faut donc que tout soit fait pour que les populations soient soignées correctement. Même à Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, l'hôpital fonctionne ! Au Congo, un pays riche mais paradoxalement ruiné parce que le barbare Denis Sassou Nguesso a tout volé, les hôpitaux publics ferment.
Faute d'être payés, les médecins congolais ont rompu le serment d'Hippocrate en décrétant une grève illimitée qui a provoqué la fermeture du C.H.Tue, le principal hôpital de Brazzaville. Il s'agit d'un hôpital public et non d'un centre hospitalier privé. La responsabilité de l'Etat est donc engagée. Nous avons vu des malades être ramenés chez eux sur des brouettes. Il paraît que tous les enfants prématurés qui y avaient été admis sont morts aux dires de mon cadet Diaf.
Même à Haïti, les hôpitaux fonctionnent ! C'est pourtant un pays très pauvre. Non, ce n'est pas qu'une question d'argent puisque le barbare Denis Sassou Nguesso est capable de mobiliser 100 milliards de francs cfa pour un séjour d'une petite semaine aux Etats-Unis avec une délégation de quarante-quatre personnes - alors qu'il suffit de 32 milliards de francs cfa pour faire fonctionner le C.H.Tue de Brazzaville pendant un an. Quand on sait qu'un milliard de francs cfa, c'est plus de 150 millions de dollars, on comprend vite que pour un séjour d'une petite semaine, cela ne peut s'expliquer sinon par du détournement. Donc si juste un milliard est largement au dessus des besoins d'un petit séjour d'une semaine aux Etats-Unis, Denis Sassou Nguesso aurait pu consacrer le reste, les 99 milliards de francs cfa à payer le personnel du C.H.Tue et à réparer le matériel défectueux en milieu chirurgical. Hélas, Denis Sassou Nguesso fait peu cas des vies des Congolais. Imaginez toutes les femmes qui ne peuvent plus aller accoucher en maternité et qui risquent de perdre leur enfant - si ce n'est leur vie. Combien de gens vont mourir faute de soins parce que Denis Sassou Nguesso, le barbare de l'Alima a tout volé ? Des milliers au quotidien, des dizaines de milliers chaque mois qui finiront par devenir un ou des millions au fil des années.
Les Congolais n'ont pas tous les moyens d'aller se faire soigner en clinique ou au Maroc - encore moins en France. La nécessité d'avoir des hôpitaux de qualité va sans dire et tout Etat qui se respecte y travaille. Hélas, là où même quand il fonctionne l'hôpital ne vous sauve toujours pas, son absence est synonyme de mort assurée, de morts en série. Le monstre de l'Alima le sait et il fait exprès de laisser pourrir la situation. Pourquoi ? Parce qu'il méprise les Congolais et que seul compte son pouvoir, seule importe la conservation de son pouvoir. Que les Congolais meurent comme des mouches, ce n'est pas son problème.
Qu'on ne soit plus capable de manger à sa faim, de se soigner ou de s'instruire dans un pays sans avenir, c'est une situation grave. Et il est incompréhensible que les Congolais ne se révoltent pas face à une telle situation. La fermeture du C.H.Tue n'est que le début de la mort de tout le système hospitalier politique congolais.
Le Congo se meurt. Denis Sassou Nguesso tue à lui tout seul tout un pays dont il vend déjà les terres arables à des étrangers. Pendant combien de temps les Congolais vont-ils se taire et supporter l'insupportable ? La maladie et la mort ne choisissent pas. Nous sommes tous concernés par la fermeture du C.H.Tue qui laissait mourir plus qu'il ne soignait mais quand il fonctionnait, il permettait au moins de retarder la mort. A présent, qu'il est fermé, les Congolais n'ont plus qu'à attendre la mort. Et a ce propos, il paraît que même la morgue du C.H.Tue risque de fermer.
Voilà la conséquence de soutenir aveuglement des barbares, des hommes sans foi ni loi, sans vergogne, des êtres plus bas que des animaux. Nous avions émis des inquiétudes en nous demandant dans quel état Denis Sassou Nguesso nous laissera le pays quand il ne sera plus là. La réponse nous est donnée avant même qu'il ne s'en aille : le Congo n'a plus le contrôle de son destin. Le Congo est ruiné car Sassou a tout volé.
Les mouvements de grève se multiplient. Il faudra bien qu'à un moment ou à un autre qu'il y ait une grève générale illimitée. Certes, les fonctionnaires perçoivent leurs salaires mais jusqu'à quand ? Si Denis Sassou Nguesso se maintient au sommet de l'ethnie-Etat, ce n'est pas juste une question de force mais surtout une question de faiblesse, la nôtre, la faiblesse du peuple congolais qui se laisse mourir - sans rien faire. Un dictateur n'est fort que de la faiblesse d'un peuple...
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU