COMMENTAIRE : Voici un texte qui nous a été envoyé et dont l’original se trouve sur le blog de Serge Berrebi à l’adresse suivante : http://sergeberrebi.over-blog.com/article-chapitre-vi-la-fumisterie-du-declenchement-de-la-guerre-du-5-juin-1997-58408551.html
On apprend qu’en réalité, certains proches de Pascal Lissouba avaient secrètement rejoint Denis Sassou Nguesso avant le déclenchement des hostilités du 5 juin 1997. En effet, on ne se demande toujours pas qui a ordonné l’envoi des militaires à la villa du général Denis Sassou Nguesso pour fournir à ce dernier le prétexte de son coup d'Etat. Il est peu probable que ce soit Pascal Lissouba lui-même. Et je ne serai pas surpris si on m’apprenait que c’est en fait Munari qui en était la commanditaire. En effet, dans cette affaire, tous ceux qui comme Yhombi Opango ont poussé les gris d’orfraie hier, mangent aujourd’hui à la table de Denis Sassou Nguesso - qui n’a pas saisi les 25 millions de francs français que Munari Claudine aurait détournés des comptes de l’Etat congolais. Denis Sassou Nguesso a la réputation de savoir récompenser ceux qui lui rendent service. C’est grave et criminel si c’est vraiment avéré que les membres proches de Pascal Lissouba ont fourni le prétexte de la guerre pour que Denis Sassou Nguesso renverse leur propre camp. Nous apprendrons certainement des choses plus graves. Il suffit d’être patient.
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A mes Amis lecteurs, et aux autres, j'avais annoncé que l'ordre du sommaire pouvait changer.
Voilà qui est fait...
CHAPITRE VI : La fumisterie du déclenchement de la "guerre" du 5 juin 1997
1. Brazzaville 05 juin 1997
Le 5 juin 1997 la France a été toute la journée aux abonnés absents. La passation de service entre Alain Juppé et le nouveau Premier Ministre, Lionel Jospin, ne datait que de l’avant-veille. Des troupes françaises campaient déjà à Brazzaville, mais elles ne recevront jamais l’ordre d’intervenir, même pour protéger des résidents français.
Dès l’aube, des chars ont encerclé la résidence du Général Sassou NGuesso.
Ce sera le prétexte au déclenchement des hostilités qui dureront un peu plus de 4 mois. Brazzaville sera détruite et l’on comptera au moins 40.000 victimes, civiles….
La réponse à la « provocation » de la troupe blindée de l’armée nationale, viendra de la milice du Général Sassou Nguesso, « les Cobras », composée majoritairement par des ethnies du Nord du pays.
Aux premières heures, c’est la Directrice du Cabinet du Président Pascal Lissouba, Madame Munari, qui est aux commandes et elle tient le langage de la fermeté contre le Général Sassou. C’est elle qui répond aux questions des journalistes de l’AFP en ce début de matinée. Sous quels ordres les blindés ont-ils été lancés vers M'Pila ?
Le Président Pascal Lissouba avait été démocratiquement élu, un peu moins de cinq années plus tôt, au cours des seules élections réellement transparentes qu’ait jamais connues la République du Congo. Elles avaient été organisées par le Gouvernement de Transition d'Edouard Milongo. "Le Professeur", comme Lissouba avait été surnommé, affichait un bilan médiocre, plombé par la chute des revenus pétroliers, par l’aggravation de la corruption et par les luttes intestines de son environnement immédiat. Ces dernières firent que des personnes, intimement proches de ce Président, rallièrent secrètement Sassou NGuesso, avant même la tentative de putsch du 5 juin 1997, et aidèrent à son déclenchement.
Très vite les miliciens aguerris du Général Sassou Nguesso prirent le dessus. Ils avancèrent des quartiers Nord, envahirent le centre-ville et vers 10h ils atteignirent les bâtiments du Ministère de la Défense qui n’étaient qu’à 5 mn du Palais Présidentiel.
La ville, ancienne capitale de la France Libre, n’avait connu que quelques destructions. Les victimes de part et d’autre n’étaient que très peu nombreuses. La chute de Lissouba, quasiment seul dans son Palais Présidentiel, n’était alors qu’une question de minutes, pas davantage.
Contre toute attente, la milice de Sassou NGuesso stationna de longues heures au Ministère de la Défense puis recula ses positions dans l’après-midi. On assista à un statu quo qui dura jusqu’à l’arrivée des renforts de la propre milice du Président Lissouba, les « Cocoyes », le lendemain. Fini le "putsch". Sassou Nguesso faisait rentrer le Congo dans une autre dimension, mieux tolérée et acceptée : "la guerre civile !"
Le 05 juin 1997, "la légende" prétend que Sassou Nguesso vers 10heures aurait reçu des appels téléphoniques sur son téléphone satellitaire de deux personnalités, l’une européenne, l’autre africaine ; deux Chefs d’Etat. Tous deux l’avaient sérieusement mis en garde car il allait apparaître comme un « putschiste » et qu’il valait mieux qu’il n’aille pas, ce jour-là, jusqu’au bout…. Sassou Nguesso donna alors l’ordre de reculer avec les conséquences que l’on sait ! Une guerre civile qui aura duré un peu plus de quatre mois et 40.000 morts dans des conditions particulièrement cruelles et barbares !
De bons conseillers en vérité !
Une guerre civile sur laquelle jamais aucune enquête n'a été déclenchée....
2. Madame Munari
Madame Munari, je ne l’avais approchée qu’à quelques reprises et, jusqu’à ce qu’elle devienne la Directrice de Cabinet du Président Lissouba, je ne la connaissais que de vue.
Quelques membres de ce Gouvernement me désignaient faussement comme un « homme » de Sassou NGuesso. Elle n’était pas la dernière à le faire ! Je n’étais pas hostile au Président Lissouba, même si j’avais rencontré beaucoup de difficultés avec son entourage.
En mars 1996, Madame Munari était à l’apogée de son pouvoir. A ce moment-là, j’étais en contact avec un groupe de personnes de la Région Rhône Alpes qui avaient créé la Chambre de Commerce France-Congo. Ils avaient entrepris de prendre un stand à la Foire de Lyon pour promouvoir leurs actions. J’intervenais alors auprès de mes amis et ex-fournisseurs de Mérieux à Lyon (ISA), pour qu’ils reçoivent le Président Lissouba, Docteur ès Sciences en Génétique (l'actuel secrétaire de cette Chambre de Commerce, Monsieur Christophe Jouffroy peut encore en témoigner, ou encore Monsieur Louis Ferrouillat, l'ancien Maire de Saint Marcellin). Ce qui fut fait, en grandes pompes, au siège de Mérieux et dans le grand amphithéâtre des laboratoires par le Docteur Charles Mérieux.
La réception n'avait plus rien à voir avec la modeste présence d’un stand de foire commerciale. Sans qu'il en coûtât un sou pour la mission de préparation, nous avions atteint le grandiose. Lissouba était aux anges. Il invita alors le Président Charles Mérieux à se rendre à Brazzaville ce qu'il fit. (1) Je m’approchai alors de Madame Munari et je lui soufflai que tout cela était mon œuvre. Elle me répondit avec tact : "Fichez-moi la paix, Monsieur Berrebi, je travaille moi !" C’est ainsi que je décidai de reprendre contact avec Sassou NGuesso, qui m’a alors reçu, bon nombre de fois, très cordialement Avenue Rapp. Je l’entends encore me dire : « Ce n’est rien, cinq années perdues, vous récupérerez vos affaires et votre argent...!" J'ai en mémoire quelques bonnes promesses de ce genre, jamais tenues, bien entendu..
(1) C'est de là, qu'il apprit la disparition tragique de son petit fils, Rodolphe Mérieux, passager du vol TWA 447 New -York / Paris. Jacques Chirac, alors Président de la République Française et encore présent à Brazzaville ce jour-là, annonça lui-même la cruelle nouvelle au Docteur Charles Mérieux.
3. TRACFIN et "le compte" de Madame Munari
Janvier – février 1998 Hôtel Napoléon, Avenue Friedland à Paris.
C’était le quartier général de Mathias Dzon, Ministre des Finances de la République du Congo et du Chef de guerre, le Général Sassou Nguesso. La capitale était détruite ainsi que les archives d’ELF Congo, ce qui n’était pas totalement négatif….. Le Congo avait besoin d’argent et j’en avais trouvé un peu sur les comptes de Madame Munari à Paris ! Il y en avait pour près de 25 millions de FF.
Mathias Dzon connaissait parfaitement ma situation et je ne peux dire qu’il ait eu un comportement hostile à mon égard. Les caisses étaient vides et beaucoup de fonds publics s'étaient retrouvés sur les comptes de quelques dirigeants. Je lui proposai alors le marché suivant : en échange de mon aide pour récupérer cet argent, j’exigeai qu’une partie de ma créance soit payée. Il me donna son accord et me confia Monsieur Roger Gossaki, le Directeur de la Caisse Congolaise d’Amortissement, l’organisme centralisateur et payeur de la Dette congolaise. Rendez-vous avait été pris avec Monsieur J.P. XXXXX, le Directeur de TRACFIN. Depuis quelques temps, j’étais en contact avec lui et je l’avais alerté sur les comptes que Madame Munari détenait à la BGC (Banque Générale du Commerce) rue Marbeuf à Paris. Banque aujourd'hui disparue. Les flux qui alimentaient ces comptes pouvaient justifier une intervention si le nouveau régime en manifestait la demande.
Notre entretien avec le patron de TRACFIN, au 23 bis rue de l’Université à Paris (bâtiment depuis vendu au Groupe Carlyle), s’était parfaitement déroulé dans un secteur hautement sécurisé de la Direction Générale des Douanes. Le Directeur de la Caisse Congolaise d'Amortissement était heureux de l'opportunité, que je lui offrais, de récupérer un peu des fonds qui avaient disparu des caisses de l'Etat. La marche à suivre était claire et simple. La République du Congo, meurtrie par une guerre civile, pouvait très rapidement récupérer ces fonds qui avaient été, "semblait-il", détournés. De retour à l'hôtel, nous fîmes aussitôt le rapport au Ministre qui fut extrêmement satisfait. Madame Munari représentait, alors encore pour lui, un des facteurs du déclenchement de la guerre de 1997.
Mathias Dzon devait en parler avec Sassou NGuesso. Lors d'un prochain séjour parisien, deux ou trois semaines plus tard, nous pourrions mettre en œuvre le processus de récupération. Trois semaines s’écoulèrent et ce ne fut pas Mathias Dzon qui m’appela mais le Général Pierre Oba, alors Ministre de l’Intérieur. Il me dit que c’était lui qui s'occuperait du compte de Madame Munari, et il voulait que je l’introduise auprès de TRACFIN et de Monsieur J.P. XXXXX. Cela ne me réjouissait pas, mais j’appelai ce dernier qui refusa : « Monsieur Oba est un ministre étranger. Je ne puis le recevoir, il doit voir son homologue. Monsieur Gossaki avait été reçu, car hiérarchiquement nous sommes au même niveau ! »
La réponse fut transmise et plus jamais je n’entendis parler de cette affaire ni des comptes de Madame Munari.
4. Le cadeau de Sassou Nguesso à Madame Munari au lendemain de la guerre.
Aucune saisie ne fut opérée….
Un pays détruit par une sanglante guerre civile, les besoins ne devaient pas manquer ! Pourquoi ne pas avoir saisi la Justice française en faisant valoir le droit du Congo sur ces fonds ?
Quelle justification et quelles sont les raisons réelles de ce royal cadeau à celle qui était la farouche ennemie de tous les partisans de Sassou Nguesso ?
Une année ou deux s’écoulèrent et Madame Munari, si mes souvenirs sont bons, fut la première personne de « l’opposition » et surtout de ses "Chefs" autorisée à rentrer au Congo. (Elle est maintenant Ministre du Commerce et accompagne Denis Sassou Nguesso dans tous ses voyages).
Alors je compris seulement la fumisterie de la pseudo provocation du 5 juin 1997 et de la cruelle guerre civile qui s’en est suivie !
Près de 40.000 morts ! Et une capitale détruite….
Si cela ne vous suffit pas, lisez la suite !
5. Les fournisseurs de Lissouba payés par Sassou Nguesso
Avril / Mai 1998, je me rends à Tel Aviv pour rencontrer un de mes Avocats qui s'occupe de moi à Washington. Arrivé très tard dans la nuit, tôt le matin je fais les cents pas dans l'hôtel. Le hall est immense et je me trouve face à l'entrée principale. La porte s'ouvre à une trentaine de mètres de moi, un homme avance à grands pas. L'allure est martiale, la personne se tient droite et je réalise soudain que c'est vers moi qu'elle se dirige. Je tourne ma tête à droite, à gauche, pas de doute possible, je suis tout seul dans cette partie de l'hôtel Hilton.
Il n'est plus qu'à quelques mètres de moi, je le reconnais alors, c'est Monsieur X., responsable israélien des services de sécurité de Pascal Lissouba. Nous nous étions rencontrés, une fois, près de deux années plus tôt à Brazzaville. Il me salue à peine et me demande ce que je suis venu faire en Israël. Calmement, je lui réponds que j’avais des affaires à régler à Tel-Aviv. Sans chercher à en savoir plus, il m'informe : "le Congo me doit 8 millions de dollars de matériel que j'ai fourni à Pascal (sic). Pierre Oba m'a dit d'aller en discuter avec lui à Brazzaville pour que l'on règle cette affaire." Stupéfait, je le tutoie aussi : "Si tu vas là-bas tu es courageux !"
Cela était dit sans ironie, ni provocation de ma part. Il éclata alors de rire. Il portait très bien une jeune cinquantaine, c'était un général à la retraite de l'armée israélienne, un héros de la guerre du Kippour. Son regard bleu était plein de malice lorsqu'il lâcha : "si tu crois qu'ils me font peur...!" Sans me saluer, il fit demi-tour, retourna du même pas dans la direction d'où il était venu. Quelques secondes après il était dans la rue de Tel Aviv. Je rejoignis très vite ma chambre pour en informer mon avocat qui s'écria : "ces voyous du Mossad !" Il me donna le conseil que je suivis, sans être inquiet, de ne pas sortir. Il me rappellerait plus tard lorsque tout sera dégagé. Ce qu'il fit une petite demi-heure après. "Ca y est ! C'est arrangé ! Tu peux sortir dehors ! Tu ne risques pas de t'enrhumer, ils viennent de me l'assurer !" me dit-il.
Cet homme a été réglé et personne n'a plus jamais entendu parler de sa créance congolaise....
Pierre Oba et Denis Sassou Nguesso l'avaient payé !
Circonstance absolument unique dans l'histoire des guerres anciennes et contemporaines : "le vainqueur d'un conflit sanglant et meurtrier réglant les dettes d'armement de l'autre camp.... !"
Questions ajoutées le 07/10/10
- Les troupes du Général Sassou Nguesso étaient prêtes et couteaux tirés, celles de Lissouba ne l'étaient pas. Il a fallu une provocation. Qui a rendu ce service et qui en a été récompensé ?
- Le Chef d'Etat européen aurait commencé son intervention téléphonique ainsi : "Denis, arrête cette c........ !" Quel Chef d'Etat européen peut afficher pareille proximité ?
- Le Tribunal de la Haye a vu sa compétence reconnue qu'à partir de 2002. Qui a obtenu que cela soit ainsi, pas 1999 ou 1997 ?